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PINON L’HOMME-AUX-CANONS PINON L’HOMME-AUX-CANONS<br />

chez le conseiller Calandrini pour lui<br />

faire son rapport, il va prendre les ordres<br />

du Conseil, il dresse l’inventaire de ce<br />

qui reste à l’arsenal, il fait son bagage, il<br />

embrasse sa femme et ses filles et, le<br />

mardi 17 à midi, il quitte Genève pour la<br />

Suisse.<br />

La poursuite commence<br />

Une telle hâte s’explique par le fait qu’il<br />

croit pouvoir rattraper «ses» canons<br />

quelque part en Suisse. A la nuit<br />

tombante, il arrive à Ouchy. Dans les<br />

bureaux de la maison Delessert, Will et<br />

Cie., on l’informe que si tout le matériel<br />

d’artillerie se trouve là, les canons, eux,<br />

ont été envoyés à Brugg, via Soleure.<br />

Pinon remonte en voiture. A trois heures<br />

et demie du matin, il est à Payerne, à 7<br />

heures à Berne, où il s’arrête un moment<br />

pour souffler. Le mercredi 18 mai, à huit<br />

heures du soir, il arrive à Aarburg. Le<br />

jeudi 19, à trois heures du matin, il est à<br />

Brugg. Après un bref repos, il va aux<br />

nouvelles et apprend que les canons ont<br />

été dirigés sur Schaffhouse. Il franchit le<br />

Rhin, arrive à Coblentz et a l’agréable<br />

surprise de voir, alignés sur la berge, dix<br />

pièces dont neuf portent les armes de la<br />

République. Sans perdre une seconde, il gagne Waldshut pour présenter au<br />

commandant autrichien l’ordre l’autorisant à récupérer les pièces. Puis il revient à<br />

Coblentz et organise, avec une maison de transport, le rapatriement des pièces<br />

jusqu’à Brugg.<br />

De retour à Schaffhouse, il découvre, sur la place d’armes, bien alignés, canons,<br />

mortiers, pierriers. Inventaire en main, il constate que 8 Canons de 8 ½, 7 de 11, 3<br />

de 11 sont d’origine genevoise. (17) Colonel Joseph Pinon, 1775-1839<br />

Avec les canons de Coblenz, ceux restés à Brugg<br />

et quatre transportés à Ulm, le compte y est.<br />

Vingt manquent encore, qu’il convient de récupérer absolument. Toutefois, les<br />

responsables militaires autrichiens ne veulent pas reconnaître l’ordre de Colloredo.<br />

Il n’est que chef de corps d’armée et c’est l’autorisation du chef suprême de l’armée,<br />

le prince de Schwarzenberg, qu’ils exigent. Par les gazettes, Pinon apprend que S.M.<br />

l’empereur devrait arriver à Bâle vers le 29. Il décide donc de gagner la cité rhénane,<br />

après avoir obtenu l’assurance que ses canons resteraient provisoirement à<br />

Schaffhouse et ne seraient pas dirigés sur Ulm.<br />

54 Le Brécaillon<br />

Interlude bâlois<br />

Le 26 mai, après 14 heures de route, il arrive à Bâle dans la soirée. Mais dans la cité,<br />

qui fourmille d’Autrichiens, aucun d’entre eux n’est à même de lui dire où se trouve<br />

l’empereur et le quartier général. Pendant deux jours, il ronge son frein puis décide<br />

d’aller se renseigner à Belfort. Là, il obtient la confirmation de la venue à Bâle du<br />

souverain. De retour dans cette ville, il y retrouve le comte de Colloredo, dîne deux<br />

fois avec lui chez le banquier Passavant, qui le prend sous son aile. Le général lui<br />

promet de régler le plus rapidement possible la question des canons mais, pour des<br />

raisons peu claires, il change bientôt d’avis.<br />

Le 6 juin, vers 4 heures du soir, l’empereur arrive à Bâle. Pinon essaye d’obtenir une<br />

audience, mais en vain car d’innombrables délégations font le siège du souverain.<br />

Celui-ci est logé dans la somptueuse maison de M. Vischer qui, connaissant<br />

l’histoire de Pinon, intervient en sa faveur auprès du monarque . «Il y a assez de<br />

canon pour tout le monde» répond-il (18) et de toute manière, il faut attendre le prince<br />

de Lichtenstein pour décider. Mais le prince est parti pour Prague, sans passer par<br />

Bâle. Colleredo signale à Pinon que le directeur de l’artillerie, le baron de Reisner,<br />

qui se trouve à Loerrach pour le moment, est un homme influent, capable de faire<br />

avancer son affaire. Donc, départ immédiat pour Loerrach. Arrivé sur place, il<br />

apprend que le baron a passé par là il y a deux jours et qu’il a pris le route d’Ulm.<br />

Retour piteux, à Bâle. Tout autre se serait<br />

résigné sauf Pinon, qui sait qu’il est là<br />

pour mener à bien une mission officielle,<br />

qu’il doit à Genève la restitution de ses<br />

canons bien aimés. Il va donc changer de<br />

tactique. Bâle étant devenu le passage de<br />

toutes les Altesses et de toutes les<br />

Excellences autrichiennes, il décide d’en<br />

guetter une capable de faire avancer son<br />

affaire. Cette tactique va s’avérer<br />

payante et l’homme idoine apparaît le 13<br />

juin au soir sous la forme du général de<br />

cavalerie (19) et prince héréditaire de<br />

Hesse-Hombourg, qui lui aussi avait<br />

traversé la Suisse avec ses colonnes et<br />

avait reçu à Genève un accueil<br />

chaleureux, qu’il n’avait pas oublié. Il<br />

assure Pinon de ses bons sentiments et<br />

promet d’intervenir personnellement à<br />

Vienne. Mais lui aussi ne fait que passer<br />

et il est remplacé par le lieutenantgénéral<br />

baron de Prohaska, qui est d’une<br />

autre étoffe et qui, pour une raison<br />

obscure, est prévenu contre Genève et les<br />

<strong>Genevois</strong>, refusant d’accorder une<br />

Le comte de Colloredo<br />

Le Brécaillon<br />

55

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