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1848: LA LÉGION HELVÉTIQUE ROMANDE 1848: LA LÉGION HELVÉTIQUE ROMANDE<br />

Lausanne a obtenu de l’État de Vaud une batterie huit pièces pour armer son école.<br />

Les élèves reçoivent une instruction accélérée, dispensée par le sergent major Favrat,<br />

à l’issue de laquelle, par un beau jour du printemps 1842, Ferdinand Lecomte et ses<br />

camarades entrent dans la carrière militaire. Ils réceptionnent au Chalet à Gobet les<br />

pièces et les caissons de leur batterie, goûtent à l’ordinaire des soldats, «bouillon,<br />

boeuf avec choux, un quart de pot pour deux (15) ». Borgeaud, sergent-major de l’école<br />

prend ensuite la tête de la juvénile colonne. François Bocion (16) , qui plus tard peindra<br />

si bien le Léman, élevé au rang de caporal tambour, rythme le pas de ses<br />

condisciples. Le cortège fait halte à La Sallaz, où, honneur suprême, la fanfare du<br />

Collège l’attend. Borgeaud résume ainsi l’impression générale: «Notre entrée en<br />

ville, tambours et fanfare en tête, le Comité et les professeurs de l’École suivis de<br />

leurs élèves attelés à huit pièces d’artillerie fut triomphale.»<br />

Les artilleurs-élèves officient dans les grandes occasions! En août 1842 les huit<br />

pièces de l’École moyenne et les quatre du Collège forment batterie pour saluer à<br />

Ouchy les députations de Berne, Fribourg, Valais et Genève, venues assister à un<br />

Concert helvétique donné à la cathédrale. Borgeaud quitte l’école en 1842, Lecomte,<br />

lui, y poursuit ses études mais sa<br />

situation familiale se péjore. Sa mère<br />

meurt le 2 février 1844 (17) . Son père met<br />

son affaire en veilleuse et prend, en mai,<br />

un emploi de premier ouvrier à Genève<br />

(18) , où il n’emmène que deux de ses<br />

enfants. Ferdinand est en pension à<br />

Chailly-sur-Lausanne (19) . Il obtient son<br />

certificat de sortie de l’École moyenne le<br />

23 septembre 1845 (20) . Dès le mois de<br />

février il suit en parallèle les cours de<br />

littérature à l’Académie, mais en ce<br />

même mois le peuple vaudois renverse<br />

son gouvernement et Ferdinand Lecomte<br />

trouve sa voie.<br />

Ferdinand Lecomte vers 1870. (Album<br />

Lecomte)<br />

Je n’ai pas la prétention de récrire ici<br />

l’histoire de la révolution de février et<br />

n’en dirai que ce qui est nécessaire à mon<br />

sujet. Le gouvernement vaudois est en<br />

1845 très peu populaire, il est aussi<br />

affaibli par la présence en son sein de<br />

trois membres radicaux emmenés par<br />

Henri Druey.<br />

L’attitude molle de cet exécutif dans<br />

l’affaire des Jésuites exaspère l’opinion<br />

publique. Le 13 15 février les<br />

74 Le Brécaillon<br />

Les cadets à Lutry en 1843. (Album Lecomte)<br />

mécontents se rassemblent au Casino autour de Louis-Henri Delarageaz (21) et de<br />

Jules Eytel, un jeune et bouillant avocat veveysan. Vers 10 heures des militants<br />

radicaux très excités allument des feux d’alerte au Signal. Delarageaz pond<br />

proclamation sur proclamation et les expédie dans tout le canton. Le gouvernement<br />

fait mine de résister. Le nombre des mécontents grossit et, le 14 au matin une<br />

colonne armée, conduite par Jules Eytel, marche sur Saint Maire. Le Conseil d’État<br />

démissionne et est remplacé par un gouvernement provisoire composé de 9 membres<br />

élus le même jour par une assemblée populaire réunie à Montbenon et qui sera<br />

confirmé, à une exception près (22) , lors des élections du mois de mars.<br />

Les grandes causes ont parfois de petits effets. Constant Borgeaud est alors<br />

professeur de mathématiques au Collège et école moyenne d’Aubonne. Le 14<br />

février, racontera-t-il plus tard, il entend rouler les tambours, alors qu’il donne une<br />

leçon de trigonométrie. On bat la générale. La révolution a éclaté à Lausanne, une<br />

colonne se met en marche pour la capitale. Borgeaud se tourne vers ses élèves et<br />

déclare: «Un jour de révolution, je donne congé. (23) » Il ferme sa classe sans prendre<br />

la peine d’effacer son tableau. Il ne reviendra que 10 jours plus tard pour reprendre<br />

sa démonstration au point où il l’avait laissée. Pendant son équipée lausannoise<br />

Borgeaud s’est mêlé aux gardes volontaires. Il y retrouve sans aucun doute certains<br />

Le Brécaillon<br />

75

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