MANIFESTE POUR LA VRAIE DÉMOCRATIE - Etienne Chouard
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Chapitre I :<br />
le déficit démocratique<br />
“La démocratie, d’après l’idée que je m’en fais, devrait assurer au plus<br />
faible les mêmes opportunités qu’au plus fort. Seule la non-violence peut<br />
aboutir à ce but”<br />
Gandhi<br />
À la question fondamentale : “quel type de pouvoir politique convient le<br />
mieux à la démocratie?”, la constitution de 1958 en substitue une autre,<br />
perverse : “ comment faut-il organiser la démocratie pour assurer la solidité<br />
du pouvoir politique ?”.<br />
L’exemple français est presque une caricature, mais la plupart des pays<br />
prétendument démocratiques ne se demandent pas plus que nous quelles<br />
sont les institutions susceptibles de favoriser le plus largement possible la<br />
démocratie. Ils préfèrent toujours des institutions qui renforcent le pouvoir<br />
politique d’une oligarchie au détriment des citoyens auxquels on donne, de<br />
loin en loin, au gré des consultations, un os à ronger électoral. Le procédé<br />
est redoutablement efficace puisqu’il empêche le peuple, chien docile de ses<br />
maîtres, d’aboyer trop fort ou de devenir enragé et de les mordre. Pire : les<br />
maîtres, même s’ils changent de temps en temps, ce qui constitue une suprême<br />
astuce pour satisfaire et endormir le vilain toutou, tirent de l’animal<br />
toute leur légitimité dont ils se parent et qu’ils retournent contre lui pour<br />
mieux le mater.<br />
La constitution de 1958 était taillée sur mesure pour un personnage hors<br />
normes, De Gaulle. Il n’avait en tête que la grandeur de la France et un souverain<br />
mépris pour les politiciens qu’il jugeait responsables de son déclin et<br />
de la défaite en 1940. Il a voulu une constitution axée sur le renforcement<br />
de l’exécutif et l’affaiblissement du “régime des partis” selon son expression<br />
favorite. En comparaison du grand homme, ses successeurs n’ont été<br />
que des pantins et Chirac ne vaut guère mieux que sa marionnette des Guignols.<br />
On en est arrivé, avec la clique des “barons” du gaullisme, à obtenir<br />
l’inverse de ce que voulait De Gaulle : le retour au régime des partis, pire,<br />
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