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La définition d’une stratégie d’intervention. La definición de una estrategia de intervención Defining a strategy for intervention brutalement, sans gradation. Parmi les causes de l’état du patrimoine traditionnel : l’approche limitant l’acte de préservation à l’entretien physique (Hassan, 2005), l’improvisation, l’absence de conscience des dimensions de la préservation et la méconnaissance de ses impératifs sociohistoriques et esthétiques. Dans cette perspective, le waqf apparaît comme cadre opératoire possible. Mais la relation entre patrimoine et waqf est ignorée car la notion de préservation du patrimoine matériel comme objet muséal reste dominante. La préservation du patrimoine est celle d’un héritage et d’un instrument. Les édifices anciens et les tissus historiques sont mémoire et source d’enseignement, ce qui confère au patrimoine une certaine sacralité. Justement, cette sacralité caractérise le waqf qui repose sur les principes de durabilité et d’inaliénabilité garantis par la croyance religieuse. Ainsi, waqf et patrimoine ont des valeurs spirituelles comparables. Le waqf pouvant constituer, comme ce fut le cas, un instrument efficace de préservation. Mais le patrimoine ne peut être réduit à sa valeur spirituelle et esthétique. Face à l’évolution accélérée des sociétés modernes, il doit être intégré à la vie contemporaine (UNESCO, 1976). Ce qui pose la problématique du patrimoine comme instrument économique à caractère culturel. Cette approche conciliatrice entre préservation du patrimoine et intégration au monde contemporain a déjà été proposée durant la première moitié du XXème siècle (Giovannoni, 1931). Dans les pays en développement, cette approche conciliatrice devient problématique face à l’expansion urbaine et aux aspirations au confort moderne qui s’expriment à travers de nouveaux matériaux et techniques de construction gangrenant les tissus. Là aussi, patrimoine et waqf présentent des analogies. Le waqf est aussi confronté aux pressions et aux intérêts matériels contemporains. Malgré leur immunité religieuse, nombreux sont les biens ruinés, détournés ou exploités indûment. Dans certains pays une abrogation officielle du waqf a été promulguée sous prétexte d’inadaptation à l’esprit du temps et d’efficacité économique, mais ces positions radicales reculent et le waqf a été réhabilité dans de nombreuses législations comme élément spirituel, social, économique, voire monétaire, contribuant à la solidarité sociale et orientant les fortunes individuelles vers l’intérêt général. Présentement, avec le concept de développement durable, patrimoine et waqf apparaissent comme garants d’un développement authentique préservant la mémoire, contribuant à la réalisation des besoins sociaux et dépassant les cadres du développement de rupture et de la modernité dogmatique. Pour préserver le patrimoine il faut le connaître. Il existe un devoir d’inventaire. Dans les pays musulmans, le plus important outil d’inventaire est constitué par le waqf et sa fonction d’enregistrement des biens et de leurs caractéristiques : topographie, fonction, revenus, dépenses, terminologie architecturale et urbaine, voire matériaux et techniques de construction et d’entretien, comme l’a montré une étude basée sur les documents de waqf de la Grande Mosquée d’Alger (Chergui,1998). Les études patrimoniales peuvent tiré profit des documents du waqf, en l’absence d’autres documents historiques. De plus, il s’agit de documents de première main contenant une matière première pour une connaissance fine d’une partie du patrimoine. La conception moderne du patrimoine est inclusive englobant des composantes des différentes périodes historiques. Le waqf aussi est un phénomène global et inclusif, il est autorisé de constituer en waqf toute chose pouvant générer un bénéfice pour la collectivité. Historiquement, le waqf a englobé les édifices (publics ou privés), les commerces, les terres agricoles et des objets utilitaires. L’approche de la civilisation musulmane envers le patrimoine (le waqf en est une manifestation) est avant tout globale et rencontre, en ce sens, l’approche patrimoniale contemporaine (Hassan, 2005). BIBLIOGRAPHIE ABDEL MOHSIN (MAGDA ISMAIL) (2005). The Revival of the Institution of Waqf in Sudan, in , no 8, year 5, May 2005, Published by Kuwait Awqaf Public Foundation: pp. 33-61 (en arabe). AOUDAT (MOHAMED AL-) (2002). 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CHERGUI (SAMIA) (1998). fonds d’archives de l’époque ottomane, Thèse de Magister, ecole polytechnique d’architecture et d’urbanisme d’Alger. CIZAKCA (MURAT) (2000). , Istanbul : Bogazici University Press. DEGUILHEM (RANDI) (2004). Casser le triangle et le reconstituer : la reconfiguration des waqfs en Syrie indépendante et enjeux sociopolitiques, International Symposium : . GIOVANNONI (G.) (1931)., Torino : UTET. HASSAN (NOUBI MOHAMED) (2005). Les valeurs du waqf et la théorie architecturale – approche contemporaine, in , pp. 13-45 (en arabe). MASRI (RAFIK YOUNES AL-) (1999). , Damas, Dar al-Maktabi, 1 ère édition (en arabe). SAЇDOUNI (MAAOUIA) (2002). État moderne et waqf en Algérie, des fondations pieuses en Algérie (17 è -19 è , organisé par Randi Deguilhem, Maison méditerranéenne des Sciences de l’Homme, Aix-en- Provence, France, 13-14-15 juin 2002. SAIDOUNI (MAAOUIA) (2004). evolutions récentes de la réglementation algérienne sur le waqf, . SAЇDOUNI (MAAOUIA) (2001). Pour une préservation consciente du patrimoine urbain en Algérie (Essai sur la notion de patrimoine urbain), in Revue (Etudes en Sciences humaines), Université d’Alger, n° 1/2001, pp. 231-247 (en arabe). SAЇDOUNI (NACEREDDINE) (2000). Les documents du waqf des archives algériennes relatifs à l’époque ottomane, in Beyrouth, Dar al-Gharb al-Islami, pp. 41-58 (en arabe). SAЇDOUNI (NACEREDDINE) (2001). , Beyrouth, Dar al-Gharb al-Islami, 426 p. (en arabe). SEFFADJ-CHERIF (NABILA) (1996). Thèse de Magister, scole polytechnique d’architecture et d’urbanisme d’Alger. UNESCO (1976). contemporaine, Nairobi, 1976. YÉRASIMOS, STÉPHANE (1994). Les waqfs dans l’aménagement urbain d’Istanbul au XIX ème siècle, in , Varia Turcica XXVI, Istanbul: pp. 43-49. 1 Le waqf désigne l’acte de donation perpétuelle d’un bien (bâti ou non) à une fondation pour des œuvres précises. Le bien devient ainsi waqf ou habous. Concrètement, le régime du waqf englobe de nombreux édifices du patrimoine architectural traditionnel, eux-mêmes des biens waqf ou bénéficiant de revenus de biens waqf pour leur entretien. 194
La définition d’une stratégie d’intervention. La definición de una estrategia de intervención Defining a strategy for intervention Le devenir du “Hawch”, espace hérité dans le Beyrouth contemporain. Le cas de « Khandak al Ghamik » Nina Zeidan Dans l’enseignement depuis 1999- Chef de département de paysage à l’Université Libanaise depuis 2003- Chargée de cours en architecture de paysage à l’Université Libanaise et l’Université Saint Joseph au Liban. Doctorante en urbanisme à l’EDU (Environnements et Dispositifs Urbains)- INSA de Lyon – France ; sous la direction de Professeur Jean-Yves Toussaint. Adresse postale: 5812 Bld des Rossignols- Laval- Québec- H7L 4Z2. Adresse courrier électronique: nhakim@ul.edu.lb, nina.zeidan@gmail.com Téléphone: + 961 1 510 870 - +1 514 805 4872 De tout temps les villes se sont reconstruites sur elles mêmes; ces transformations successives portent aujourd’hui le nom de « renouvellement urbain ». Les opérations correspondantes se déclinent en concepts de « rénovation urbaine » ou de « réhabilitation ». Rénover consiste à détruire ce qui doit être remplacé par du neuf, en respectant ou non l’ancienne morphologie urbaine. Réhabiliter c’est conserver cette dernière en donnant un « coup de neuf » et en mettant le bâti aux normes de confort et de sécurité requises de nos jours. L’ensemble de ces opérations s’accompagnent ou non, selon la volonté politique et les lois de l’économie et du marché, de changement des types de population résidante. Les problèmes de ce « renouvellement urbain » peuvent ainsi s’énoncer à travers les questions suivantes : libérés ? La ville de Beyrouth ravagée par une guerre de plus de 15 ans, offre un terrain d’observation particulièrement fertile pour comprendre ces questionnements, notamment par l’étude du centre-ville et de sa périphérie immédiate. Cette communication s’alimentera plus particulièrement sur le terrain de deux quartiers emblématiques possédant avant guerre un tissu morphologique et social identique. Le premier, vidé de ses habitants, a été réhabilité par la société privée en charge de la reconstruction du centre-ville dévasté par la guerre. Le second, en périphérie de ce centre, continuellement habité et actuellement soumis à des pressions diverses, est en attente de son avenir. La morphologie urbaine prise en compte est celle des « » forme traditionnelle présente dans nombre de villes du Machreq et du Maghreb. Porteur d’urbanité, il est un phénomène atemporel spécifique à la ville, le a été mal interprété et souvent mal défini. Il se présente dans notre cas, comme concept socio-spatial, qui, au delà de son spatial capable de gérer la densité urbaine, est le centre d’un monde social qui l’organise dans une relation interdépendante, structurant et structurante du paysage urbain de la ville méditerranéenne. Une étude empirique menée dans le cadre d’un master en urbanisme en 2005, nous a permis, au delà des lectures déductives, de décrire le beyrouthin comme étant un ensemble d’habitat populaire 1 autour d’un espace végétal à ciel ouvert, à usage multiple et entouré d’une enceinte de hauteur variable. Il est clôturé, et ne communique avec l’espace adjacent, le «Zoukaq », la rue étroite qui le borde, qu’au travers d’une porte de dimension modeste. Le suit une logique propre de connections intérieures pour former un quartier « Harat » et ainsi constituer un tissu urbain particulier. Occupé par des familles parentes ou issues d’un même milieu géographique, il a une toponymie identitaire des occupants principaux. Bien que les raisons de l’organisation spatiale des puissent varier selon différentes sources 2 , entre raison sociale, ethnique, religieuse et /ou sécuritaire, il en reste que l’une des raisons majeures, serait dans la complexité de la condition climatologique des pays arabes et méditerranéens qui nécessita une réponse architecturale se manifestant en son espace intérieur 3 . Le est connu par son hospitalité et son concept écologique. Comme réponse climatologique, il est un espace à ciel ouvert, où le végétal et le minéral vont de pair comme éléments structurants de l’espace. Dans les habitats traditionnels urbains étudiés à la périphérie de Beyrouth, le , est un jardin qui forme un sas entre l’espace privé de l’intérieur et l’espace public de la rue. Il est le centre d’activités communautaires, un endroit sécuritaire pour le jeu des enfants, et de tâches domestiques de la maison (cuisiner, laver, lessiver....) : toutes les cellules (de 1 ou 2 étages) l’entourent et s’ouvrent à lui. Une « Bahra » 4 ou « Birkeh » centrale y rafraîchit l’air sec et chaud de ces régions. Les arbres, généralement fruitiers ou ornementaux tels les : oranger, l’ombre et empêchent les rayons de soleil de réchauffer les façades ; ils participent à donner vie et convivialité au cadre bâti. C’est le lieu par excellence de rencontre de la famille, spécialement les femmes pour une « sobhiyeh » 5 . Le sol peut être dallé. Des bancs construits en béton désignent la « A’adet » 6 autour du bassin. Les quartiers en études Le premier quartier d’étude (situé au centre- ville de Beyrouth), a été réhabilité 7 et gentrifié pour une population différente des habitants antérieurs. Des bobos originaires des pays du golfe ou libanais nantis occupent aujourd’hui le quartier. Le second - Bachoura Est- (périphérique au centre), a gardé ses anciens occupants ; il est dégradé et a subi des implantations sauvages de qualité médiocre introduisant une note discordante dans l‘harmonie du paysage initial. Il subit aujourd’hui des tensions internes et externes qui mettent en question son avenir. Ce dernier peut se décliner selon la logique d’investisseurs privés qui décideraient un futur en rupture avec la morphologie ancienne, le 195
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