MANIFESTE POUR LA VRAIE DÉMOCRATIE - Etienne Chouard
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mot à dire dans le fonctionnement et la stratégie de l’entreprise. On comprend<br />
bien qu’il est impossible de changer quoi que ce soit dans ces règles<br />
du jeu économiques sans changer d’abord celles qui concernent le jeu purement<br />
politique.<br />
Ainsi, le pouvoir économique monstrueux des multinationales n’est plus<br />
dépendant de la propriété de l’entreprise : il est directement dépendant du<br />
fonctionnement politique du corps social et la pseudo-démocratie actuelle<br />
devient son faire-valoir, son valet, et les politiciens faciles à corrompre, ses<br />
serviteurs zélés.<br />
Ce n’est qu’en commençant par changer les règles du jeu politique que<br />
l’on pourra ensuite changer les règles du jeu économique. Il n’est pas possible<br />
de procéder autrement.<br />
Au colonialisme et à l’impérialisme évidents des États sur des empires et<br />
des pays aux frontières bien définies, s’est insidieusement substitué ou rajouté<br />
le colonialisme et l’impérialisme nouveaux des grandes entreprises<br />
multinationales qui implantent leurs succursales sur toute la planète. Au<br />
nom du marché libre, de la libre concurrence, de la mondialisation, ces multinationales<br />
imposent leurs conditions, dictent leurs lois. La dictature des<br />
marchés, le contrôle et la manipulation des médias, détruisent insidieusement<br />
les fondements culturels et politiques de nos sociétés “démocratiques”<br />
par la déshumanisation et la dislocation des liens sociaux, la soumission et<br />
la corruption des politiciens professionnels. Les démocraties sont tombées<br />
sous la coupe réglée des multinationales et de la grande finance. Elles n’ont<br />
même plus besoin de faire jouer leurs lobbies : elles se sont payé les gouvernements,<br />
ouvertement. Les membres du gouvernement Bush viennent<br />
tous de l’industrie pétrolière et le ministre de l’agriculture vient de Monsanto.<br />
En Italie, le “cavaliere” a fait main basse sur la république et se concocte<br />
des lois sur mesure. Chez nous, le Medef gouverne indirectement avec tout<br />
un gouvernement à sa botte.<br />
Quant à l’Europe, son fonctionnement bureaucratique et technocratique la<br />
positionne à des années-lumière des citoyens. Heureusement, le projet giscardien<br />
de constitution qui voulait pétrifier dans le marbre institutionnel les<br />
valeurs perverses du néolibéralisme et de la pseudo-démocratie, a été rejeté<br />
par une large majorité de citoyens français et hollandais. Mais ils n’ont pas<br />
abandonné et ils reviendront à la charge. Il faut leur opposer le seul projet<br />
qui puisse tenir le choc : celui de la vraie démocratie.<br />
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