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Revue de Presse-Press Revièw-BerhevokaÇapê-Rivista Stampa-Dentro de la Prensa-Basm Özeti sion, que nous ,,' avons en France, d'un Irak qui a sombré dans Un chaos généralisé. ' La télévision montre ce qui est ' spectaculaire et' violent, à savoir les attentats. Mais Bagdad compte6 millions d'habitants et c'est une villebeaucoup plus étendue que Paris. Par conséquent, , quant un attentat a lieu Porte de la Chapelle, et que vous habitez Issyles-moulineaux, vous ne l'apprenez que le soir à la télévision. Je ne ni~ ' pas l'j.mportance de ces attentats; ; mais la vie continue. Et elle se déve- , ' loppe même de plus en plus. J'étais récemment à Bagdad. La première chose qui surprend quand on arrive, c'est le nombre de marchandises en' provenance de Jordanie, des voitures, des fours à mitro-ondes, des téléviseurs et des antennes parabo-, liques qui permettent d' avoITaccès auxtélévisionsdelarégion. ' " Pascal Boniface. Je pense que si à ' Paris il y'avait un attentat tous les,' " " jours à la Porte de la Chapelle,' ' même à Issy-les-Moulineaux, on naurait pas une impression de tranquillité! Je crois quand même qu'il y a un sentiment d'insécurité général. Au-delà de ça, c'est la pré- ,sence américaine qui n'est pas, viable sur le long terme. De gré ou ' de force, ils devront partir, car la' plus grande majorité des Irakiens , ne peuq:ias accepter une pré~ence " , militaire, y compris ceux qw l'ont ,': .' , accueillie avec joie comme une armée de libération. C'est aujour- " d'hui une armée d'occupationXaf- ' faire d'Abou Grahib et les diffé-c rentes bavures, n'ont fait que renforcer l'hostilité et le rejet à son égard. ," ,... , " Michel' Taub- Mann. D'accord, " L ",' , mais en Irak, ily a ':' es pays:;;'. : des zones, ,en- de la re'gl"o' 'n ' tières où il n'y a " , ' " , pas d'attentat et sont désormais où la population ' " ' , vit normale- tous'menac. es pa,r ment. Je crois' i~sles ~:= le terror'isme';.:,,' mêmes haitent ne sou- " pas pro- • (PlIst:alBDnlfBœ} , ' longer cette, occupation, dans ce qui serait un', enlisement. Mais il ne serait pas souhaitable non plus qu'ils partent, précipitamment, avant d'avoir .réussi à stabiliser le pays. Contrairement à ce que certains affirment, les Américains ne sont pas là pour coloniserle pays. " , L'Irak n'est-II pas plus dangereux au... ,, ' jourd'hulqu'llnel.étaltllya~n~? " Pascal Boniface. Aujourd hw, nous pouvons nous réjouir du renverse- ment de Saddam Hussein qwestla conséquence positive de la guerre. Mais cela s'accompagne de conséquences dramatiques, qui me pai'aiSsentl' emporter dans la balance. " ny a eu depuis la guerre en Irak un " développement du terrorisme. Le monde musulman et le monde oc- 'cidentalsesontun peu plus éloignés. ,Etsilasi~tionne me paraît pas pire pour les Irakiens, elle l'esten tout cas pour les voisins, qui n'étaient pas , menacés par Saddam Hussein. Comme la guerre l'a prouvé, cehù-ci ,ne disposait pas d'une puissance de feu militaire suffisante. En revanche, les pays de la région sont désormais menacés d'une déstabilisation par le terrorisme, et al-Qaida est devenue plus dangereuse qu' elleneI' était avantlaguerre. ' ' Pierre Rlgoulot. Quand on vise le cœur de cible, on provoque des réactions. C'est le prix à payer pour une action en profondeur, etles terroristes ne vont pas rendre les 'armes aussi rapidement. Si le 'monde musulman paraît moins sOr, c'est peut-être une étape nécessaire pour une stabilisation ultérieure. Trois ans après le déclen- ,, chement de la guerrecontreHit- 1er,le monde était également épouvantable et moins sOr. Pascal Boniface. ~problème, c'est que al-Qaida n'était pas présent en Irak, contralrement à aujourd'hui. Malheureusement, Bush a mené une politique totalement contre-productive. Michellaubmann.RaymondAron a écrit un jour que l'on n' avait p~s écritl'histoire des catastrophes évi- ., tées.Quiécriral'histoiredecequise serait passé s'il n'y avait pas eu l'in- ' tervention contre l'Irak de Saddam Hussein? Les terroristes d'al-Qaida, expulsés d'Afghanistan, auraient été à la recherche d'un autre pays d'accueil. C'est ce qui justifie cette intervention préventive pour éviter que ne s'opère éventuelle~ent, d'ici deux ou trois ans, une alliance entre le régime de SaddamHussein" disposant de technologies nucléaires et l'organisation terroriste. De plus, l'intervention peut pero mettre de cristalliser le terrorisme , en un seul point du globe, au lieu qu Î Ui1es'épârpille: , ,'"," PascalBoniface. nne faudrait pas dire à Madrid que cette guerre a per~ mis de fixer en Irak le problème du terrorisme, je pense qu'Usne seraient pas d'accord ...Ensuite, dire qu' on a anticipé une jonction£addam Hussein-al-Qaida qui allait se faire né- Cessairement, à partir de là, on peut dire que la secte Moon Va nécessai- rements' allier au Ghana, et qu'il faut aller faire la guerre en~tat d'urgence au Ghana! C'est une anticip:ltion de politique-fiction, et au lieu d'éviter le terrorisme, je pense qu'on l'a plutôt nourri. En tant qu'Occidentaux, nous devons être cohérents. On ne peut pas dire« democratie» et faire Abou Grahib, dire«liberté» et fairela guerre. LesAméricains'on~.donné le visage du mensonge et de 1unmoralité, ce qui va donnerd~ßargumentà nos pires ennemis. ,', Quelles seront les conséquences de la guerre en Irak sur lepr,Jet, de Grand Moyen-Orient démocratique voulu par GeorgeW.Bush? ", Plerre Rigoulot. Selon Une hypothèse optimiste, onp~tpenserque l'ancrage d'un Irakdémocratique va permettre de mettreeil cause lesdictatures, telles que la Syrie ou l'Iran. Leprojet consiste à relever la région économiquement et faciliter l'accès au savoir, étant entendu que le problème de l'obscurantisme est essentiel. C'est un formidable pari: ne pas prendre l'Islam defrontmais essayer dele modifierpourfaire en sorte que cette zone qui va très mal sur le plan économique se relève. Cela pose le problème de la stratégie à long terme. Pascal Boniface. Jecrains que cette région ne soit ouverte pour la démocratie, et que la guerre en Irak soit plutôt un moyen de retarder les processus de démocratisation. Ensuite, je pense que c'en est fini des , interventions militaires dans la région, car les Américains n'ont plus les moyens de monter des opérations de ce type. nsera donc difficile de réaliser ce projet de Grand Moyen-Orient en apportant de l'extérieur, et en plus par le biais d'une armée, la modernisation. Après "("AI-Qai«;la. expulsée ,~'Afghanistan, étaitàla r~cherçhe', d;un autre pays d'accu'eil: l'Irak" (Af/t:!Je1»Jubmann) 1945, c'est parce que lesAméricains ont libéré la France et qu'ils sont partis après en nous aidant économiquemerttqu' ona pu développer avec eux des liens d'amitié. Etlà, on n'est pas du tout dans ce modèle-là; Pierre Rigoulot. La question de l'Irak n'est qu'un élément de cette transformation de la régi~>I1.nn'est pas contradictoire d'être favorable à un coup de pouce militaire quand , autre chose n'e,st pas possibl~:et de , souhaiterpoml'ensembledelaré- ., ' .. ' , 96
Revue de Presse-Press Review-Berhevoka Çapê-Rivista Stampa-Dentro de la Prensa-Baszn Özeti gion un développement tel qu'il supprime les conditions d'éclosion du terrorisme radical. A l'heure où i'antl-amérlcanlsme nia jamals étéaussi fort clans le monde musulman;Bushn'a-t-il pas fait les choses dans Iedésonlre en s'attaquant à l'Irak p1u16t qu'au conflit IsraéIo-pialestütien? Pascal Bonifaœ. Effectivement; on marche à l'envei's.,Leconflitis~,, râé.lo~'palesd ~,': men est resse~ti : par les musul- " mans comme le véritable' pro": blème de la ré" ' gi6i1: Ds repro- ' chent ainsi aux Etats-Unis 'une ' attitude jugée trop ,pro-israélienne et" trop anti-palesti- ' Dienrte.Jeme demande si les Amé r i cain s n'ont pas àse féliciter qu'il n'y ait pas vraiment de démocratie dans le monde musulman. Cardans les circonstances actùelles, celui-ci serait plus violemmentaqti-américain que les actuels gouvemements. MichelTaubmann.Jene suis absolument pas d'accord. Lé problème israélo-palestiDien n'est 'pas , la cause des dictatures dans le monde arabe, et la raison pour laquelle ces pays sont arriérés politiquement et ,écono~iquement. Israël n'en est responsable. Leproblème israélien est juste un,prétexte avancé dans , ces pays pour empêcher tout changement. 'Pierre RigouIot. C'est pourquoi je suis favorable à la résolution de ce problème israélo-palestinien par une stratégie de contournement, c'est -à -dire par le développement de la démocratie dans l'ensemble des pays du Moyen-Orient. ' Pascal Boniface. Je trouve paradoxal que vous prôniez une stratégie de règlement par contourne- , mentpourleproblèmeisraélo-pa- ,Iestinien, alors que, pour l'Irak, vous ,n'avez pas vraiment prôné une stratégie de contournement... On ne peut pas dire dans un cas qu'il faut faire la guerre et dans l'autre il faut planter des fleurs pour que le pay- 'sage s'améliore aux alentours! En conclusion, pensez-vous que Iesélec- ,tions américaines en novembrevoot-elles changer que/que chose à la situation? Pascal Boniface. Je ne suis pas sûr que Kerry soit une véritable alternative à George W. Bush. Plus que l'élection américaine, c'est le rapport de force sur le terrain gui fera , évoluer la' situation. Michel Taubmann. Pour une fois, je suis d'accord, car Bush n'est que l'incarnation exacerbée dece qu'est l'Amérique. Mais finalement Bush et Michael Moore appartiennent à la même Amérique, qui croit au péché, au Bien, au Mal. La gauche arriéricaine est d'accord avec Bush pour mener la guerre contre le terrorisme. Et John Kerry a voté la guerre d'Iràk. Dya uneillusion chez un certain nombre de Français, celle d'une mauvaise Amérique avec Bush etunèbonne .Am,érique, aveq Kerry. C'est la même Amérique. Pascal Bonifaœ.Je suis parfaitement d'accord. rAmérique et l'Europe ont , desvaleurscommunes.Maislafaçon dont nous interprétons ces valeurs est en train de s'éloigner. Hier, dans les RIes de Bagdad, les soldats américains continuaient de patrouiller malgré le transfert ' de souveraineté. Photo Es.an A)-Sudani I AFP 97
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