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1848: LA LÉGION HELVÉTIQUE ROMANDE 1848: LA LÉGION HELVÉTIQUE ROMANDE<br />
Souscription pour le soutien à l’insurrection italienne<br />
80 Le Brécaillon<br />
communique vers 1895 à son éditeur une notice biographique contenant cette phrase<br />
explicite: «En 1848, il était naturellement de ceux qui voulaient couronner<br />
l’écrasement du Sonderbund par une descente en Lombardie pour en chasser les<br />
Autrichiens... (43) » Ce ne sont pas là que des mots, la suite le prouvera. Avant<br />
d’entamer le récit de l’équipée qu’il organisa présentons d’abord brièvement notre<br />
source principale, un dossier d’archives constitué par le divisionnaire et donné par<br />
son fils Henri au Conseil d’État vaudois qui le remit à la bibliothèque cantonale (44) .<br />
Ce dossier contient une quarantaine de pièces, lettres, rapports, listes et reçus divers,<br />
permettant de reconstituer pour l’essentiel l’histoire de la légion des volontaires<br />
suisses. Il manque hélas les comptes et le livre des verbaux du Comité. Le dossier a<br />
été complété par un dépouillement du Nouvelliste vaudois, qui de bout en bout<br />
soutint l’entreprise et qui publie quelques pièces intéressante. Ceci posé, revenons à<br />
mars 1848.<br />
L’annonce publiée le 4 avril n’évoque pas l’envoi de volontaires en Italie. «Le comité<br />
chargé de recevoir les dons» paraît n’envisager qu’une vaste collecte d’argents et<br />
d’armes. Le précédent qu’il invoque, celui de la Grèce est respectable (45) . La cause<br />
grecque fut populaire dans toute la Suisse, et près de Byron, mourant à Missolonghi,<br />
il y avait des Suisses. Hugo encense l’un d’eux: «Meyer qui rapportait aux fils de<br />
Trasybule la flèche de Guillaume Tell». L’Italie divisera. Qui donc eut l’idée d’y<br />
envoyer des soldats? Constant Borgeaud a raconté souvent à ses amis qu’en 1848<br />
Jules Eytel (46) et Ferdinand Lecomte avaient conçu le projet d’aller à l’aide des<br />
insurgés milanais et des armées italiennes, en formant à cette fin, une légion de<br />
volontaires, qu’il lui avait proposé de s’associer à eux et qu’il avait accepté (47) . Si<br />
l’on reçoit son récit tardif, il est bien évident que l’idée vient d’Eytel, Lecomte est<br />
alors jeune et peu connu. La réalité est cependant plus complexe. Il y a à Lausanne,<br />
avant 1847, un groupe plus ou moins structuré de sympathisants de l’Italie, en<br />
contact avec des réfugiés politiques parmi lesquels on note la présence d’un jeune<br />
écrivain, ressortissant de la Vénétie, Filipo de Boni (48) , ami de Mazzini, banni en<br />
1846 du Piémont pour ses opinions républicaines affichées. Ce groupe, dont<br />
plusieurs membres signent l’appel du 25 mars, suit avec attention les affaires<br />
italiennes et a étudié, sans doute, les différentes possibilités d’aider, depuis la Suisse,<br />
les républicains italiens. Il a déjà conçu le projet de recruter une légion de<br />
volontaires. Quand le 29 mars au plus tard, Filipo de Boni quitte Lausanne pour se<br />
mettre au service du gouvernement provisoire de la Lombardie, il est probablement<br />
porteur d’une offre d’aide militaire.<br />
Ce projet d’aide aux républicains lombards, les Vaudois le défendent farouchement<br />
à Berne. Le 30 mars déjà, sous la signature de Druey, la délégation vaudoise à la<br />
Diète écrit une lettre confidentielle au Conseil d’État du canton. Druey annonce<br />
l’envoi de Luvini (49) comme délégué extraordinaire de la Confédération à Milan,<br />
déplore l’attitude craintive d’Ochsenbein vis-à-vis de la France et souhaite qu’on<br />
permette au comte Porro, envoyé milanais, d’acheter des armes en Suisse. Il va plus<br />
loin encore: «Voilà pourquoi je désirerais que non seulement les gouvernements<br />
Le Brécaillon<br />
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