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Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

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Revue <strong>de</strong> Presse-Press Review-Berhevoka Çapê-Rivista Stampa-Dentro<br />

ÛlIIo.le 9 juin 2004<br />

La question turque ..<br />

lA QIJ/\IIUf.MF.VAGUEd'élargissement <strong>de</strong><br />

l'Union ':'Jrop~enne, •.:Iébrée le 1" mai 2004, a.<br />

.porté <strong>de</strong> quinze à vingt-cinq le nombre <strong>de</strong>s Etats,<br />

membres, (...) Avecl'adjonction <strong>de</strong> la Roumanie<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong> la Bulgarie en 2007, nous serons bientôt<br />

vingt-sept, sans compter vraisemblablement.<br />

plus tard la Croatie. La Macédoine se profile déjà<br />

à l'horizon <strong>et</strong>, <strong>de</strong>rrière elle,d'autres payslssus <strong>de</strong><br />

l'éclatement <strong>de</strong> la Yougoslaviejadis soumis à la<br />

domination ottomane. Pour caractériser ce vaste<br />

ensemble en voie <strong>de</strong> formation, le mot hétérogénéité<br />

me paraît actuellement plusjuste que celui,<br />

certainement plus rassurant <strong>et</strong> pour cela fréquemment<br />

employé, <strong>de</strong> diversité. C'est que l~hétérogénéité<br />

peut diviser, alors que la diversité<br />

peut unifier. En 'accroissant la sphère culturelle'<br />

<strong>de</strong> l'orthodoxie '<strong>et</strong> en continuant d'internaliser<br />

les Balkans - ceÙiit commencé avec la Grèce -,<br />

'on a bel <strong>et</strong> bien introduit une redoutable hétéro-<br />

:généité. ,<br />

Tel est le contexte dans lequel se pose aujourd'hui<br />

la question turque. Non, certes, qu'elle ait<br />

surgi!?rusquementdu néant fi suffit <strong>de</strong> rappeler.<br />

que, <strong>de</strong>puis le traité d'assOciation <strong>de</strong> 1963, les<br />

<strong>de</strong>ux parties se sont toujours placéesdans la perspectived'unè<br />

adhésion.(...) Pour s'en tenir au passé<br />

récent, la candidature <strong>de</strong> ici Turquie a fait l'ob.<br />

'j<strong>et</strong>, au moins ,une fois par an, <strong>de</strong>puis décem- .<br />

,bre 1997 à Lùxembourg,<strong>de</strong> déclarations précises<br />

du Conseileuropéen. Le contenu <strong>de</strong> ces déclarations<br />

est toujours lemême: la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> laTurquie<br />

serajugée à l'aune <strong>de</strong> critèresobjectifs,com-<br />

.mepour les autres candidats.Cescritères,formulés<br />

à Copenhague en 1993, portent essentiellement<br />

sur la démocratie <strong>et</strong> l'Etat <strong>de</strong> droit,les droits<br />

<strong>de</strong> l'homme,le respect <strong>et</strong> la protection <strong>de</strong>s minori.<br />

tés, mais aussi sur les structures économiques.<br />

C'est à partir du conseil d'Helsinki,en décembre<br />

1999, que la Turquie est entrée dans la phase<br />

dite <strong>de</strong> « préaccession ». Le conseil <strong>de</strong> Copenha- :<br />

gue, trois ans plus tard - au len<strong>de</strong>main <strong>de</strong>s élections<br />

légiSlativesqui ont chassé les formations .<br />

traditionnelles disqualifiées<strong>et</strong> porté au pouvoir .<br />

l'AKP<strong>de</strong> Recep Tayyip Erdogan"", a rappelé ses<br />

positions antérieures. Etant donné que ce parti<br />

se réclame <strong>de</strong>s valeurs <strong>de</strong> l'islam, la position du<br />

Conseileuropéen n'était pas innocente.<br />

« DiMOCRATIE MUSULMANE Il<br />

Depuislors, l'AKPa tout fait pour se présenter<br />

,comme une sorte <strong>de</strong> « démocratie musulma- .<br />

ne », comme on parle <strong>de</strong> la « démocratie chre-<br />

,tienne» <strong>et</strong>, au grand étonnement <strong>de</strong> nombreux .<br />

observateurs, son gouvernement a accéléré le<br />

rythme <strong>de</strong>s réformes. Gran<strong>de</strong> aussi fut la surpri-<br />

, s,e<strong>de</strong> voir Ankara soutenir avec succès le plan<br />

ollusien <strong>de</strong> rélmitication <strong>de</strong> Chypre, finalelilent<br />

n::j<strong>et</strong>é par les Grecs. L.: calendrier e~1doliI': fin<br />

'septembre, la Commission fera connaître son<br />

évaluation <strong>de</strong>s progrès accomplis. Au conseil<br />

européen <strong>de</strong> décembre à Dublin, sur la base <strong>de</strong><br />

ce rapport, la Commission se prononcera sur<br />

l'ouverture <strong>de</strong>s négociations d'adhésion. Il<br />

convient <strong>de</strong> soulignerque pareilles négociations<br />

sont par nature longues <strong>et</strong> extrêmement<br />

détaillées (.,.).<br />

Comment, dans ces conditions, expliquer que,<br />

<strong>de</strong>puis bientôt <strong>de</strong>ux ans, élites <strong>et</strong> opinions publiques<br />

européennes, particulièrement en France,<br />

soient entrées en guerre contre <strong>et</strong> beaucoup plus<br />

rarement pour la Turquie? La réponse tient en<br />

un mot: la peur (...). L'évocation <strong>de</strong>s Turcs renvoie<br />

à un passé lointain <strong>et</strong> confus où domine<br />

l'image d'un adversaire redoutable, engloutisseur<br />

<strong>de</strong> civilisations.La Turquie fait peur .parce<br />

<strong>de</strong> la Prensa-Baszn Oz<strong>et</strong>i<br />

qu'aujourd'hui, avec une pbpùiadon <strong>de</strong> l'ordre nir. Ce qui est en cause, c'e.stle déterminisme qui<br />

<strong>de</strong> 70 millions d'habitants <strong>et</strong> une démographie. ferait dépendre le futur du passé, comme si les<br />

en expansion, elle aurait vocation à disposer du.. . innovations <strong>et</strong> la liberté huniaine n'avaient pas<br />

groupe le plus nombreux au Parlement euro- d'influence sur la construction du futur.<br />

.péen. . .<br />

Surtout, elle est <strong>de</strong> religion musulmane. Et;<br />

Si l'on veut se placer sur un terrain soli<strong>de</strong>, il<br />

faut regar<strong>de</strong>r l'histoire <strong>de</strong> l'idée d'Europe. Jeanplus<br />

encore <strong>de</strong>puis le 11 septembre 2001, l'islam Baptiste Puroselle l'a fait dans un texte intitulé<br />

fait peur. On voit bien, en France, combien il est (, La genèse <strong>de</strong> l'idée européenne ». On y voit flotdifficile<strong>de</strong><br />

concevoir une laîcité qui, si ron ose ter le mot « Europe» <strong>de</strong>puis son apparition, dès<br />

~re, ne soit pas chrétienne. Enfin,on a peur <strong>de</strong>s le VII' siècle avant Jésus-Christ, dans le sens<br />

eff<strong>et</strong>s combinés <strong>de</strong>s disparités économiques <strong>et</strong> d'une simple péninsule <strong>de</strong> l'Asie aux limites<br />

<strong>de</strong>Ja librecirculation. Face à ces peurs où tout se ... orientales arbitraires, jusqu'au chaos du premier<br />

.mélange, on en revient inéluctablement à l'inter- XX'siècledont est issu le <strong>de</strong>rnier <strong>de</strong>s grands prorogation<br />

la plus fondamentale : qu'est-cl.}que j<strong>et</strong>s géopolitiques européens, celui que nous<br />

l'Europe? . regardons tous avec un mélange d'espérance <strong>et</strong><br />

Avecson Sensaigu du moment opportun, Valé- .<strong>de</strong> scepticisme<strong>et</strong> qui exerce une fascination croisry<br />

Giscard d'Estaing, alors prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>. la sante sur le mon<strong>de</strong>.<br />

Convention sur l'avenir <strong>de</strong> l'Europe,. a lancé 'le A défaut <strong>de</strong> trouver une réponse incontestable<br />

débat en j<strong>et</strong>ant un pavé dans la mare le 7 novem- à la question <strong>de</strong> l'i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> l'Europe, peut-on<br />

bre 2002.Ramené à l'essentiel, son propos tient au moins caractériser le proj<strong>et</strong> géopolitique<br />

en une phrase lapidaire: « La Turquie est un pays actuel <strong>de</strong> l'Union européenne? La réponse tient<br />

proche <strong>de</strong> l'Europe, un pays important, qui a une dans quelques concepts interdépendants au<br />

véritable élite, mais ce n'est pas un pays euro- point <strong>de</strong> former un système : réconciliation,<br />

péen » (...).<br />

démocratie, droits <strong>de</strong> l'homme, Etat <strong>de</strong> droit, res-<br />

Impossible; donc, d'échapper à une réflexion pect <strong>et</strong> protection <strong>de</strong>s minorités, laïcité, sécurité,<br />

sur l'i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> l'Europe. Je voudrais m'arrêter solidarité, économie <strong>de</strong> marché.<br />

d'abord sur l'histoire du proj<strong>et</strong> <strong>de</strong> l'Union euro- .Jeme limiterai icià quelques brèves remarques<br />

péenne. Celui-cin'a jamais été explicitement for- sur trois points particulièrement importants<br />

mulé d'une manière commune à tous les Etats pour la question turque: le lien entre démocratie<br />

membres. Dans la mesure où il l'a été implicite- <strong>et</strong> minorités, la laïcité <strong>et</strong> la réconciliation. (...)<br />

ment, par exempleà travers lescritères<strong>de</strong> Copen- . L'écl()~i(\"nt'S natior:Jlités <strong>et</strong> Ic~ri\lalitéscolohague<br />

<strong>de</strong> 1993. cela n'a jamais été pour exclure a ni.t1I,;~(lOtIt:~Ci:llN....géopolitiqucs ks plll~fonpriori<br />

tel ou tel pays. (...) Avecla péninSule Ibéri- damentales <strong>de</strong> la première guerre mondiale, <strong>et</strong><br />

que, on n'a pas altéré, comme avec la Gran<strong>de</strong>- toute "histoire européenne du XX'siècle a été<br />

Br<strong>et</strong>agne, la nature du processus d'intégration. marqu.:e par une série dramatique d'« épura-<br />

En acceptant la Grèce, en 1981, la Communautétions <strong>et</strong>hniques». C'est dire l'échec <strong>de</strong>s El,lros'est<br />

scindée en <strong>de</strong>ux morceaux, séparés par un péens, jusqu'ici incapables <strong>de</strong> régler leurs problèruban<br />

d'Etats alors communi~tes. Surtout, elle a mes <strong>de</strong> minorités.(...) L'immense espoir <strong>de</strong><br />

débordé <strong>de</strong> la souche culturelle issue <strong>de</strong> la chré- <strong>de</strong>main est <strong>de</strong> rendre ces problèmes solubles<br />

tienté d'Occi<strong>de</strong>nt. Non seulement la porte a été dans l'Union européenne.<br />

ouverte à un univers culturel très différent, celui C'est ainsi qu'en application <strong>de</strong>s critères <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> l'autre chrétienté, mais encore <strong>et</strong> peut-être Copenhague la Turquie a pris, notamment dans<br />

surtout à l'univers, à la fois plus vaste <strong>et</strong> plus le domaine linguistique, <strong>de</strong>s initiatives vis-à-vis<br />

flou, <strong>de</strong> l'Orient en général. Ce n'est pas la Grèce <strong>de</strong> l'importante minorité kur<strong>de</strong> dont elle niait<br />

<strong>de</strong> Périclès,qui a rejoint la Communauté, mais auparavant l'existence au nom du principe kéma-<br />

.une unité politique marquée par quatre siècles liste <strong>de</strong> l'indivisibilité<strong>de</strong> la Nation. S'il se confir-<br />

.

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