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1848: LA LÉGION HELVÉTIQUE ROMANDE 1848: LA LÉGION HELVÉTIQUE ROMANDE<br />

Milanais qui sont ici se repentent de ce choix, et je crois que les exigences<br />

pécuniaires de Rilliet ( qui serait général en chef) ne leur conviennent pas. Il faut<br />

pousser notre affaire et organiser une première compagnie pour la faire partir. Je<br />

compte être de retour à Lausanne dimanche au plus tard lundi. Votre dévoué Jules<br />

Eytel (62) »<br />

Une courte note retrouvée dans le dossier O 1177 conforte les affirmations<br />

milanaises. Son auteur anonyme (63) n’est pas semble-t-il un ami de Rillet et de<br />

Luvini, dont il souligne avec une ironie mordante l’échec à Airolo pendant le<br />

Sonderbund: «Par d’infernales manoeuvres un colonel fédéral bien connu à Airolo<br />

et qui se trouve ici intrigue pour placer un autre colonel fédéral de Genève à la place<br />

du général Allamandi qui jouit de l’affection, de l’estime et de la considération de<br />

tous. Ses intrigues sont heureusement aujourd’hui démasquées, mais elles ont coulé<br />

les deux colonels en question qui sont méprisés et conspués par l’opinion publique.»<br />

La solution proposée aux différents problèmes que le comité affronte est toujours la<br />

même, la fuite en avant. Que Lecomte à Lausanne et que Borgeaud à Milan se<br />

hâtent! il faut envoyer un premier détachement.<br />

Borgeaud s’est hâté mais le sort lui a été contraire. Il arrive à Milan le 19 avril et n’y<br />

trouve pas d’abord l’accueil qu’il escomptait. Il s’en ouvre le lendemain à son ancien<br />

condisciple: «Mon cher, Je suis à Milan depuis hier seulement, la mauvaise route du<br />

Saint Gothard m’ayant retardé d’un jour;» il a eu de la peine à trouver l’émissaire<br />

du comité dont il ignorait l’adresse «c’est seulement aujourd’hui que je suis parvenu<br />

à découvrir De Boni en lui écrivant poste restante. Aujourd’hui je devais<br />

m’entretenir avec le secrétaire général du gouvernement provisoire mais mon<br />

entrevue est remise à demain matin, je dois aussi voir demain Mr. Massini (sic pour<br />

Mazzini) le chef de la jeune Italie, vous comprenez que avant d’entrer en<br />

négociation avec le gouvernement, il est nécessaire que je fasse une reconnaissance<br />

préalable du terrain afin de me diriger dans la conversation sur les points épineux.»<br />

La recommandation de Mazzini n’est sans doute pas, à ce moment la meilleure<br />

possible! Borgeaud n’a pas l’air de le savoir. Il est aussi très heureux du refus opposé<br />

par la Confédération au roi du Piémont-Sardaigne: «M. Eytel vous a sans doute écrit<br />

depuis Berne, vous connaissez les résultats du vote de la Diète sur l’alliance<br />

proposée par le roi Charles-Albert. C’est tout ce qui pouvait arriver de plus heureux<br />

pour notre affaire...» Il affirme avoir depuis son arrivée à Milan «sondé le terrain de<br />

tout côté, sans parler de ma mission s’entend et j’ai trouvé partout deux opinions<br />

assez bien tranchées, les uns s’arrangeraient d’une intervention française ou suisse<br />

et sur la forme du gouvernement s’arrangeraient d’une monarchie constitutionnelle,<br />

les autres plus jaloux de l’honneur national veulent vaincre par leurs armes et<br />

demandent la république...» Il a choisi son camp, celui des républicains. «C’est sur<br />

ce parti que nous devons nous appuyer, sans toutefois faire pour le moment aucune<br />

espèce de propagande car nous devons être prudents comme le serpent. (64) »<br />

Il ne reste qu’à travailler dur! C’est le moment! «Je pense que vous avez organisé<br />

des bureaux d’inscription pour les volontaires et que vous continuez à travailler<br />

88 Le Brécaillon<br />

l’opinion publique par la voix du Nouvelliste, je vous engage à hausser ferme car<br />

c’est le moment, dans trois ou quatre jours j’aurais terminé ici et je ne doute<br />

nullement de l’entière réussite de ma négociation, tout depuis que je suis à Milan<br />

dépasse mes prévisions, il ne nous faut plus qu’une chose, du travail et une grande<br />

prudence. Adieu mon cher Constant Borgeaud, mon adresse poste restante Milan<br />

(écrivez-moi).»<br />

À Lausanne où Jules Eytel rentre le 23 avril, Lecomte suit les judicieux conseils de<br />

Borgeaud. Il se démène et attend de ses nouvelles. Elles tardent un peu car, à Milan,<br />

l’envoyé du comité rencontre bien des difficultés, que signale l’un des<br />

correspondants occasionnels du Nouvelliste, le commerçant morgien Samuel Aubin,<br />

un homme qui a des relations, qui est bien informé et dont le jugement est sûr. Aubin<br />

envoie de Milan le 24 avril un récit circonstancié des malheurs de la mission de<br />

Borgeaud: «Mon cher Monsieur, Après un séjour de deux jours au milieu des neiges<br />

du Simplon, je suis enfin arrivé ici hier après-midi. Il était jour de Pâques et je n’ai<br />

pu voir personne, mais Luvini étant parti pour le Tessin, votre lettre n’a pas<br />

conséquemment pu lui être remise: On m’a dit qu’il reviendrait demain au soir, s’il<br />

en est ainsi, je le verrai encore (65) . Aujourd’hui, quoique soir de fêtes, j’ai pu<br />

remettre à un banquier une lettre de recommandation que j’avais... mais il ne m’a<br />

pas été possible de voir encore les membres du gouvernement provisoire pour mon<br />

affaire, ce que je puis vous dire c’est que j’espère qu’elle réussira. Après 24 heures<br />

de recherches, j’ai enfin pu découvrir M. Ph. de Boni et ensuite Borgeaud que je<br />

tenais à voir, je viens de passer un moment avec lui et je l’attends à 5 heures pour<br />

dîner. Il m’a appris ce que je savais depuis 3 jours c’est que le gouvernement<br />

provisoire se trouvant composé d’anciennes familles riches et nobles ne veut pas la<br />

République sauf une faible minorité qui la souhaite, mais la grande majorité veut se<br />

mettre sous la griffe de Charles-Albert, qui à ce qu’il paraît ne s’est pas mis en<br />

campagne pour rien mais ayant son but prévisible» .<br />

Aubin n’analyse donc pas la situation très différemment de Borgeaud mais il en tire<br />

des conclusions plus fines et assez pessimistes. Borgeaud était porteur d’un projet de<br />

convention très détaillé et ses instructions, nous l’avons vu, étaient précises. Les<br />

Lombards ont pratiqué, estime Aubin, l’obstruction systématique: «Dans cette<br />

position vous devez comprendre que les ouvertures de Borgeaud n’ont pas été<br />

accueillies comme il pouvait s’y attendre et qu’on lui a fait mille objections, soit sur<br />

la paye, soit sur la durée du service: on lui dira que si on payait les auxiliaires plus<br />

que les nationaux, ceux ci auraient lieu de se plaindre, que d’un autre coté on savait<br />

que la Suisse n’ayant d’armée sur pieds que momentanément, elle pouvait allouer<br />

une plus forte somme à ses troupes que les états qui avaient une armée permanente,<br />

mais qu’ici on ne pouvait faire le même sacrifice pour la raison susmentionnée».<br />

Visiblement les Lombards se méfient de ses républicains suisses, Aubin en apporte<br />

une preuve en passant, si le contingent suisse était plus faible que la brigade prévue,<br />

il n’y aurait pas de problème: «Enfin si la Suisse pouvait fournir en corps que 500 à<br />

600 carabiniers on souscrirait à toutes les conditions qui pourraient être faites.» Il<br />

Le Brécaillon<br />

89

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