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L’ARTILLERIE DE GENÈVE EN 1602 L’ARTILLERIE DE GENÈVE EN 1602<br />

chaque émolument versé par les bourgeois nouvellement créés. Des sommes ainsi<br />

économisées, par année, il est décidé que «soient achetées ou faict à fere une ou deux<br />

pièces d’artillerie, armées des armes de la ville, affin que par succession de temps<br />

es forteresses commencées l’on puisse furnir deuement ce qui appertient» (9) . En juin<br />

1506, la Seigneurie ordonne la fabrication de deux pièces d’artillerie, payées 18<br />

florins et 6 sous, le 21 août suivant (10) .<br />

En 1514, Genève fait l’acquisition, pour une somme de 1’125 florins et 3 sous (11)<br />

versée aux héritiers de Jean Aimée BONNIVARD, prieur de Saint-Victor (12) , de<br />

quatre grandes couleuvrines (13) faites de métal de cloche que ce dernier avait fait<br />

couler, en 1497, pour combattre le baron de VIRY (14) . Les héritiers voulant s’en tenir<br />

aux dernières volontés du prieur, qui désirait voir ces canons brisés et transformés en<br />

cloches pour Saint-Victor, les Syndics leur envoient un docteur en théologie, qui,<br />

tout en leur promettant que des cloches seraient bien fondues (15) , les convainc de<br />

donner ces pièces au prétexte qu’elles doivent servir à la défense de la ville, celle-ci<br />

étant terre d’Eglise. Ainsi, près de soixante ans après Zurich ou Soleure, Genève<br />

développe à son tour sa première (16) artillerie de bronze (17) .<br />

Nous noterons aussi que quelque temps après, on ordonne, le 27 janvier 1529, de<br />

faire fondre vingt arquebuses à croc (18) et «de prendre pour cela les mortiers des<br />

apothicaires et autres matières qu’on trouvera» (19) . Par la suite, en 1533, sept ans<br />

après que la confrérie de Sainte-Barbe ait offert deux canons à la Seigneurie, un<br />

inventaire de l’artillerie renfermée dans la tour de la Maison de Ville, en 1531,<br />

mentionne, outre une grande quantité de boulets en pierre ou en plomb de divers<br />

calibres, un gros veuglaire, deux pierriers (20) , un carthaune ou gros canon, un gros<br />

faucon, quatorze pétards ainsi que cinquante et une couleuvrines (21) .<br />

La ville connaît alors de violents troubles religieux et l’artillerie est utilisée dans des<br />

escarmouches intra-muros. Ainsi, le 28 mars 1533, les annalistes de l’époque relatent<br />

que les prêtres et chanoines en armes, -près de sept cents, selon Michel ROSET -, se<br />

rassemblent au Molard avec leurs partisans. Armés d’artillerie, ils vont ensuite<br />

assiéger la maison de Baudichon de la MAISONNEUVE, chez qui les Evangélistes<br />

luthériens ont coutume de se rassembler. L’année suivante, en décembre 1534, le duc<br />

de SAVOIE fait amener son artillerie de Chambéry devant Genève. La région<br />

s’embrase alors et l’on commence à entendre parler de l’artillerie de la Seigneurie<br />

genevoise.<br />

Ainsi, le 5 mai 1535, veille de l’Ascension, à 11 heures du soir, les <strong>Genevois</strong> sortent<br />

en nombre et investissent le Mandement. Cinq cents hommes amenant avec eux sept<br />

pièces d’artillerie, autant de siège que de campagne, des munitions et des échelles,<br />

s’en vont assiéger le château de Peney où se sont réfugiés des aventuriers qui battent<br />

la campagne autour 3<br />

de la cité genevoise et que l’on nomme alors les traîtres de Peney ou Peneysans. Le<br />

lendemain, tout ce monde regagne Genève, ramenant l’artillerie, dont l’une des<br />

grosses pièces s’est rompue à son premier coup durant cette tentative infructueuse,<br />

et délaissant ainsi le château.<br />

Le mercredi 7 juillet de la même année, François ESPAULE, dit le Bossu, garde de<br />

la tour située vers le Collège et citoyen de Genève, convaincu d’avoir voulu, à<br />

6 Le Brécaillon<br />

l’instigation du prêtre Jean LEVRAT, livrer la ville à l’ennemi, laissant l’artillerie<br />

non chargée et sans munition au moment de l’approche par bateau de ce dernier, est<br />

condamné «à avoir la teste tranchée & -la dépouille - mise en 4 quartiers en la place<br />

du Molard & lesdits quartiers attachés es lieux plus apparents dans les franchises<br />

de Genève pour donner exemple aux autres» (22) .<br />

Trois mois plus tard, le 11 octobre 1535, attendant des secours de Neuchâtel, lesquels<br />

n’atteindront jamais la ville, renvoyés chez eux par les ambassadeurs bernois, les<br />

<strong>Genevois</strong> font sortir cinq cents hommes et, selon les sources, six ou huit pièces<br />

d’artillerie, pour aller à leur rencontre. Au même moment, des troupes ennemies sont<br />

levées pour s’en prendre à la ville, mais, craignant l’artillerie de la place, ces<br />

dernières n’osent attaquer. Peu de temps après, le 14 décembre, quatre cents hommes<br />

et quatre bouches à feu sortent prêter assistance au secours français, commandé par<br />

le capitaine de VERAY, bloqué à Saint-Claude par les Savoyards. Puis, le 5 février<br />

1536, les Bernois qui envahissent le pays de Gex et le Chablais accompagnés des<br />

cavaliers et de l’artillerie de Genève (23) s’en prennent au fort de la Cluse, -fort<br />

l‘Ecluse -. Le 20 mars suivant, enfin, Genève envoie quatre bateaux transportant de<br />

l’artillerie et 100 arquebusiers pour aider les Bernois dans leur siège du château de<br />

Chillon. Tous ces bruits de guerre, toutes ces menaces inquiètent la Seigneurie à un<br />

tel point (24) qu’en 1537, déjà, elle ordonne de faire couler de l’artillerie en faisant<br />

fondre toutes les cloches inutiles dans la ville; cinq canons seront ainsi coulés (25) , le<br />

12 décembre 1539 (26) .<br />

Entre 1541 et 1558, la République ordonne la fonte de plus de quarante-quatre<br />

bouches à feu (27) , dont l’une pèse 3’000 livres de Genève (28) , les douze Dimanches<br />

(29) , douze autres bouches à feu qui pèsent 600 livres de Genève (30) chacune et que l’on<br />

nomme les Signes (31) , en l’honneur des douze signes du zodiaque, -en latin<br />

Capricornus, Piscis, Gemini, Virgo, Cancer, Scorpio, Sagittarius, Taurus, Libra,<br />

Leo, Aries et Aquarius -, ou encore deux grosses pièces coulées le 26 septembre<br />

1558. Diego UFANO, capitaine de l’artillerie au château d’Anvers, vers 1615, nous<br />

donne, à ce propos, une description des noms donnés aux pièces, par les anciens, -<br />

l’usage remonte au début du XVe siècle -, selon leurs calibres: «Quand donc aux<br />

noms, ils les leur ont imposez selon leurs effects, prenants tousiours la similitude des<br />

bestes les plus cruelles & dangereuses, comme dragons, basiliques, couleuvres,<br />

serpens, & oyseaux de proye, les plus violents qu’ils ses sont peu imaginer, comme<br />

sacres, faucons & autres semblables».<br />

Il existe encore de nombreuses autres appellations, notamment: mitaine, courtisanes,<br />

dragon volant, bourse, paresseuse, diablesse, chien d’Orléan, douze Apôtres, aspic,<br />

brise-mur, suffisant, ou encore les mois de l’année, les animaux, les figures des jeux<br />

de cartes, des objets et personnages divers, -Genève aura aussi une Pantoufle et une<br />

Brute -, et même, les artilleurs ne manquant pas d’humour, le réveil-matin!<br />

Le 26 juillet 1555, également, le Conseil, dans une série de mesures visant à la<br />

défense de la République, arrête qu’il appartiendra aussi au sieur de l’ARCHE (32) ,<br />

capitaine du boulevard de l’Oie, d’avoir la charge de «la plateforme de dernier la<br />

maison de la ville, -la plate-forme de la Treille -, pour laquelle y aura trois petites<br />

pièces sus roues, deux de fonte, et une de fer, et sus chevalet, de fonte, deux arquebus<br />

Le Brécaillon<br />

7

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