Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

Revue de Presse-Press Review-Berhevoka Çapê-Rivista Stampa-Dentro
de la Prensa-Basm Özeti
LE nGARO VENDREDI 25 JUIN 2004
Deux~bombesontfait trois morts.et seize blessés
Attentats en Turquie avant la visite
de George W Bll~h .
l'rois personnes ont été tuées et au moins 16 blessées dans .
l'explosion de deux bombes hier, devant un hôtel à Ankara et
dans un autobus municipal à Istanbul, alors que le président
américain George W. Bush se rend demain en Tùrqule poW' Ie
sommet de l'Otan. La Maison-Blanche a immédiatement annoncé
qu'aucun changement n'était prévu dans Ie programme
de la visite de M. Bush en Turquie à la suite de ces attentats. A
BtuxeIIes, le secrétaire général de l'Otan Jaap de Hoop Scheft'er
a assuré avoir « pleine confiance » dans les autorités t1B'ques
pour assurer Ja sécurité du sommet d1stanbul, les 28 et 29 juin.
A Istanbul, trois personnes ont été tuées et au moins treize blessées
quand une bombe a explosé dans un autobus bondé, dans
la partie européenne de la'métropole t1B'qDe. A Ankara, une
bombe a explosé à quelques mètres de l'hôtel où est attendu'demain
soirle président américain George W. Bush, blessant troJs
personnes, dont deux policiers. Les attentats ont relancé la psychose,
notamment à Istanbul où des militants islamistes, Dés au
réseau al~aida, avaient tué quelque 60 personnes lors d'attentats
suicide à lavoiture piégée en novembre.
Néanmoins, l'amertume persiste.
Ankara :
de notre envoyé spécial
L'establishment civil et militaire
kémaliste, qui dirige la Re-
Claude Lorieux
. publique depuis sa fondation
Avant l'invasion de l'Irak,
par Mustafa Kemal, garde une
dent contre George Bush. TIne
George Bush aurait débarqué à lui a pas vraiment pardonn~
Ankara comme en pays d'avoir accueilli à la Maisonconquis:
Tout au long de la BlanChe les épouses voilées du
guerre froide, 'la Turquie fut premier ministre et du ministre
l'allié occidental le plus fidèle des Affaires étrangères Abduldes
Etats-Unis, chef de l'Alliance
atlantique, dont le som~
met s'ouvre lundi à Istanbul:
Bush arrive demain soir
dans un pays traumatisé par
les sanglants attentats d'hier à
Istanbul et Ankara, frustré de
n'avoir pas été écouté quand la
guerre d'Irak. était encore évitable,
et profondément inquiet
de l'évolution de la situation !ah Gill. Le très laïc président de
dans ce pays voisin, où 16 ci- la République, Ahmet Sezer, retoyens
turcs, des camionneurs . fuse obstiriément de les recevoir
notamment, ont déjà été kid- dans sun palais de Cankaya, à
nappés, .et où les séparatistes Ankara. TIne fera pas exception
kurdes du PKK s'activent sous à la règle pour la visite de
le regard indifférent de l'armée George Bush. C'est à la résiaméricaine.
dence officielle de son premier
La visite du premier ministre ministre de màri que MmeErdo-
Recep Tayyip Erdogan à Wa- gan rencontrera Laura et
shington, en janvier, avait George Bush!
apaisé les esprits, au' moins Ce double « psychodrame»
dans les rangs du gouverne- fait partie des mœurs politiques
ment AKP (Justice et Dévelop- locales depuis la victoire électopement),
un parti ramasse-tout raIe de l'AKP le 3novembre
à dominante musulmane et 2002. n projette les relations
conservatrice. Sa participation Ankara-Washington dans le jeu
au sommet du G 8 avait remis politique intérieur d'une Tur:
de l'huile dans les rouages. quie qui, « malgré des désac-
cords sur les méthodes se rapproche
de l'Amérique sur les
objectifs », souligne un diplomate
turc ..
Même si, candidature à
l'Union européenne oblige, l'armée
turque coopère de façon inattendue
au fantastique travail
de réforme entrepris par Erdogan,
ses réticences vis-à-vis du
gouvernement AKP ne sont un
secret pour personne: Les spé-
.cialistes de la chose militaire racontent
comment des généraux
en mission à Washington alertent
l'administration sur les
dangers des dérives islamistes
dans cette partie du monde ...
En Turquie, bien sûr. Mais
aussi en Irak. Ce pays est au
cœur des malentendus turcoaméricains,
depuis qu'en mars
2003, le Parlement d'Ankara interdit
le transit des forces d'invasion
à travers le territoire national.
Memduh Hacioglu,
député d'Istanbul (opposition),
se souvient de la « stupéfaction
de la « Vieille Europe» qui
voyait la Turquie dire non à
l'Amérique ». Paul Wolfowitz, le
.numéro 2 du Pentagone, piqua
une colère
. . que les gé-
La visite du premier ministre ~~~::
Recep' Tayyip Erdogan gérée. .
'TAT. h' . .. Soucieux
a ....as mgton. enJanvzer, d'apaiser
avait ap'aisé les esprits
Washing-
. ton, Erdogan
fit voter,
en novembre, l'envoi de 10000
soldats dans le « Triangle sunnite
». Les Irakiens, Kurdes en
tête, dirent non. Le député d'Istanbul
relève que « la Turquie
se trouva dans une situation ridicule
». Ankara autorise néanmoins
environ 1 500 camions à
passer quotidiennement la frontière
pour approvisionner les
forces américaines en carburants'
et en produits alimentaires.
Empêtrée dans la crise irakienne,
l'Amérique attend davantage.
En s'opposant, lorS du
sommet du G 8, à l'emploi de
l'Otan en Irak, « Jacques Chirac
avait soulagé le gouverne-
ment Erbakan d'un gros
poids », note un éditorialiste.
Deux fois échaudée, la Turquie
doute que « des forcès éü,;:,
gères puissent assurer la sécurité
en Irak », relève \ln diplomate.
Ankara est également
concerné par l'ambitieux projet
de redéploiement des forces
américaines dans le monde,
engagé par Washington pour
tenir compte de la chute de
l'URSS et de ses propres ambitions
proche-ori~ntales. Un teprésentant
du Pentagone était.
à Ankara la semaine dernière.
Les Etats-Unis envisageraient
le transfert à la base Otan d'lncirclik
(près d'Adana) de F 16
stationnés en Allemagne. L'utilisation
de.la base de Konya est •
également
sion.
en cours de discus-
.
Özdem Sanberk, ancien secrétaire
général du ministère
des Affaires étrangères, ne
s'attend pas à une négociation
facile. L'opinion publique est
très remontée contre George
Bush. Ankara insiste donc pour
que le marchandage se déroule
dans le Cadre limité de l'accord
de coopéràtion militaire de
1980,: une façon d'éviter un
vote, et donc une nouvelle rebuffade
de la part du Parlement.
Toute dépendante qu'elle
soit du grand allié américain,
l'armée turque n'est plus inconditionnelle.
Le professeur
Umit Gizré, spécialiste !les
questions de défense. révèle
l'existence dans ses rangs d'un
« Groupe eurasien » partisan
d'une coopération avec la Russie
et même l'Iran.
Bush aborde donc une Turquie
à la fois perturbée et plus
sûre d'elle-même. L'élection
sans précédent d'un Turc au
secrétariat général de l'OCI
(Organisation de la conférence
islamique) et les « bons
points » récoltés à Chypre ont
mis 'du baume au cœur des dirigeants
d'Ankara. C'est un
pays dynamique qu'Erdogan
veut présenter au chef de la
Maison-Blanche,
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