MANIFESTE POUR LA VRAIE DÉMOCRATIE - Etienne Chouard
MANIFESTE POUR LA VRAIE DÉMOCRATIE - Etienne Chouard
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La démocratie n’est plus une fin en soi. Elle n’est plus qu’un moyen mis<br />
au service du pouvoir, qui lui, devient la fin, qui justifie tous les moyens, y<br />
compris la dénaturation et la destruction de la démocratie.<br />
Plus encore que la constitution de 1958, la réforme du scrutin électoral dès<br />
cette date, est révélatrice de cette ambiguïté. Un système électoral devrait,<br />
en théorie, permettre que la représentation parlementaire reflète au mieux,<br />
dans leurs diversités, les réalités politiques et sociologiques du pays. Que<br />
nenni ! Le scrutin majoritaire d’arrondissement à deux tours qui vient remplacer<br />
en 1958 le scrutin proportionnel départemental, vise à renforcer les<br />
majorités. Si une majorité nette n’existe pas dans le pays, il faut qu’elle<br />
existe nettement à l’Assemblée Nationale. Peu importe si cette Assemblée<br />
n’est pas l’expression la plus juste de la volonté populaire, elle doit avant<br />
tout faciliter l’exercice du pouvoir et être au service du gouvernement. Il<br />
vaut mieux qu’elle soit moins représentative et plus cohérente. On accepte<br />
implicitement le risque qu’elle devienne très cohérente et ne représente plus<br />
la réalité.<br />
Dès 1958, ce nouveau scrutin, véritable escroquerie à la démocratie, ne<br />
donnait que 10 députés aux communistes, soit 2% des sièges avec 19% des<br />
suffrages : neuf fois moins de représentants que le nombre auquel une juste<br />
répartition donnerait droit. La gauche avec 40% des suffrages, n’obtenait<br />
que 70 élus, soit 15% des sièges. Le but était atteint : une majorité massive<br />
s’imposait à l’Assemblée. Seuls, les communistes marginalisés relevèrent,<br />
sans grand écho, cette caricature de “représentation” nationale. Sans compter<br />
le scandaleux charcutage des circonscriptions électorales qui vient encore<br />
amplifier les effets du scrutin majoritaire à deux tours...<br />
En 2002, l’UMP et l’UDF réunissent 50% des suffrages aux législatives et<br />
raflent 70% des sièges à l’Assemblée Nationale. Le Front National, avec un<br />
potentiel de 18% obtenus à la présidentielle, est laminé et n’obtient pas le<br />
moindre député. Les “démocrates”qui se réjouissent de ce résultat devrait<br />
plutôt s’inquiéter : leur démocratie est bien malade.<br />
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