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1848: LA LÉGION HELVÉTIQUE ROMANDE 1848: LA LÉGION HELVÉTIQUE ROMANDE<br />

où il a l’ordre de rester jusqu’à mon arrivée, vous comprenez que j’avais des motifs<br />

de ne pas de ne pas différer le départ de mes carabiniers attendu qu’ils auraient pu<br />

se dérouter et partir, puis une fois en Lombardie, ils sont engagés ainsi que le<br />

gouvernement lombard. D’ailleurs à Laveno, ils seront logés et nourris, je l’espère<br />

et ce sera une économie. Ils sont une trentaine de carabiniers.»<br />

La question de l’argent est ici évoquée pour la première fois. L’entretien des hommes<br />

coûte à Sion. Borgeaud, il le dira plus tard, y a engagé beaucoup du sien, mais il est<br />

probable qu’il le fit en Lombardie, quand tout manqua. Il est sur son départ et presse<br />

une dernière fois le mouvement, donnant, en passant, de précieux renseignements<br />

sur l’infrastructure mise en place pour acheminer les volontaires depuis Lausanne et<br />

sur le réseau de recruteurs qui a été constitué par Lecomte et qui est, en ces jours de<br />

juin, en pleine activité: «Faites tout votre possible pour nous renvoyer des<br />

carabiniers que vous expédierez à Sion, hôtel du Lion d’Or, en route il pourrait loger<br />

à Saint Maurice à l’Ecu du Valais où nous nous sommes entendu avec le maître<br />

d’hôtel. Schaumberg est en recrutement à la Côte et dans la Vallée du Lac de Joux,<br />

Rougemont est à Fribourg et dans le Val Saint Imier et le capitaine.... travaille le<br />

Valais. Si vous pouviez vous occupez un peu de l’affaire vous me feriez plaisir, s’il<br />

arrivait des volontaires à Lausanne vous tacheriez de voir à leur logement.<br />

Répondez le plus tôt possible et donnez moi de détails sur l’entrevue que vous avez<br />

eue avec M. Prinetti. Votre dévoué Constant Borgeaud.»<br />

Le recrutement marche toujours, le lendemain l’infatigable Schaumberg se<br />

manifeste à nouveau. Il est revenu à Sion et réclame des feuilles de route à envoyer<br />

franco par Villeneuve avec un détachement qui après s’y être rafraîchi suivra la route<br />

habituelle: «...pour Saint Maurice Hôtel du Valais où ils coucheront et souperont (<br />

convenu). Le lendemain matin partir de bonne heure et rafraîchissement hôtel de la<br />

Grande Maison à Martigny de là partir pour Sion Hôtel du Lion d’Or (76) .<br />

Schaumberg ajoute: «Je fais tout ce que je peux pour recruter, je trouverai assez de<br />

monde mais ce sont les armes qu’il manque...» Les hommes arrivent donc! Tous ne<br />

plaisent pas à leur futur chef, le 6 juin Borgeaud est contrarié et le fait savoir à<br />

Lecomte: «Mon cher, Je regrette que vous ayez expédiés des Appenzellois, s’ils<br />

étaient de véritables carabiniers. Sans doute il ne faut pas, règle générale recruter<br />

des hommes sans carabines mais c’était une exception.» Il a reçu de bonnes<br />

nouvelles d’Italie: «J’ai reçu des nouvelles de notre premier convoi parti pour<br />

Lavegno. Ils sont partout reçus avec enthousiasme.» Le recrutement marche mais<br />

Borgeaud a un regret: «Rougemont fait de bonnes affaires à Fribourg, mais tachez<br />

de nous expédier deux ou trois hommes pour l’honneur du canton de Vaud. Nous<br />

aurons des Valaisans. Votre dévoué Constant Borgeaud. Ecrivez moi.»<br />

La polémique concernant la neutralité de la Suisse continue de faire rage. Il ne<br />

saurait être question de la suivre en détail. Ochsenbein attaque à plusieurs reprises<br />

Jules Eytel ou le Nouvelliste, qui font pour lui partie d’un nouveau parti de<br />

l’étranger. Le 7 juin il renouvelle ses attaques dans son journal le Verfassungsfreund.<br />

Il traite Eytel de sergent recruteur, l’accuse de rechercher une décoration sarde et<br />

100 Le Brécaillon<br />

évoque un Sonderbund welsch (77) . Le 13 Eytel répond très sèchement dans le<br />

Nouvelliste: «Monsieur! Le Nouvelliste vaudois ayant répondu à la sortie que vous<br />

fîtes en Diète contre ce journal, vous venez de saisir cette occasion pour m’attaquer<br />

dans le Verfassungsfreund du 7 courant. Je suis loin de me plaindre d’une telle<br />

tactique, puisqu’elle me donne le droit de vous faire connaître mon sentiment sur<br />

cette affaire. Je vous dirai donc Monsieur que je partage pleinement l’opinion émise<br />

par le journal vaudois sur votre présidence, dans cet article dont j’accepte, si vous<br />

le voulez, la responsabilité (78) . J’ajouterai que vos négations ne suffisent pas pour<br />

détruire des faits... Il est parfaitement vrai que j’ai encouragé les volontaires pour<br />

l’Italie; j’ai même fait partie d’un comité vaudois qui s’occupa avec sollicitude de<br />

cet objet. Aujourd’hui, notre sentiment n’a pas changé et nous nous souvenons avec<br />

plaisir qu’en Diète vous avez exalté ces idées, en disant qu’il fallait secourir l’Italie<br />

de la même manière qu’il y a un certain nombre d’années, on secourut les Grecs.<br />

Vous disiez cela le 14 avril (79) , peu de jours après l’époque où vous vouliez passer<br />

les Alpes avec les bataillons fédéraux. Ne nous prêtez donc pas une inclinaison<br />

particulière pour Charles-Albert, car personne ne vous croira. Chacun ne sait-il pas<br />

que la cause italienne est la sainte cause de l’affranchissement et de l’indépendance<br />

et qu’elle ne peut être devenue mauvaise en raison de l’appui d’un prince qui a dû<br />

céder, en cette circonstance, à l’élan de son peuple? D’ailleurs la Lombardie et le<br />

Vénitien n’étaient pas alors annexés au Piémont; s’ils le sont aujourd’hui, vous y<br />

avez bien contribué par votre déplorable politique... Selon vous, ceux qui ne<br />

partagent pas votre opinion actuelle forment un parti antinational, le parti de<br />

l’étranger ( Auslandspartei). Vous y placez vos collègues, ainsi que les membres<br />

radicaux du Grand Conseil de Berne, les députés des cantons que vous vous<br />

permettez d’appeler le Sonderbund welsches, les nombreux journaux qui vous sont<br />

opposés, etc., etc., de sorte que je suis là en bonne compagnie. Eh! bien Monsieur,<br />

si par ce parti vous entendez ceux qui ne croient pas que la Suisse doivent à tout<br />

jamais avoir le monopole de la liberté et qui voient des frères dans les démocrates<br />

de tous les pays, j’en suis. Mais si au contraire vous entendez nous accuser de<br />

conniver avec les ennemis de notre patrie ou de vouloir détruire sa nationalité, oh<br />

alors prenez garde de ne rien avancer sans preuve car usant d’un même argument<br />

on vous dirait: «le parti de l’étranger en Suisse est celui que dirige la diplomatie<br />

réactionnaire des monarchies, c’est celui qui a voulu comprimer les manifestations<br />

en faveur de l’Italie et faire retirer les volontaires suisse, c’est celui encore qui n’a<br />

pas voulu reconnaître la République française, c’est en un mot celui dont vous M.<br />

Ochsenbein êtes l’un des instruments.» Voilà ce qu’on dirait. Prenez y garde<br />

Monsieur car nul ne ressemble autant à un traître que celui qui dénonce toujours et<br />

partout des complots et des trahisons...» Eytel est un opposant résolu, cela n’en fait<br />

pas un traître «à moins que vous ne prétendiez pouvoir dire: le gouvernement c’est<br />

moi.»<br />

Sa réplique est habile et mordante, il ne lâche rien et rend coup pour coup. Il réfute<br />

une dernière attaque avant de lancer une ultime flèche du Parthe: «Vous m’accusez<br />

de communisme et de socialisme. Je crois être en effet socialiste; mais hélas nos<br />

Le Brécaillon<br />

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