La définition d'une stratégie d'intervention. La ... - RehabiMed
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<strong>La</strong> <strong>définition</strong> d’une <strong>stratégie</strong> d’intervention.<br />
<strong>La</strong> definición de una estrategia de intervención<br />
Defining a strategy for intervention<br />
Une nouvelle alliance ville-campagne<br />
dans la France méditerranéenne (I)<br />
Philippe Haeringer 1<br />
Géographe, directeur de recherche IRD, responsable de l’équipe<br />
doctorale « Orients Urbains » à l’Université Paris X-Nanterre. Auteur de<br />
divers travaux récents sur la « refondation » des villes d’Asie, de Russie<br />
et du Moyen-Orient.<br />
Adresse postale:<br />
Saint-Roman, 26410 Châtillon-en-Diois<br />
Adresse courrier électronique:<br />
phildanh@club-internet.fr<br />
Téléphone:<br />
33 (0)4 75 21 80 66<br />
Les territoires dont il sera ici question 2 sont loin des métropoles et des<br />
plaines. Les plaines de la France méridionale sont livrées non pas à une<br />
alliance entre la ville et la campagne, mais à un imperium urbain. En<br />
revanche, au-dessus des plaines et des collines, de vastes territoires<br />
de moyenne montagne sont désertifiés. Des milliers de communes,<br />
autrefois bruissantes de vie, ont vu leurs forces vives les quitter depuis<br />
plus d’un siècle. Dans les cas les plus extrêmes, la régénération ne peut<br />
plus être endogène. Seul un apport venu de la ville peut encore sauver<br />
les villages en ruine.<br />
Dans les années 30, 40 et 50, une mystique du village à reconstruire<br />
a animé des groupes de jeunes citadins enthousiastes. Mais, sauf<br />
exception, ce ne fut qu’un mirage. Dans les années 60, 70 et 80, des<br />
hordes plus ou moins hippies sont montées dans les montagnes<br />
comme on va à Katmandou. Elles étaient en rupture avec leur ville<br />
nourricière, et donc fragiles. On voit au contraire, depuis les années<br />
90, des citadins qui, sans rompre avec la ville, s’engagent durablement<br />
dans la gestion des communes du “désert”.<br />
Ce regain de réalisme n’est pas exempt d’un attachement sentimental.<br />
Une synthèse s’opère entre des ressources citadines et la recherche<br />
d’une identité nouvelle ou perdue. Nombre de ces nouveaux acteurs<br />
retrouvent la terre de leurs ancêtres. D’autres érigent en patrimoine le<br />
“coup de coeur” de leurs parents. Ils ne parviennent pas tous à redéfinir<br />
sur place leur vie active, loin s’en faut. Mais tout en poursuivant leur<br />
vie citadine, ils prennent des responsabilités, ce que les progrès de la<br />
mobilité, physique ou virtuelle, autorise.<br />
Ensuite, les séjours intermittents font de plus en plus place, l’heure<br />
de la retraite venue, à une installation définitive. C’est ainsi que l’une<br />
des figures les plus représentatives de cette nouvelle alliance villecampagne<br />
est celle d’un jeune retraité, réinvestissant tous ses acquis<br />
urbains dans son nouveau village.<br />
Mais l’autre figure, indispensable, est celle d’un nouveau type<br />
d’exploitant agricole, formé à la ville, ouvert sur le monde, inventif, et<br />
qui partage avec les consommateurs citadins de ses produits, qu’il<br />
attire à sa ferme pour un contact direct, une même conscience de ce<br />
qui se joue, là-haut, entre patrimoine et nature.<br />
Le pays de la Roanne<br />
<strong>La</strong> Roanne est une petite rivière de montagne dans les Préalpes du sud<br />
de la France. Elle alimente la Drôme qui alimente le Rhône. Sur environ<br />
240 kilomètres carrés, son bassin versant est cerné par des lignes de<br />
crête qui évoluent entre 1300 et 1600 mètres d’altitude. C’est une<br />
montagne calcaire, aride, coupée de gorges profondes. <strong>La</strong> route n’a pu<br />
y pénétrer qu’à l’extrême fin du XIX e siècle. Cet isolement a valu au pays<br />
de la Roanne le nom de Désert.<br />
Onze communes se distribuent ce territoire autour d’un village centre<br />
: Saint-Nazaire-le-Désert. Celui-ci compte moins de 200 habitants<br />
et les dix autres communes n’en rassemblent que 300 au total, donc<br />
une trentaine chacune en moyenne. Cette démographie résiduelle<br />
est le résultat d’un exode rural qui s’est produit entre 1860 et 1960. Au<br />
milieu du XIX e siècle, la population du pays de la Roanne était sept fois<br />
supérieure (3 500 habitants), mais la terre était trop pauvre pour nourrir<br />
tant de monde et l’appel de la ville fut irrésistible.<br />
Aujourd’hui, le déclin démographique s’est arrêté. On note même<br />
une très légère remontée du nombre des résidents permanents.<br />
Mais une nouvelle catégorie d’habitants s’est ajoutée depuis une<br />
trentaine d’années : les résidents dits secondaires. Ils triplent le chiffre<br />
de population pendant la période estivale. Ce déséquilibre saisonnier<br />
pourrait mettre en difficulté la gestion des communes et pose en effet<br />
des problèmes tels que ceux de l’approvisionnement en eau. Toutefois,<br />
ces citadins en mal de « désert » se présentent moins en parasites qu’en<br />
partenaires. Ils participent d’un état d’esprit nouveau, favorable à la<br />
survie, voire à la renaissance de ces territoires enclavés où le contact de<br />
la nature est direct, et dont la beauté est confondante.<br />
Chaque commune a son caractère en fonction de la configuration<br />
de son relief, de son orientation, de son éloignement de la route et<br />
des cols. Dans l’une d’entre elles, Aucelon, le village groupé sur un<br />
promontoire fonctionne comme une communauté, où ce sont les<br />
résidents secondaires qui ont pris l’essentiel des responsabilités de la<br />
gestion communale. Ils ont même développé une <strong>stratégie</strong> pour un<br />
début de repeuplement pérenne, réussissant à attirer bergers, chevriers,<br />
boulangers. Eux-mêmes évoluent vers un système de résidence<br />
alternée entre la ville où ils ont leur emploi et leur maison du désert où<br />
ils investissent tout leur affect. <strong>La</strong> convivialité des fêtes d’Aucelon est<br />
célèbre dans tout le pays.<br />
<br />
d’un cirque presque fermé, c’est des dernières familles d’agriculteurséleveurs<br />
qu’est parti l’élan du renouveau. Les jeunes adultes ont été<br />
formés dans la ville, y ont parfois travaillé, et sont avertis des nouveaux<br />
enjeux de la planète. Ils mesurent la valeur de leur coin de territoire et ne<br />
veulent plus le quitter. Adeptes de l’agriculture biologique, de la vente<br />
directe, du tourisme vert, ils combinent ces éléments pour attirer à la<br />
ferme les consommateurs citadins de leurs produits (huiles essentielles<br />
de lavande, huile de noix, fromages de brebis et de chèvres, miel, petit<br />
épeautre, etc.). Chacune de leur ferme est devenue un petit univers de<br />
pluriactivité, où se côtoient comme autrefois fratries et générations.<br />
Volvent, le village le mieux connecté avec l’extérieur malgré son altitude<br />
(860 m), apporte un troisième élément au dossier de l’avenir roannais :<br />
les jeunes retraités revenus au pays après un long périple dans le monde<br />
urbain. Certains ne sont même pas nés au village, mais ont retrouvé la<br />
maison de leurs aïeux. Parfois ils reconstruisent, créent une nouvelle<br />
activité. Il arrive même qu’ils fassent des enfants, recommençant leur<br />
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