MANIFESTE POUR LA VRAIE DÉMOCRATIE - Etienne Chouard
MANIFESTE POUR LA VRAIE DÉMOCRATIE - Etienne Chouard
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qui a conduit directement à la nomenklatura (élite politique) et au goulag.<br />
Cette démocratie libérale qui proclamait haut et fort la liberté et l’égalité<br />
des droits, s’est très longtemps accommodée du suffrage censitaire. Actuellement<br />
et depuis longtemps, elle s’accommode très bien des dictatures<br />
qu’elle contribue largement à mettre en place ou à perpétuer.<br />
On voit bien qu’elle s’est construite autour de l’idée prioritaire de la liberté,<br />
le principe de l’égalité étant secondaire et plutôt gênant pour l’élite privilégiée<br />
au pouvoir. C’est évidemment une aberration révélatrice d’un vice<br />
dans le raisonnement. Si la démocratie est le gouvernement du peuple par le<br />
peuple, le peuple est formé de citoyens. Qu’est-ce qui distingue un citoyen<br />
d’un autre citoyen ? Rien ! Car la notion même de citoyen implique qu’un<br />
citoyen est égal à un autre sur le plan des droits politiques et la qualité de<br />
citoyen est d’être un individu politique participant du peuple. Le peuple se<br />
définit comme le titulaire de la souveraineté. Le citoyen détient une parcelle<br />
de cette souveraineté. Chaque citoyen étant identique, chacun détient la<br />
même parcelle de souveraineté. Or, le suffrage censitaire introduit une inégalité<br />
politique entre les citoyens : certains citoyens sont privés de la liberté<br />
d’exprimer leur part de souveraineté. Ce n’est plus la démocratie.<br />
Le suffrage universel ne change rien à l’affaire. Il constitue un alibi hypocrite<br />
pour légitimer plus largement une oligarchie bien en place. Il fabrique<br />
de toutes pièces un précipice monstrueux entre un pouvoir politique,<br />
concentré aux mains d’une poignée d’élus installés dans une quasipermanence,<br />
et l’illusion d’un pouvoir politique chichement accordé à presque<br />
tous, au gré de rarissimes consultations électorales dont l’objectif est la<br />
désignation de parfaits inconnus censés être les meilleurs. On croit rêver.<br />
Répétons-le : le principe d’égalité des citoyens signifie qu’un citoyen a les<br />
mêmes droits politiques qu’un autre. Il ne supporte pas d’être réduit et trahi<br />
par le faux principe : “un homme, une voix”. Cette voix n’a plus qu’un<br />
droit, celui de se taire pour laisser la parole aux seuls élus. Cette voie n’est<br />
pas celle de la vraie démocratie.<br />
Il est évident que le principe d’égalité doit précéder celui de liberté pour<br />
que la démocratie soit réelle. Le suffrage universel rétablit le principe de<br />
l’égalité politique au moins en apparence. Mais le système de la votation<br />
instaure, de fait, une inégalité politique structurelle entre le citoyen qui délègue<br />
sa souveraineté et l’élu qui l’accumule. D’autant plus que l’élu devient<br />
un élu professionnel.<br />
À l’inverse, le système du tirage au sort est, dans son principe, rigoureusement<br />
égalitaire. Il redonne toute son importance au citoyen et au peuple<br />
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