Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

Américains et de l'envoyé spécial A l'inverse Ghazi Al-Yaouar est. les, les hauts fonctionnaires, les
~es Nations unies. Après les discus- jeune, il a 46 ans, il est indépen- universitaires, tout le monde, et
Slons, sont venues les menaces. dant, non inscrit dans un parti et il désignons le pouvoir transitoire
Des menaces? est un membre éminent d'une aux voix». Au début de Sa mis-
Oui. C'est incroyable llnaccepta- grande tribu irakienne de plu- sion, M. Brahimi était d'accord sur
b!e I pa~. Bremer ~ous a ~enac.é sieurs millions de personnes dont ce principe. Et puis, à son retour
d un trOISIèmecandidat qu il sorti- des chiites et des sunnites. Il est .de New York fin mars début avril,
rait de son chapeau. Il.se conduit plus acceptable pour la société ira- ilne l'était plus. Bremer et ses maîcomme
sadd~ ~~ssem. Quant à kienne. Au surplus, lui, n'était .. tres à Washington l'avaient
L~dar Brahiml, il a .carrément même pas candidat quand nous convaincu qu'une telle assemblée
dit à Massoud Barzanl (chef du l'avons choisi. Pachachi l'est. serait incontrôlable. Qu'ils ne pour-
PDK, Parti démocratique kurde) depuis le début. Jour et nuit. . raient pas sélectionner les gens
que si nous continuions d'insister Paul Bremer avait-Il les' qu'ils voulaient.
pour avoir Ghazi Al-Yaouar, que moyens de vous Imposer son
nous avons choisi par 22 voix choix? Avez-vous sélectionné tous.les
contre une, celle de son adversaire A moins d'un ..coup de forc~, membres du prochain gouverneq-
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Revue de Presse-Press Review-Berhevoka Çapê-Rivista Stampa-Dentro de la Prensa-Baszn Özeti
Ghazi Al-Yaouar a été désigné président de l'Irak
après de très difficiles négociations
Le nouveau gouvernement transitoire est pratiquement formé. Il entrera en fonctions
le 30 juin et assumera la direction du pays jusqu'aux élections de janvier 2005
APRÈs BIEN des tergiversations,
le conseil intérimaire de gouvernement
irakien (CIG) a annoncé,
mardi 1" juin, que le sunnite
Ghazi Al-Yaouar avait été désigné
président de l'Irak dans la future
administration qui doit se mettre
en placele:30 juin prochain.
Ce choix' a été accepté par la
coalition qui s'était prononcée en
faveur d'Adnan Pachachi qui, dans
un premier temps, avait été désigné
mais qui a refusé le poste. Cet
ancien chef de la diplomatie irakienne
âgé de 81 ans, était le candidat
favori des Etats-Unis alors que
le CIGpréférait, dès le départ, Ghazi
Al-Yaouar.
Le:;fonctions de président sont
largement honorifiques. Le principal
poste, celui de premier ministre,
a été confié à un chiite, Iyad
Allaoui, désigné il y a quelques
jours. Il bénéficie du soutien de
Paul Bremer, l'administrateur civil
américain. Le gouvernement transitoire
devait également être
annoncé dans le courant de la journée.
Il devrait être composé de 26
ou 29membres et conduire les destinées
de l'Irak jusqu'aux élections
générales prévues normalement
au début de 2005..
Cheikh Ghazi Al-Yaouar, chef
d'une grande tribu, va donc être le
premier chef d'Etat à succéder à
Saddam Hussein arrêté le
13 décembre et toujours prisonnier
de guerre aux mains des Américains
en attendant d'être jugé. Il
est le neveu du chef des Chammar,
une des plus grandes tribus du
pays ainsi qu'un homme d'affaires
avisé. En vertu de la Constitution
provisoire adoptée en mars par le
CIG, son rôle sera nettement protocolaire
par rapport aux pouvoirs
dont disposait l'ancien dictateur.
Agé de 46 ans, vêtu d'une longue
djellaba blanche et d'un keffieh
cerclé de deux anneaux de couleur
noire, il se présente comme
un rassembleur voulant marier la
culture orientale et occidentale.
Après des études d'ingénieur à
l'Université George Washington
dans la capitale fédérale américaine,
il s'installe en Arabie où il
ouvre une entreprise prospère de
télécommunications. A la chute de
Saddam Hussein, il rentre au pays,
dans sa tribu des Chammar, qui
compte trois millions d'âmes des
sunnites et des chiites. Son territoire
s'étend des confins de la Syrie
au nord à l'Arabie Saoudite au sud
en passant par l'Irak et le Koweït
en une forme de croissant.
QUELLE LÉGITIMITÉ l
En juillet, Ghazi Al-Yaouaravait
été nommé membre du Conseil
intérimaire de gouvernement sur
le quota sunnite. Anglophone, le
cheikh est un farouche partisan de
l'intégrité de l'Irak, même s'il est
favorable à une large autonomie
pour les Kurdes.
Mahmoud Osmane, membre du Conseil intérimaire de gouvernement
« Un candidat indépendant, acceptable par la société irakienne »
BAGDAD Adnan Pachachi, il arrêterait net' d'un coup d'Etat, non. En outre, la
de notre envoyéspécial
Membre du conseil intérimaire
sa mission et rentrerait
York.
à New loi fondamentale que nous avOns
adoptée dit clairement quel'Autode
gouvernement (ClG)mis en pla- Malgré tout, c'est votre candi-' rité provisoire de la coalition qu'il
ce à Bagdad par la puissance occu'" dat, Ghazl Al-Yaouar, qui a été' dirige et qui est dépositaire,' juspante,
le docteur Mahmoud Osma- nommé président de l'Irak. qu'au 30 juin, de la' souveraineté.
ne, 66 ans, médecin, anglophone Paul Bremer nous avait encoura-. irakienne, sera dissoute avant le
et francophone est un kurde indé- gé à agir de manière indépendan-' Conseil de gouvernement.
pendant, non inscrit dans un parti te. C'est ce que nous faisons et voi- Pourquoi n'avoir pas plutôt
politique. là le résultat. Mais bon sang, nous convoqué une grande assemblée
Pourquoi y a-t-U eu des désac- sommes en Irak. S'ils veulent faire Irakienne, style «Loya Jlrga»
cords avec les Américains et l'en- un gouvernement américain, qu'ils comme en Afghanistan, pour
voyé spédal des Nations unies, rentrent à Washington! Compre- choisir l'exécutif?
Lakhdar Brahlml, sur le nom du nez bien, nous n'avions rien a prio- Mais nous l'avons proposé dix
futur préSlde?t transitoire de la ri contre leur candidat sinon qu'il a fois! Nous avons dit à M. Brahimi,
_~épu,bll~ue d Irak ? . un peu tendance à toujours dire « Réunissons le~deux ou trois mil- .
,11n étaIt pas qu~stio.npo~nous -.- oui-à ce-qu'ils'demandent, qu'il ne le personnes que vous all~zrencond
accepter la nommation d Adnan représente que lui-même et qu'il a trer, les chefs de tribus, les partis,
Pachachi, le candidat commun des 83 ans. les syndicats, lesprofessions libéra-
2
En avril,lors de la bataille de Fallouja,
le bastion rebelle sunnite à
une cinquantaine de kilomètres de
Bagdad, il a tenté de stopper les
combats en participant activement
aux négociations. Après l'assassinat
d'Ezzedine Salim, le 17 mai, il
lui a succédé à la présidence tournante
du CIG,qui doit être dissous
à la fin du mois.
Certains de ses membres, vont
sans doute se retrouver dans le
.nouvel exécutif qui va également
puiser parmi les membres de l'actuel
gouvernement à commencer
par les ministres de la défense et
de l'intérieur qui ont été confirmés
dans leurs fonctions.
La question est désormais de
savoir de quelle légitimité disposera
cette nouvelle instance transitoire
et de quelle marge de manœuvre
elle jouira vis-à-vis de l'Autorité
provisoire de la coalition dirigée
par les Américains, qui elle aussi
devra disparaître. - (AFP.)
ment?
Pratiquement. En plus du premier
ministre Iyad Allaoui sur
lequel nous sommes tous d'accord,
il y aura 29 ministres d0I1t
trois sans portefeuille. Les Kurdes
auront six ministres dont un vicepremier
ministre et l'un des deux
vice-présidents de la République.
Ils contrôleront les affaires étrangères
mais la défense a fini par
leur échapper.
Pensez-vous que ce gouverneme~t
disposera d'une crédiblUté
dans le peuple irakien ?
Nous verrons. Au moins la moitié
des_ministres sélectionnés sont
déjà en place, dans le gouvernell1ent
ou au Conseil. Les Américains
donnent vraiment l'impression
à tout le monde de tout vou-
. loir contrôler. Même après le
30 juin. Du reste, s'ils voulaient
vraiment partir, ils ne se conduiraient
pas comIne ilsle font. J'espère
quand même que les Irakiens
donneront quelque temps à ce prochain
gouvernement avant de .le
juger.
Propos recueillis par
Patrice Claude
.,