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1848: LA LÉGION HELVÉTIQUE ROMANDE 1848: LA LÉGION HELVÉTIQUE ROMANDE<br />

suisse. Les quelques centaines de<br />

volontaires suisses que le comité vaudois<br />

convoya jusqu’aux champs de batailles<br />

italiens n’ont pas non plus joué de rôle<br />

dans le conflit. Ils ont moins pesé sur les<br />

événements que les mercenaires suisses<br />

au service du pape qui défendirent<br />

Vicenze (95) . La légion n’était pas unique,<br />

les volontaires sont parfois surpris de<br />

rencontrer des soldats suisses dans les<br />

endroits où ils passent. Les Tessinois qui<br />

étaient aux premières loges<br />

s’impliquèrent beaucoup dans ce<br />

mouvement. Chez eux l’été 1848 est<br />

resté dans la mémoire populaire.<br />

L’expression dialectale Oun bel<br />

quarantot, un beau 48, désigne encore ce<br />

que les Vaudois appellerait «un joli<br />

chenil» (96) , partout ailleurs en Suisse le<br />

souvenir de l’écrasement des<br />

démocraties italiennes et des efforts faits<br />

pour les soutenir s’est effacé.<br />

Combien d’hommes ont tenté<br />

l’aventure? Il est bien difficile de le dire.<br />

Lecomte affirme qu’il a expédié deux<br />

convois et qu’il a mené le troisième en<br />

Lombardie, mais comment comptait-il?<br />

L’avant-garde comprenait 24 hommes, elle faisait partie du premier convoi, celui de<br />

Schaumberg qui voyagea lui, avec une soixantaine d’hommes ou un peu plus (97) Ferdinand Lecomte (Album Lecomte)<br />

. Il<br />

est difficile de savoir combien de volontaires sont partis avec Borgeaud, qui<br />

expédiait ses recrues par petits paquets, une trentaine en avant-garde, nous l’avons<br />

vu, le groupe plus étoffé, avec lequel il fit route et au moins un groupe de renfort,<br />

mais il serait étonnant qu’il en ait eu beaucoup plus d’une centaine. Si l’on ajoute les<br />

Suisses rencontrés en chemin, on arrive péniblement à environ 250. Lecomte prit la<br />

route avec une soixantaine d’hommes, ce qui porte le total des volontaires à environ<br />

300 hommes. Ceux qui parvinrent en Lombardie ont formé deux compagnies. Les<br />

Suisses qui combattirent pour la cause italienne étaient-ils des têtes brûlées qui ne<br />

rêvaient que plaies et bosses, des missionnaires de la Révolution? Il ne semble pas.<br />

Le comité l’exprime clairement dans sa première lettre aux Lombards: «Nous<br />

éviterons d’admettre dans nos rangs tout homme qui serait mu par une basse<br />

cupidité ou par une idée de perturbation des rapports sociaux. De tels hommes<br />

d’ailleurs, il n’en est point en Suisse...» Les volontaires, eux, s’enrôlent pour des<br />

motifs divers: goût de l’aventure, besoin de gagner leur vie, envie de participer à des<br />

108 Le Brécaillon<br />

événements dont ils pressentent qu’ils vont changer la face du monde, désir de<br />

soutenir la démocratie, qui leur semble être le meilleur régime possible. C’est ce que<br />

disent avec leurs mots Bauschert et ses sergents dans leur lettre à Borgeaud quand,<br />

parlant de leurs hommes, ils affirment avoir vu plusieurs d’entre eux se distinguer:<br />

«par... leur connaissances claires du patriotisme démocrate qui fait seul le vrai<br />

soldat dans le champ d’honneur...».<br />

L’histoire paraît aujourd’hui avoir donné raison à Ochsenbein et aux bons esprits de<br />

Berne, de Zurich, de Soleure de Morges, de Vevey et d’ailleurs, contre Druey, Eytel<br />

et les radicaux romands «internationalistes». Provoquer une grande puissance<br />

mettait la Suisse en danger. On comprend mal ce que la Suisse aurait pu gagner dans<br />

cette affaire et l’enthousiasme des volontaires est aujourd’hui jugé puéril et<br />

dangereux. C’est pourtant le même enthousiasme déraisonnable (98) qui permit à la<br />

Suisse unanime d’arracher, 8 ans plus tard, Neuchâtel au roi de Prusse. Le pire ne se<br />

produit pas toujours.<br />

Notes<br />

1 Lecomte, sous-lieutenant en 1849 fut nommé<br />

colonel en 1867. Il avait alors 41 ans. Il a donc<br />

mis 18 ans pour obtenir le plus haut grade de<br />

l’armée d’alors. Borgeaud mit une année de<br />

moins.<br />

2 Jules Eytel (1817-1873) admis à la bourgeoisie<br />

de Vevey en 1835 est avocat, il sera le chef de<br />

l’aile gauche radicale. Député à la Diète de 1845<br />

à 1848, Conseiller national de 1848 à 1851 et de<br />

1864 à sa mort. Il renverse le gouvernement<br />

Delarageaz en 1862 est élu au Conseil d’État la<br />

même année et démissionne l’année suivante.<br />

3 Constant Borgeaud, de Penthalaz, (1820-1905)<br />

colonel fédéral en 1860, instructeur chef de<br />

l’infanterie vaudoise de 1861 à 1874. Aide<br />

bibliothécaire cantonal de 1848 à 1851, et de<br />

1875 à 1881. Bibliothécaire cantonal de 1881 à<br />

1894.<br />

4 ACV Ed 71/2. Ferdinand fut baptisé à Saint<br />

Laurent le premier octobre suivant.<br />

5 Sur Ignace Le Comte, grand-père de Ferdinand<br />

voir BURDET Jacques, La musique dans le<br />

canton de Vaud au XIXe siècle, Lausanne BHV<br />

44, 1971, 742 p.<br />

6 ACV P Lecomte 8. Acte de notoriété de<br />

Caroline Justine de Saint Laurent, femme<br />

d’Ignace Le Comte.<br />

7 ACV K 15 b 10 no 1716. Frédéric Le Comte<br />

est nommé 13 Juin 1826 deuxième souslieutenant<br />

de la cp 5 de réserve du troisième<br />

arrondissement.<br />

8 Les orfèvres de ce temps étaient belliqueux.<br />

Le Brécaillon<br />

Le colonel Lecomte vers 1870 (Album<br />

Lecomte)<br />

109

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