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1848: LA LÉGION HELVÉTIQUE ROMANDE 1848: LA LÉGION HELVÉTIQUE ROMANDE<br />

de ses camarades de classe et notamment<br />

Ferdinand Lecomte qui en fait lui aussi<br />

partie. Lecomte mentionne le fait dans<br />

livret de service qu’il recevra en 1876,<br />

alors qu’il est divisionnaire, et dans<br />

lequel il inscrira, année après année, les<br />

services effectués dans les armées suisse<br />

et étrangères. L’inscription pour l’année<br />

1845 est lapidaire: «garde civique soldée<br />

Lausanne, 8 semaines. (24) » Après la<br />

Révolution, Borgeaud retrouve sa classe<br />

et Lecomte peut consacrer tout son temps<br />

à ses études universitaires et à ses<br />

activité politiques. «A la Révolution de<br />

février 1845, explique Olivier Meuwly,<br />

qui voit les radicaux renverser leurs<br />

adversaires libéraux, Lecomte ne reste<br />

d’ailleurs pas étranger. Âgé de 19 ans, il<br />

est déjà pleinement du côté des radicaux<br />

et se tient à disposition, parmi les<br />

volontaires prêts à soutenir le nouveau<br />

régime. Une fois le changement de<br />

pouvoir effectué, il ne retourne pas aux<br />

marges de la vie politique: il l’a effleurée<br />

dans ces chaudes journées de l’hiver<br />

vaudois, il ne la quittera plus. (25) »<br />

Il subit cependant une terrible<br />

déconvenue, alors qu’il a porté déjà les<br />

armes pour son canton et sa révolution et<br />

qu’il désire plus que tout servir dans les<br />

troupes d’élite, il est, en 1846<br />

probablement, refusé au recrutement (26) Le général Guillaume-Henri Dufour (Album<br />

Lecomte)<br />

. La décision n’est pas scandaleuse,<br />

Ferdinand Lecomte est petit, fluet et, la suite de sa carrière le montrera, de santé<br />

fragile, mais elle l’irrite profondément et il n’aura pas de cesse avant de l’avoir<br />

contournée. Il n’est pas homme à renoncer. Il trouvera bien un moyen de servir! Il se<br />

jette, en attendant, à corps perdu dans le militantisme radical. Il le fait dans une<br />

ambiance fiévreuse, le climat politique suisse s’alourdit. La Diète, où Druey et le<br />

turbulent Eytel représentent le canton de Vaud, exige la dissolution du Sonderbund<br />

qui est finalement votée le 13 octobre 1847. Les préparatifs de guerre des cantons<br />

conservateurs vont déjà bon train. Le 21 octobre le général Dufour est désigné<br />

comme commandant en chef. Ce choix mécontente les radicaux genevois, bernois et<br />

vaudois. Dufour tergiverse. Le 24, après une scène assez pénible, il renonce à ce<br />

commandement. Jules Eytel lance que s’il ne veut pas être général on en trouvera un<br />

76 Le Brécaillon<br />

autre! Druey est encore plus cru. Finalement le 25, Dufour accepte sa désignation et<br />

prête enfin serment. La mobilisation est votée le 30 octobre et l’ordre de dissoudre<br />

le Sonderbund par la force est donné le 4 novembre.<br />

Certains cantons rechignent à fournir leur contingent, Berne et Vaud, et Dufour s’en<br />

plaindra, font plus que leur part. L’effort des Vaudois est titanesque. Ils lèvent plus<br />

de 20.000 hommes (27) . Constant Borgeaud, alors capitaine d’état major (28) , écrivant<br />

sur le tard ses souvenirs de la campagne (29) affirme: «Le canton de Vaud mit donc sur<br />

pied vingt quatre bataillons; huit compagnies de carabiniers d’élite; huit batteries,<br />

quatre compagnies de cavalerie; deux compagnies de sapeurs; quelques compagnies<br />

de volontaires (30) . Enfin les attelages pour toutes les voitures de réquisitions d’autant<br />

plus nombreuses que nous n’avions point de chemin de fer et d’autant plus difficiles<br />

à fournir qu’on avait déjà levé tous les chevaux de l’artillerie, de la cavalerie et des<br />

états-majors.»<br />

On peut, à la lecture de ces chiffres, parler d’enthousiasme mais qu’est-ce qui le<br />

motive? Laferveur révolutionnaire? Elle porte nombre d’officiers (31) et d’hommes de<br />

troupes, dont certainssont jeunes et bien décidés à changer les choses en Suisse.<br />

Borgeaud résume leur opinion lorsqu’il écrit au sujet de cette mobilisation: «Voilà ce<br />

que le canton de Vaud a fait avec enthousiasme pour substituer à l’ancienne alliance<br />

des cantons désunis une nation suisse...»<br />

L’engagement des Vaudois n’est pas avant tout révolutionnaire, par son effort contre<br />

le Sonderbund, la nation vaudoise s’affirme. Le contingent vaudois n’est pas qu’un<br />

contingent cantonal parmi d’autres, c’est «l’armée vaudoise», grand objet de fierté.<br />

Le canton de Vaud doit assurer aussi sa sécurité, Fribourg a 15.000 hommes sous les<br />

armes et le Valais que surveille la brigade Nicollier, presque autant et il n’est pas<br />

question de laisser occuper par l’ennemi la moindre parcelle du sol vaudois! Le 10<br />

novembre la brigade du colonel Frederich Veillon s’ébranle. Elle avance d’Yverdon<br />

sur Estavayer. Jules Eytel commande une compagnie de carabiniers dépendant<br />

directement du commandant de la brigade, il prend ses ordres de Borgeaud qui en est<br />

un peu l’officier à tout faire. Estavayer est occupé sans coup férir, la brigade y<br />

bivouaque. Le lendemain elle retrouve le sol vaudois et stationne à Payerne, le 12<br />

elle progresse jusqu’à Avry et le lendemain accroche les troupes fribourgeoises à la<br />

redoute Bertigny, près de laquelle se livre un combat confus, où Eytel et Borgeaud<br />

jouent le premier rôle (32) , qui incite le colonel Veillon à se replier quelque peu vers<br />

Montéor. Fribourg d’ailleurs a déjà demandé et obtenu un armistice. Le 14<br />

novembre, vers 15 heures, la division Rilliet entre dans la ville. «Les bataillons, écrit<br />

lyriquement Borgeaud, succédaient aux bataillons; les batteries succédaient aux<br />

batteries, les musiques jouaient, la trompette sonnait. Au bruit sourd des roues de<br />

notre artillerie sur les grands pavés se mêlait le mugissement de l’airain placé sur<br />

ses affûts. Les cavales hennissaient et forgeaient le fer...» Puis, sans transition, le<br />

vieux colonel quitte le champ des souvenirs et revient en 1897 à l’époque où il écrit:<br />

«Pour nous, petit groupe de vieillards, alors jeunes acteurs dans cette grande scène<br />

où il n’y avait ni vainqueurs, ni vaincus, mais où naissaient les prémices d’une<br />

Le Brécaillon<br />

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