MANIFESTE POUR LA VRAIE DÉMOCRATIE - Etienne Chouard
MANIFESTE POUR LA VRAIE DÉMOCRATIE - Etienne Chouard
MANIFESTE POUR LA VRAIE DÉMOCRATIE - Etienne Chouard
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
(dans son sens le plus noble) ces personnes authentiquement généreuses et<br />
désintéressées.<br />
Il est par contre certain que chaque individu est plus préoccupé de ses<br />
propres intérêts que de ceux des autres, par conséquent le peuple tout entier<br />
doit conduire lui-même ses propres affaires, plutôt que de s’en remettre aux<br />
soins intéressés d’une minorité qui l’escroque.<br />
Les décisions politiques, dans une vraie démocratie, n’incombent pas aux<br />
prétendus experts mais doivent appartenir à ceux qu’elles concernent, c’està-dire<br />
à tous les citoyens sans exception. Ce principe évident était pratiqué<br />
et appliqué constamment par les Athéniens. Pour Hansen : “Tous les citoyens<br />
étaient censés prendre part, s’ils le voulaient, à la marche de l’État,<br />
mais toujours en amateurs (...) : professionnalisme et démocratie étaient tenus<br />
pour fondamentalement contradictoires.” (La démocratie athénienne à<br />
l’époque de Démosthène). Les Grecs ont toujours voulu “ n’être, au mieux,<br />
gouvernés par personne, ou sinon de l’être à tour de rôle” (Aristote).<br />
Certains m’accuseront d’être un démagogue. Un démagogue flatte le peuple<br />
pour gagner sa faveur et obtenir le pouvoir. Le système que je propose<br />
est le remède définitif de la démagogie, il élimine toute possibilité de manipulation.<br />
Il faut être totalement désintéressé (et je crois l’être assez) pour<br />
proposer un système qui interdit le carriérisme de quelques-uns et restitue le<br />
pouvoir de décider à tous. Je n’ai aucune ambition politique si ce n’est celle<br />
de restaurer la vraie démocratie et de rendre le pouvoir au peuple-citoyen.<br />
D’autres m’accuseront d’être l’initiateur d’un nouveau poujadisme. Si le<br />
poujadisme a consisté à dénoncer une “élite”, à mettre en avant un bon sens<br />
qui ne s’appuyait sur aucune phraséologie, alors je revendique l’étiquette. À<br />
ce compte, Alain était poujadiste et Voltaire tout autant. Rabelais était le<br />
Poujade de la Sorbonne, puis Descartes à la suite et Newton à l’égard des<br />
physiciens de son temps. Ce dernier, un jour qu’on lui demandait s’il avait<br />
lu plusieurs traités dont il ne se souciait guère, répondit : “Si j’avais lu autant<br />
que vous, je serais devenu aussi ignorant que vous.” Quant à Rousseau,<br />
son poujadisme est bien plus radical encore : “J’ai cherché la vérité dans les<br />
livres ; je n’y ai trouvé que le mensonge et l’erreur. J’ai consulté les auteurs<br />
; je n’ai trouvé que des charlatans...” Rousseau affirme que les braves<br />
gens, peu soucieux d’intellectualisme et dépourvus de vocabulaire savant,<br />
“n’en sont que plus propres à saisir le vrai dans toute sa simplicité”. Il leur<br />
trouve autant d’esprit et plus de bon sens que dans les hautes sphères de la<br />
société. Pour Rousseau, la compétence des experts se mesure à leur aptitude<br />
à jeter de la poudre aux yeux. De la philosophie, il pense que le jargon n’a<br />
jamais fait découvrir la moindre vérité, générant au contraire une quantité<br />
121