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L’ARTILLERIE DE GENÈVE EN 1602 L’ARTILLERIE DE GENÈVE EN 1602<br />
coups, sans dommage pour les <strong>Genevois</strong>, il rebrousse chemin.<br />
A ce propos, alors que les combats diminuent peu à peu aux alentours de la cité,<br />
certains ne perdent pas des yeux leur si précieuse artillerie. Nous trouvons ainsi une<br />
missive, en provenance de Lausanne, qui, le 15 avril 1592, prie Messieurs de Genève<br />
de lui rendre la bouche à feu qui lui appartient, - pièce moyenne de 3½ livres de<br />
calibre (109) ; il s’agit en fait de l’une des deux pièces enlevées aux Bernois par les<br />
savoyards, quatre ans auparavant, en juin 1589 -, et qui a été conquise par les troupes<br />
genevoises au fort de la Cluse (110) .<br />
Cette lettre est bien un élément supplémentaire soulignant l’importance que peut<br />
représenter un parc d’artillerie à cette époque. Il en est bien évidemment de même<br />
pour Genève, qui inventorie son propre matériel, en janvier 1594, huit mois avant la<br />
fin des hostilités, et six ans avant qu’elle n’hérite des bouches à feu du terrible et<br />
puissant fort Sainte-Catherine. En effet, l’imposant fort de Sonvy, nommé Sainte-<br />
Catherine en l’honneur de la duchesse de Savoie, de forme pentagonale, -trente<br />
bouches à feu garnissant ses cinq bastions et entouré d’un fossé -, domine la colline<br />
méridionale du village de Sonvy (111) , à deux lieues de Genève. Surplombant toute la<br />
région, il permet au Duc, et surtout à sa garnison, portée à 600 hommes, de contrôler<br />
et verrouiller, onze ans durant, les mouvements des <strong>Genevois</strong> du côté du midi.<br />
En 1599, alors que Charles-Emmanuel attend de pouvoir s’en prendre à Genève, il<br />
ordonne que l’on renforce le fort. Il sait, en effet, cet emplacement stratégique et,<br />
prévoyant peut-être déjà quelque conflit avec Henry IV, conforte ses positions. Il<br />
n’aura pas à attendre longtemps car, après le traité de Paris qu’il a conclu avec le roi<br />
de France, en février 1600, il est bien conscient qu’Henry IV attend le retour du<br />
marquisat de Saluces dans le giron du royaume, ou la venue de la Bresse. Ses<br />
craintes seront fondées puisque le 1er août 1600, le Roi entre en guerre contre lui.<br />
Le fort Sainte-Catherine, considéré comme l’une des pièces maîtresses de<br />
l’échiquier tactique, tant par la Savoie que par la France, Genève et Berne, est alors,<br />
dès le début des opérations militaires, mis en état d’alerte. Il n’est certes plus garni<br />
de ses trente bouches à feu, mais il reste bien redoutable et les <strong>Genevois</strong> n’auront de<br />
cesse de le rappeler au bon souvenir du roi de France, afin que ce dernier le fasse<br />
détruire, de fond en comble, en souvenir des liens d’amitié liant la Couronne à la<br />
Seigneurie.<br />
Dès lors, le Béarnais, -surnom du roi Henry IV -, prend contact avec Genève afin de<br />
connaître la détermination de la République. Pour ce faire, et par l’intermédiaire de<br />
SULLY, il charge, en 1600, François de CHAPEAUROUGE de demander à ses<br />
compatriotes genevois de lui fournir canons et munitions pour le siège de Sainte-<br />
Catherine. Alors que le Roi est arrivé à Grenoble le 6 août, c’est au début du mois<br />
d’octobre 1600 que l’étau est prêt à se refermer autour de Sainte-Catherine. En effet,<br />
les premières troupes françaises destinées à commencer le blocus du fort arrivent à<br />
Chêne, elles sont suivies de loin par l’imposante artillerie d’Henry IV, menée par<br />
SULLY, composée d’une cinquantaine de pièces (112) . HARLAY de SANCY vient<br />
demander également deux pièces de canons à la ville alors que la garnison du fort<br />
tente quelques sorties sans suite.<br />
18 Le Brécaillon<br />
Le fort Sainte-Catherine en 1600, par Claude Châtillon, topographe d’Henry IV.<br />
BPU, Coll. iconographique. Il ne faut pas confondre ce fort avec un autre,<br />
homonyme mais de forme différente, qui n’a rien à voir avec Sonvy et dont la<br />
description existe encore aux Archives de Turin.<br />
Le 3 novembre, HARLAY de SANCY réitère sa demande d’artillerie à Genève et<br />
écrit à cet effet: «Magnifiques seigneurs. Il se présente un moyen pour nous delivrer<br />
bien tost de ce fort sans faire icy plus grandes forces (…) Vous avez en votre Arsenal<br />
tout ce qui nous faict besoing pour cest effect (…) je vous supplie nous en vouloir<br />
accommoder et mesures de deux ou trois pièces de campagne» (113) . Genève s’exécute<br />
alors, car le 16 du même mois, il reconnaît avoir reçu deux Dimanches, qu’il qualifie<br />
de petites pièces d’artillerie, avec 150 balles (114) et six arquebuses à croc (115) .<br />
Le 22 novembre, enfin, Henry IV arrive en vue du fort avec le gros de ses troupes et<br />
monte son camp à l’Eluiset. Il y recevra une délégation de Genève, - composée de<br />
Michel ROSET, Dominique CHABREY, Jean SAVION et Jacques LECT -, puis son<br />
ami Théodore de BEZE, lequel va l’enjoindre de tenir sa promesse de réduire en un<br />
informe tas de cailloux ce satané fort. A quoi Henry IV répond, selon SPON: «Je<br />
sçay ce que vous desirez le plus de moy, c’est la demolition du Fort Sainte-Catherine<br />
qui vous tient au coeur. Bien des gens me veulent persuader de n’en rien faire, mais<br />
je voy bien c’est par un motif d’envie, aussi n’y auray je aucun esgard. Je veux faire<br />
pour vous tout ce qui vous accommode. Le Fort Sainte-Catherine sera demoly, &<br />
Le Brécaillon<br />
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