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1848: LA LÉGION HELVÉTIQUE ROMANDE 1848: LA LÉGION HELVÉTIQUE ROMANDE<br />
Les deux articles suivants abordent le problème de l’équipement personnel des<br />
engagés. Il révèle un soin pointilleux du détail et nous permettent d’appréhender les<br />
problèmes d’intendance: «X. Chaque sous-officier ou soldat recevra à son entrée en<br />
service une première mise de 50 francs de France qui restera dans les caisses du<br />
corps, pour former sa masse de linge et chaussure, laquelle masse sera entretenue<br />
au moyen d’une retenue sur sa solde. - Il recevra de plus 20 Francs de France qui<br />
lui seront payés au comptant à son départ de la Suisse, à titre d’indemnité de service.<br />
- Quant à cette masse de linge et de chaussure, le gouvernement de Lombardie aura<br />
la faculté de s’entendre avec le Conseil d’administration pour fournir ces objets en<br />
nature, en défalcation de ladite mise de 50 francs. Sur cette mise le soldat se fournit<br />
le havresac, les souliers, les chemises, les pantalons de toiles, les guêtres, les cols et<br />
tous les effets de petite monture tels que les brosses, etc. XI Le gouvernement de la<br />
Lombardie fournira à tout sous-officier ou soldat qui n’en auraient pas, un fusil, une<br />
giberne un schako, une petite veste, un pantalon de drap.- Aux sous officiers,<br />
caporaux, tambours et trompettes un sabre. - Ces objets seront livrés au fur et à<br />
mesure de l’organisation de la troupe. Les soldats qui en seraient munis à leur<br />
entrée au service auront droit à une indemnité qui sera fixée par des experts. Elle<br />
sera payée dans les 4 ou 6 mois dès l’entrée au service et versée à la masse de linge<br />
et chaussure.»<br />
L’article 12 fixe les indemnités ou rentes à verser en cas d’invalidité ou de décès,<br />
l’article 13 stipule que pour tous les points non déterminés il faudra suivre les<br />
règlements de la Confédération Suisse, l’article 14 réserve la ratification du<br />
gouvernement de la Lombardie, «laquelle interviendra dans le plus bref délai.» Les<br />
députés lombards ont donc cédé sur toute la ligne. Ils ne croient probablement pas<br />
que la ratification se fera bien vite. Lecomte écrit aussitôt à Philippe de Boni pour<br />
lui communiquer la nouvelle et lui demander sans doute de presser la ratification de<br />
l’accord. Le texte de la convention est immédiatement communiqué aux journaux<br />
amis qui en publieront rapidement des résumés susceptibles d’attirer les volontaires.<br />
L’article du Nouvelliste, paru le 5 mai, annonce que le major du génie Constant<br />
Borgeaud a été chargé d’organiser le corps et d’en prendre le commandement. Tout<br />
se fait donc au grand jour ce qui ne va pas sans provoquer des désagréments.<br />
Certains journaux refusent (71) les annonces du comité. Les opposants donnent de la<br />
voix tant à Lausanne qu’à Berne. Eytel, Borgeaud et Lecomte continuent leur fuite<br />
en avant. Borgeaud qui reste quelques jours à Lausanne ouvre, le 12 mai, un bureau<br />
d’inscription à son domicile. Il sera bientôt obligé de rappeler, par voie de presse,<br />
que l’habillement fédéral n’est pas exigé. Lecomte qui est en charge des transports<br />
(72) envoie les volontaires qui se présentent à Sion, où Schaumberg organise leur<br />
transfert en Italie.<br />
Le gouvernement lombard tergiverse. Lecomte reçoit, vers le 12 mai, deux lettres,<br />
datées de 8 et 9 mai, de De Boni dont le ton est embarrassé mais chaleureux. De Boni<br />
ne sait comment remercier les Vaudois pour la fraternelle affection qu’ils<br />
manifestent à son pays. Il dit avoir communiqué la lettre de Lecomte au<br />
94 Le Brécaillon<br />
gouvernement provisoire et croit qu’elle a reçu bon accueil. Il rappelle l’exigence<br />
principale des Lombards «c’est de venir avec des armes car ici naturellement les<br />
armes n’abondent pas.» Il ajoute que le programme du comité provisoire de la<br />
légion a été publié au journal officiel et a fait bon effet mais il donne de mauvaises<br />
nouvelles de la situation militaire: «Charles-Albert marche lentement pour se rendre<br />
de plus en plus nécessaire... Le Vénète qu’il est a de gros motifs d’inquiétude.<br />
«Verone et Modene sont toujours au pouvoir des Autrichiens et il semble que les<br />
affaires se prolongent... La ville d’Udine a été reprise par les ennemis... Il se refuse<br />
pourtant à désespérer et garde sa foi en l’avenir républicain de l’Italie «...on organise<br />
c’est à dire on cherche à organiser, mais nous naissons de rien et nous trouvons<br />
nécessairement des obstacles, mais le pays si je ne me trompe sera république.» Il<br />
termine par une salutation particulièrement chaleureuse «Une poignée de main à<br />
tous nos généreux amis, je vous aime tous, Vive la Suisse. Tout à vous comme ami et<br />
frère Philippe de Boni (73) »<br />
Il n’a toujours pas de nouvelle le lendemain de la ratification. Le gouvernement a<br />
tant d’ouvrage! De Boni demande à Lecomte de l’aider, comme il l’a déjà fait dans<br />
un passé proche à acheminer du courrier en Vénétie. «Envoyez moi, je vous en<br />
supplie, cette lettre à sa destination par Saint Gall. La route du Tyrol nous est<br />
interceptée. Si les amis du canton de Saint Gall dépensèrent de l’argent pour le<br />
précédent, ils seront remboursés. Serrez la main à M. Eytel, à M. Borgeaud, à M.<br />
Duplessis, à tous les amis. Il termine sa missive par un voeu que le sergent<br />
d’artillerie volontaire Lecomte désira sans doute exaucer: «Si vous nous envoyez des<br />
officiers d’artillerie, ce serait vraiment bien. Adieu mes amis et croyez moi tout à<br />
vous, Votre bien obligé et ami Philippe de Boni.» Cette lettre laisse entrevoir un refus<br />
du gouvernement provisoire de ratifier la convention qui tombera bientôt. Les<br />
Lombards ne refusent ni les armes, ni les soldats mais ils ne tiennent pas à lever à<br />
grands frais une légion suisse. Le 17 mai Eytel écrit à Lecomte: «Mon cher! J’ai en<br />
ce matin une longue communication de Prinetti. Je vois clairement qu’il serait bien<br />
aise de voir échouer votre projet, pour en finir. Il vous blâme de ce que les<br />
volontaires de Sion ne sont pas encore loin. ( Hâtez vous donc de les mettre en<br />
route).» Eytel aborde ensuite une épineuse question, le gouvernement de la<br />
Lombardie tient à ce que les volontaires suisses soient en uniforme lombard. Il se<br />
méfie des irréguliers. «Il m’a dit que son gouvernement tient essentiellement à ce<br />
que vos gens soient en uniforme et n’a pas voulu me promettre aucune concession.<br />
Je lui ai dit de vous écrire lui-même. Il vous enverra 500 francs pour commencer et<br />
le reste au fur et à mesure. Si vous voulez réussir il faut vous hâter et ne pas parler<br />
pour le moment de la question de l’uniforme. J’envoie au Nouvelliste deux articles<br />
sur la non ratification. Votre dévoué Jules Eytel».<br />
La missive d’Eytel indique clairement que la responsabilité opérationnelle incombe<br />
à Lecomte. C’est lui qui doit faire bouger les choses. Ce n’est pas si simple! À Sion<br />
les volontaires vaudois se sont mis en république, c’est du moins ce qu’on peut<br />
déduire d’une étrange demande que les sous-officiers du détachement rassemblé à<br />
Le Brécaillon<br />
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