La définition d'une stratégie d'intervention. La ... - RehabiMed
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<strong>La</strong> <strong>définition</strong> d’une <strong>stratégie</strong> d’intervention.<br />
<strong>La</strong> definición de una estrategia de intervención<br />
Defining a strategy for intervention<br />
L’architecture traditionnelle<br />
méditerranéenne et « ses abords » :<br />
entre les exigences de la tutelle et le<br />
souci de signification.<br />
Amel Touil Hadj essaoud<br />
Architecte (EPAU d’Alger) a poursuivi dans le cadre d’une post<br />
graduation, en coopération avec l’université <strong>La</strong> sapienza de<br />
Rome, une spécialisation dans la préservation et la mise en valeur<br />
des monuments et sites historiques. Actuellement, enseignante<br />
d’architecture à l’université de Blida et à l’EPAU d’Alger, elle se<br />
consacre au patrimoine historique à travers la publication d’articles,<br />
l’élaboration de travaux universitaires ainsi que le travail sur terrain en<br />
qualité d’architecte des biens culturels immobiliers, qualifiée par le<br />
ministère de la culture<br />
Adresse postale:<br />
Boite postale 10/4 Réghaïa 16.112 Alger- ALGERIE<br />
Adresse courrier électronique:<br />
Lesabords@yahoo.fr<br />
Téléphone:<br />
+213.21.55.40.72<br />
+213.71.65.58.43 (Mob)<br />
<strong>La</strong> diversité de l’architecture traditionnelle méditerranéenne consolide<br />
la nécessité d’adopter une démarche de réhabilitation, fondée sur<br />
l’affirmation des spécificités de chaque région, et la mise en valeur de<br />
tous les composants de son patrimoine.<br />
L’objet d’intérêt patrimonial n’a pas cessé d’évoluer avec le temps. Du<br />
monument majeur isolé, on est passé à la reconnaissance de l’ensemble<br />
historique –expression d’architecture courante dite mineure- en tant<br />
qu’objet patrimonial affirmé à une échelle urbaine ; actuellement, on<br />
considère même les villes historiques en tant qu’unité patrimoniale<br />
affirmée à une échelle territoriale et comprenant les données médio<br />
environnementales.<br />
L’élément propulseur de cette expansion continue de l’objet du<br />
patrimoine, se définit par la considération à chaque fois, d’un espace<br />
situé aux abords de l’objet central de protection, sans lequel ni la<br />
compréhension, ni la protection de celui-ci ne serait pas achevée. A<br />
une échelle tutélaire, la considération des abords d’un bien patrimonial<br />
est en soi avant-gardiste, car elle signifie qu’on ne s’intéresse plus<br />
uniquement aux limites matérielles d’un bien, mais on prend en<br />
compte, l’ensemble des relations matérielles ou immatérielles, reliant<br />
ce bien à un cadre à son échelle.<br />
Ceci constitue d’ailleurs le premier principe sur lequel se fonde la<br />
méthode REHABIMED, à savoir le principe de l’intégration, où la<br />
réhabilitation de l’architecture traditionnelle méditerranéenne n’est pas<br />
réalisée en tant qu’enclave isolée, mais insérée à chaque fois dans un<br />
territoire à plus grande échelle.<br />
Si une architecture historique se définit dans des limites matérielles<br />
claires et évidentes, il n’en demeure pas moins pour ses abords qui ne<br />
sont pas automatiquement identifiables. <strong>La</strong> délimitation de la figure<br />
spatiale des abords est assujettie au principe du cas par cas. A l’échelle<br />
méditerranéenne, plusieurs procédés de délimitation sont établis; pour<br />
notre part, on peut citer le modèle italien avec le principe de « corniche<br />
environnementale 1 » résultant des conditions d’intégrité, de lumière<br />
et de perspective, de décor d’un bien patrimonial, sans oublier de se<br />
référer à l’environnement pour conserver la continuité historique et<br />
stylistique de l’édifice 2 . <strong>La</strong> zone de respect qui en découle, n’est pas<br />
régie au préalable par des données quantifiables fixes.<br />
Le modèle français offre par contre une démarche de délimitation<br />
calculée au préalable sur le principe de champ de visibilité défini selon<br />
un périmètre de 500 m 3 . Ceci signifie la détermination à l’intérieur de<br />
ce périmètre de tous les immeubles vus à partir du monument, ou en<br />
même temps que lui (co-visibilité) et qui seront soumis au contrôle de<br />
l’administration.<br />
L’ Algérie après son indépendance a hérité de ce modèle français, qui<br />
<br />
abords des monuments historiques classés sont déterminés depuis la<br />
loi de 1998 sur la protection du patrimoine culturel 4 , selon une relation<br />
de visibilité calculée sur une “distance” de 200m. <strong>La</strong> mise en œuvre<br />
pratique de cette procédure en Algérie, a montré d’énormes difficultés<br />
d’application et d’interprétation, faisant que les abords de nombreux<br />
édifices historiques n’ont pas été à l’abri de diverses mutilations.<br />
Si la notion de champ de visibilité et le périmètre de 500 m a trouvé sa<br />
pleine signification avec l’architecture monumentale française, il n’en<br />
est pas forcément le cas pour l’architecture traditionnelle algérienne<br />
qui demeure l’expression d’une culture architecturale différente, propre<br />
à une société différente et fondée sur des significations autres que le<br />
souci d’apparence et la finalité purement esthétique développés avec<br />
la démarche du périmètre.<br />
Pour garantir la tutelle de l’architecture traditionnelle et ses abords<br />
en Algérie et partout ailleurs, il faut déterminer à chaque fois, les<br />
véritables exigences que celle ci expriment envers son environnement,<br />
Ces exigences peuvent être l’expression de la valeur évocatrice du<br />
lieu dans lequel cette architecture traditionnelle se trouve, ou bien la<br />
revendication de l’ensemble des relations historiques et paysagères<br />
qui relie cette architecture à son environnement; L’usage du critère<br />
de la visibilité ne peut être justifié que par rapport à ces exigences,<br />
qui selon certaines situations, se rapporteraient tout simplement à<br />
une nécessité d’usage ou bien à la protection de l’intégrité de cette<br />
architecture traditionnelle<br />
Le souci de signification sur lequel on insiste pour la détermination<br />
des abords d’une architecture traditionnelle soumise au contrôle de<br />
l’administration, confirme le principe selon lequel, la réhabilitation de<br />
l’architecture traditionnelle méditérranenne doit se réaliser à chaque<br />
fois, dans la tradition propre du lieu dans lequel elle se trouve avec<br />
ses composants culturels, historiques, bâtis et naturels, afin de garantir<br />
à chaque fois, une tutelle patrimoniale, basée sur une démarche<br />
cohérente et justifiable.<br />
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