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1848: LA LÉGION HELVÉTIQUE ROMANDE 1848: LA LÉGION HELVÉTIQUE ROMANDE<br />
“Les Trois Italie”, caricature de l’époque<br />
Suisse nouvelle, telle que nous avons le bonheur de la posséder aujourd’hui,<br />
respectée et chérie de tous ses enfants, les émotions multiples que nous avons<br />
éprouvées sont inoubliables. (33) » Dans le petit groupe de vieillards qu’il évoque se<br />
trouvait encore, pour peu de temps, le divisionnaire Lecomte qui, refusé dans l’élite,<br />
avait fait la campagne comme sergent d’une batterie lausannoise de volontaires,<br />
commandée par le lieutenant Dumur (34) , batterie qui servait peut-être les pièces de<br />
l’École moyenne. Gageons que ses sentiments lors du Sonderbund étaient proches<br />
de ceux de son ancien condisciple. La guerre, on le sait, s’achève rapidement. Une<br />
partie des troupes vaudoises reste en garnison à Fribourg, le reste de la division<br />
Rilliet s’en va bloquer le Valais qui capitule sans combattre le 29 novembre (35) . Il est<br />
occupé dès le lendemain (36) . L’armée est bientôt démobilisée, la Diète déclare qu’elle<br />
78 Le Brécaillon<br />
a bien mérité de la patrie. Jules Eytel retourne à Berne représenter le canton de Vaud<br />
à la Diète, qui le nomme major à l’État major fédéral (37) . Constant Borgeaud reçoit<br />
aussi de l’avancement, il est promu major du génie et chef cantonal de l’arme le 26<br />
février 1848 (38) . Ferdinand Lecomte gagne ou regagne la rédaction du Nouvelliste<br />
vaudois, le journal radical que dirige Delarageaz. Il met en forme les dépêches et les<br />
lettres des correspondants. Il est ainsi aux premières loges pour s’informer. Il sera<br />
l’un des premiers à agir quand il l’estimera nécessaire.<br />
Les radicaux romands ne sont pas neutres en 1848. Ils acclament la République<br />
française. Une manifestation de soutien a lieu à Lausanne le 27 février. Lecomte en<br />
est sûrement. Le 13 mars le gouvernement de Metternich tombe à Vienne et sa chute<br />
ébranle l’Empire autrichien, l’Italie s’embrase, Milan s’insurge le 18 mars et on y<br />
proclame le 22 mars une République lombarde. Le même jour renaît, mais sous une<br />
forme démocratique, l’antique République de Venise. Le 24 le roi Charles-Albert de<br />
Piémont-Sardaigne annonce qu’il se joint à la lutte contre les Autrichiens. Le<br />
Nouvelliste vaudois qui dispose de bons informateurs en Italie du Nord (39) tient ses<br />
lecteurs en haleine. Ceux-ci réagissent vite. Le 25 mars 1848 un comité de citoyens<br />
lance l’appel suivant:<br />
«L’émancipation de l’Italie fait tous les jours de nouveaux progrès. Milan, après de<br />
sanglants combats, vient d’expulser les Autrichiens de ses murs. Le peuple Lombard<br />
poursuit avec courage le travail de sa régénération, mais ses ressources sont<br />
épuisées: Il manque d’ARGENT, d’ARMES, de MUNITIONS. On ne peut<br />
l’abandonner dans un pareil moment; l’appui des citoyens généreux ne doit lui pas<br />
manquer, car sa cause est sainte, elle est celle de l’humanité tout entière. Il ne s’agit<br />
point d’un pays qui change la forme de son gouvernement; c’est une nationalité qui<br />
ressuscite, c’est un peuple qui se réveille du sommeil pesant de la servitude. Malgré<br />
les nombreux sacrifices que chacun a dû faire tout dernièrement pour le salut de la<br />
patrie suisse, les bons citoyens ne resteront pas en arrière pour concourir à la<br />
délivrance de l’Italie. Ils apporterons aussi leur tribu à cette oeuvre de confraternité.<br />
Nous venons donc, comme au temps où la Grèce luttait pour son indépendance, faire<br />
appel à la générosité des hommes de tous les partis. La bienfaisance n’a pas de<br />
couleur politique... Lausanne le 25 mars 1848.»<br />
L’annonce précise que ce comité, chargé de recueillir les dons, est composé du<br />
lieutenant colonel Louis Duplessis, des députés Louis Cottier-Boys (40) , François<br />
Valloton et Victor Deriaz, du municipal Jacques Diener et de MM. Dellient,<br />
secrétaire, Charles Hoffmann (41) , médecin, François Debonrepos, instituteur et<br />
Ferdinand Lecomte, au bureau du Nouvelliste vaudois.<br />
Le texte de l’appel est tiré en affichette le même jour sur les presses du Nouvelliste,<br />
probablement (42) . La campagne démarre, publique, et qui contrevient aux injonctions<br />
du gouvernement fédéral qui exige que les cantons observent une stricte neutralité.<br />
Ferdinand Lecomte en sera l’un des moteurs, suivant en cela la pente naturelle de<br />
son engagement politique local. C’est ainsi du moins qu’il le ressent encore quand il<br />
Le Brécaillon<br />
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