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L’ARTILLERIE DE GENÈVE EN 1602 L’ARTILLERIE DE GENÈVE EN 1602<br />

voicy un homme (116) à qui vous vous fiez avec raison à qui je le commande dès à<br />

présent».<br />

Le 24 novembre 1600, Esaïe COLLADON (117) , alors recteur de l’Académie, écrit<br />

dans son journal que Monsieur de ROSNY, Grand Trésorier du Roy, - SULLY est<br />

alors aussi surintendant des Finances -, et Monsieur le premier Syndic, sont allés<br />

visiter l’Arsenal de Genève, «pour, selon que la necessité le requerroit, en demander<br />

quelque aide». SULLY veut, en effet, accélérer les opérations du siège de Sainte-<br />

Catherine et demande des canons à la ville. Même si la République désire rester<br />

neutre, elle n’en prête pas moins huit canons et deux couleuvrines avec les<br />

munitions, ainsi que trois cents pionniers pour aplanir les chemins (118) . François de<br />

MONTVUAGNARD, ou de MONTWYNIANT, dit Pierrecharve, capitaine et<br />

gouverneur du fort Sainte- Catherine depuis le 31 juillet 1597, comprend alors que<br />

la partie est perdue. Le duc de SAVOIE, après avoir franchi le Petit Saint-Bernard,<br />

est contenu par LESDIGUIERES au pied de la Tarentaise. Les secours n’arrivent pas<br />

et il ne pourra tenir plus longtemps. Le 25 novembre 1600, jour de Sainte-Catherine,<br />

il compose avec le Roi et capitule, le 2 décembre, entre les mains du comte de<br />

SOISSONS (119) .<br />

A Genève, c’est l’allégresse. Trop heureux de voir ainsi le danger écarté, les<br />

<strong>Genevois</strong> ont déjà arrêté dans la ville, le 6 décembre, la plupart des chariots des<br />

paysans, - une soixantaine en tout (120) -, pour les envoyer vers le fort afin d’aider à<br />

l’évacuation des troupes ennemies, soit quatre cents hommes, dont une moitié de<br />

Suisses provenant des cantons catholiques. Ces derniers, se retirent, vie et bagues<br />

sauves, tambours battant et enseignes déployées et emmènent dans leur sillage trois<br />

des neuf pièces d’artillerie encore présentes dans la place. Malgré l’opposition du<br />

cardinal Pietro ALDOBRANDINI, neveu et légat du Pape, secrétaire d’État de la<br />

Curie, qui trouve là que l’on fait un trop beau cadeau à l’hérésie, Henry IV ordonne<br />

la destruction du fort et donne à la République, - c’est aussi une marque d’estime<br />

pour l’époque -, une partie de l’artillerie restante de la place, soit quatre pièces.<br />

SULLY écrit à ce propos à la Seigneurie, le 24 décembre 1600 (121) : «Messieurs, les<br />

diverses ez importentes affaires que le roy ez nous tous avons eues depuis larivee de<br />

sa mageste en ceste ville (122) , a este cause quil na este pris aucune resolution sur ce<br />

qui concerne le fort Ste Catherine maintenant le roy y envoie le Sr de Vienne<br />

lieutenant des gardes pour faire executer sa volonte de laquelle vous aves occasion<br />

destre contens Jay aussi despeche le presenz porteur commissaire ordinaire de<br />

lartillerie avec commission de moy pour en retirer lartillerie poudre ez autres<br />

munitions qui y sont ez les faire conduire ou sa mageste m a commende par ou vous<br />

aures tesmoignage de la souvenance que jay eu de vous ez pourceque ceste affaire a<br />

besoin de prompte expedizion pour des raisons que ne vous puis escrire ez que y<br />

venant a manquer maintenant il pourroit intervenir plusieurs choses qui<br />

lempescheroient cy apres je vous prie aider ez apporter tout ceque vous pouves pour<br />

la faciliter soiz en faisant fournir chevaux boeufs chars chariots et hommes<br />

necessaires pour cest effet aquoy massurant que ne manqueres je prieray bien.»<br />

Signé: Rosny.<br />

Dans la première semaine de janvier 1601, alors qu’est signée la paix de Lyon, les<br />

20 Le Brécaillon<br />

quatre canons du fort donnés par le roi de France à Genève (123) sont essayés sous la<br />

Treille, tirant contre Champel. Ils sont ensuite mis à l’Arsenal, de même que 2’500<br />

boulets. Le 10 février suivant, sur les quatre heures du soir, Monsieur de<br />

LESDIGUIERES, accompagné de son gendre, entrant à Genève par la porte Neuve,<br />

est reçu par des salves tirées, entre autres, par trois des pièces du fort Sainte-<br />

Catherine, placées sur la Treille, le boulevard du Pin et les autres boulevards<br />

adjacents. Le lendemain, le gouverneur du Dauphiné visite l’Arsenal.<br />

Le 20 avril 1601, enfin, deux pièces en provenance du fort des Allinges, situé au sud<br />

de Thonon et qui s’est rendu au Roi le 3 décembre précédent, sont remises à la<br />

République par HARLAY de SANCY et arrivent en ville par le lac. Elles sont alors<br />

amenées à l’Arsenal où elles viennent compléter l’artillerie de la ville. Pourtant,<br />

Charles-Emmanuel ne peut rester en place. Le samedi 11 décembre 1602, alors que<br />

la lune éclaire encore pour quelques instants la campagne environnante, saisie par le<br />

froid, environ 2 à 3’000 soldats de métier sont en vue de Genève. Dans la cité<br />

engourdie, 13’000 âmes, dont celles formant la milice bourgeoise, - environ un<br />

millier d’hommes -, dorment tranquillement. La ville est bien protégée par une garde<br />

soldée, mais celle-ci ne dépasse guère 300 hommes et n’a pas été renforcée par le<br />

Syndic Philibert BLONDEL, qui est en charge de la défense de Genève en cette nuit<br />

fatidique, - il sera exécuté pour sa négligence lors de l’entreprise de l’Escalade (124) ,<br />

malgré les avertissement du Baron de VILLARS, l’un des capitaines du duc de<br />

LESDIGUIERES à qui l’on avait confié l’organisation de la défense de Genève et<br />

qui, pour de mystérieux motifs, avait quitté la ville peu de temps auparavant.<br />

Or, en lieu et place du tambour de la victoire de ses cohortes, le Chat entend tonner<br />

le canon du boulevard de l’Oie, qui réduit en miettes, du même coup, ses échelles et<br />

ses belles espérances. Il ne se doute pas encore, à cet instant, que sa brillante armée,<br />

avançant vers la porte Neuve, bannières au vent et cris de joie aux lèvres, escomptant<br />

prendre ville, richesses et femmes, va être ramenée à une plus dure réalité par la<br />

mitraille crachée par l’artillerie genevoise. L’entreprise finit donc sans panache, au<br />

pied des murailles de Genève, dans ses fossés boueux, au milieu des cadavres et des<br />

débris d’échelles, tandis qu’au loin, les derniers vestiges de la puissante armée du<br />

Duc fuient devant les rugissements lancés de la plate-forme de la Treille…<br />

Les inventaires<br />

Il existe donc un savoir-faire indéniable en matière d’artillerie, à Genève, dans la<br />

seconde moitié du XVIe siècle. Aux récits glorieux entourant l’ouvrage des<br />

canonniers de la République, il convient maintenant de joindre certains documents<br />

donnant le descriptif, voire l’inventaire, -quoique incomplet -, des bouches à feu de<br />

la Seigneurie à l’époque de l’Escalade.<br />

Dès lors , outre le manuscrit de Pierre SIMON, -véritable introduction à l’artillerie<br />

genevoise de la fin du XVIe siècle comme nous allons le voir -, quatre éléments<br />

viennent alors à notre rescousse: d’une part, nous les avons parcourus, les récits<br />

concernant une période s’étendant sur près d’une douzaine d’année et commençant<br />

avec la déclaration de guerre à la Savoie, en 1589, pour se conclure avec la prise de<br />

Sainte-Catherine et des Allinges. D’autre part, la présence, aux Archives d’État de<br />

Genève, en plus du journal de l’Arsenal qui couvre la période de 1683 à 1689, de<br />

Le Brécaillon<br />

21

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