MANIFESTE POUR LA VRAIE DÉMOCRATIE - Etienne Chouard
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clair. On s’acharne à faire fonctionner un système aberrant, parce que l’on<br />
refuse de “trouver le moyen de faire gouverner le peuple” alors que ce<br />
moyen existe depuis 2500 ans !<br />
Bien sûr ce moyen présente le défaut inexcusable et inadmissible<br />
d’éliminer “l’élite” des “élus” professionnels !<br />
La démocratie moderne est devenue un système bâtard de promotion élitiste.<br />
La critique marxiste, plus fondée sur l’économie que sur la politique,<br />
divise le peuple en exploités et exploiteurs, et le pouvoir est récupéré par<br />
une poignée de manipulateurs opportunistes. Une oligarchie des “plus capables<br />
de gouverner” en remplace une autre. Il n’y a que le tirage au sort<br />
qui permette d’échapper à cette logique insupportable. Mon projet politique,<br />
en rompant avec cette logique qui mène toujours à la confiscation du pouvoir<br />
et à sa concentration entre quelques mains, propose le seul moyen, authentiquement<br />
et originellement démocratique, de faire gouverner le peuple,<br />
tout le peuple, et de lui redonner la parole et l’initiative.<br />
Lors du centenaire de la Révolution française en 1889, un auteur, T. Ferneuil,<br />
reflétait l’opinion commune en déclarant que : “ l’ État démocratique<br />
appelle le gouvernement des meilleurs. L’avenir du gouvernement populaire<br />
est subordonné à cette condition expresse que les masses démocratiques<br />
acquerront par l’éducation et la pratique des institutions libres la clairvoyance<br />
nécessaire pour discerner dans leurs rangs les éléments les plus<br />
sains, les plus vivaces et leur conférer le pouvoir.” Justement, aujourd’hui,<br />
les “masses démocratiques” ont suffisamment d’éducation et de clairvoyance<br />
pour exercer elles-mêmes le pouvoir politique.<br />
Le problème, c’est qu’on ne demande pas au peuple ce qu’il veut, mais<br />
qui il veut. Du coup, toute la vie politique est ramenée à une lutte pour le<br />
pouvoir qui sélectionne les “éléments” les moins “sains”, les plus pervers.<br />
Ce ne sont pas “les plus capables” de gouverner qui gouvernent, mais les<br />
plus retors, les plus acharnés, les plus “vivaces”, dans la lutte pour le pouvoir.<br />
La démocratie, née d’une révolte contre l’autocratie, l’aristocratie et la<br />
ploutocratie, les engendre à son tour par le mauvais usage de son propre<br />
principe. C’est là un cycle dont les Anciens eux-mêmes, dans leur lucidité,<br />
affirmaient le caractère inéluctable et qui illustrait, à leurs yeux le mythe de<br />
l’éternel retour.<br />
Mais voilà. Le grand nombre fait peur même aux révolutionnaires les plus<br />
radicaux. Le grand nombre inquiète et a toujours inquiété ceux que<br />
n’intéresse que la conquête du pouvoir. Privé de pouvoir réel, le grand<br />
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