<strong>La</strong> <strong>définition</strong> d’une <strong>stratégie</strong> d’intervention. <strong>La</strong> definición de una estrategia de intervención Defining a strategy for intervention 4 George Baird : <strong>La</strong> parcelle constitue la base de la morphologie urbaine, dans Morphologie urbaine et parcellaire, Presses Universiaires de Vincennes, Novembre 1988, d’E. Alfonso, F. Choay et P. Merlin 5 Marc Cote: Si le Souf m’était conté, Comment se fait et se défait un paysage. Saïd Hannachi, éditions Média-Plus, Constantine, 2006. 6 Idem que 5 7 Marc Cote: Si le Souf m’était conté, Comment se fait et se défait un paysage. Saïd Hannachi, éditions Média-Plus, Constantine, 2006. 168
<strong>La</strong> <strong>définition</strong> d’une <strong>stratégie</strong> d’intervention. <strong>La</strong> definición de una estrategia de intervención Defining a strategy for intervention Projet d’appui au développement local intégré : « Les routes des Ksour » Mme Nesma Brahimi-Bensalem Architecte-Doctorante au <strong>La</strong>boratoire SEDET-CNRS Chargée de Programme PNUD Adresse courrier électronique: nesma.brahimi@undp.org 1. Introduction Suite à l’adoption de la Déclaration du Millénaire, le 13 septembre 2000, par 189 Etats membres, les Agences des Nations Unies ont été invitées à contribuer de façon prioritaire à la lutte contre la pauvreté et l’extrême pauvreté. Le projet pilote «Les routes des Ksour », financé et mis en oeuvre par le PNUD et le Gouvernement algérien, s’inscrit dans le programme de l’UNESCO «Le Sahara des cultures et des peuples », validé lors de l’Atelier international organisé à Ghardaïa en 2003. 2. Le Sahara Algérien: difficultés de développement L’Algérie est le deuxième pays d’Afrique par sa superficie avec 2.381.741 km 2 dont les 4/5 sont occupés par le désert. Le Sahara, qui fait l’objet de programmes de développement spécifiques (Programme Grand Sud), bénéficie d’investissements importants pour le désenclavement des villages, l’amélioration des infrastructures, la mobilisation des ressources en eau et l’augmentation des surfaces agricoles. Ces efforts du Gouvernement Algérien ont eu pour effet de confirmer la consolidation des indicateurs macroéconomiques et macro financiers de ces régions. Cependant, malgré tous ces efforts, la carte de la pauvreté, élaborée en 2000, a identifié les zones sahariennes comme les plus fragiles. Les difficultés à mobiliser les ressources en eau, le manque de main d’oeuvre, le morcellement des terres, l’assainissement des zones urbaines et l’urbanisation incontrôlée, constituent autant de facteurs de déséquilibre, parfois irréversibles dans ces régions. Les mutations socio-économiques et culturelles ont de nombreuses conséquences pour les populations locales : perte d’activité, absence de perspectives, expansion démographique des périphéries urbaines (notamment des chefs-lieux de Wilaya) suite à un exode rural des populations, dévalorisation des activités traditionnelles (élevage, culture du palmier), inégalités économiques, etc. Les femmes sont particulièrement touchées par ces bouleversements des modes de vie. Elles voient leur espace d’intervention et leur pouvoir de décision se réduire. <strong>La</strong> problématique centrale, qui ressort de ce constat, est liée à la nécessité de rechercher des alternatives économiques à l’agriculture oasienne en grande difficulté et qui ne suffit plus à subvenir aux besoins de toute la population. 3. Un patrimoine culturel menacé <strong>La</strong> menace qui pèse sur le patrimoine de ces régions est une conséquence des contraintes économiques et sociales cités plus haut. En effet, les Aghems (ou Ksour), villes traditionnelles fortifiées du Sahara, qui ont traversé des millénaires d’existence dans un milieu hostile n’ont pu résister aux effets induits de «la modernisation du pays ». Certaines d’entre elles sont dans un état de dégradation avancé lorsqu’elles ne sont pas complètement désertées par leur population et tombées en ruine. Ces villes traditionnelles souffrent souvent d’enclavement et d’ensablement. Pourtant leur valeur patrimoniale est inestimable. En effet, ces architectures de terre, remarquables de par l’ingéniosité des moyens technologiques déployés dans l’architecture et les infrastructures hydrauliques telles que les “Foggaras”, témoignent aussi d’un mode de vie et d’une structure sociale citadine particulièrement élaborés et adaptés à ces milieux hostiles. Ils représentent véritablement un modèle de développement intégré riche d’enseignement pour l’humanité entière. Ce patrimoine culturel unique n’a cependant pas été jusque là reconnu comme tel et protégé à ce jour, hormis quelques cas d’exception telle que la Vallée du M’Zab. Jusque là, les actions de réhabilitation de certains Ksour par l’Etat n’ont pas réussi complètement a endiguer leur désertion. Les raisons sont liées au manque d’une approche globale, dans les actions de réhabilitation, qui prend en compte tous les facteurs socio-économique, culturel et participatif susceptibles de garantir l’appropriation des projets par les acteurs locaux. C’est précisément la démarche que poursuit le présent projet. 4. Le projet : le tourisme au centre des activités Le projet «Les routes des Ksour», qui emprunte les antiques routes commerçantes du Sahara s’inscrit, dans sa partie algérienne, dans un vaste territoire qui regroupe quatre wilayas : Bechar, Adrar, Ghardaïa et Ouargla. Il a pour objectif d’aider les populations locales à améliorer leurs conditions de vie en leur apportant les outils nécessaires pour être actrices de leur propre développement. A travers la promotion d’un tourisme responsable, en tant qu’activité économique complémentaire, il serait possible de lutter efficacement contre la situation de précarité des populations locales et de sauvegarder le patrimoine culturel et naturel local. Au coeur du projet, onze maisons traditionnelles réparties sur huit ksour seront réhabilitées et reconverties en maison d’hôtes pour touristes, en siéges d’association ou en centres d’orientation touristique. Un écomusée sur les écosystèmes oasiens sera réalisé à Ouargla. Il viendra soutenir la création de «labels» sur les produits locaux. Un Eductour sera réalisé, ainsi que des sites web dédiés au projet. En partenariat avec l’UNESCO, l’objectif est de classer le «circuit touristique de la routes des Ksour » sur la liste du patrimoine mondial. Ce circuit reprendra les traces historiques des majestueuses routes des caravanes commerciales du Sahara, et redynamisera, à travers un tourisme responsable, le patrimoine de ces magnifiques régions désertiques. <strong>La</strong> <strong>stratégie</strong> globale du projet est basée sur trois approches interdépendantes: a. Approche patrimoniale: le patrimoine culturel, facteur de développement intégral 169