La définition d'une stratégie d'intervention. La ... - RehabiMed
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<strong>La</strong> <strong>définition</strong> d’une <strong>stratégie</strong> d’intervention.<br />
<strong>La</strong> definición de una estrategia de intervención<br />
Defining a strategy for intervention<br />
disparaître les expressions culturelles du local.<br />
Choix et limites politiques<br />
<strong>La</strong> situation actuelle de notre patrimoine est préoccupante tant pour<br />
les pouvoirs publics que pour les usagers. Ces tissus urbains anciens<br />
subissent, aujourd’hui, le poids d’un passé séculaire, les conséquences<br />
des dernières décennies en matière d’aménagement et d’urbanisation<br />
ainsi que les contraintes du présent. Le poids du passé en tant qu’acte<br />
de fondation, en tant qu’apports civilisationnels sédimentés dans des<br />
cycles historiques, en tant que repère et mémoire, en tant que cadre<br />
bâti, idéalisé ou rejeté, témoigne d’un équilibre antérieur entre forme<br />
sociale et production architecturale.<br />
Les conséquences de choix politiques s’inscrivent et s’expriment au<br />
plan spatial. Choix politiques qui, au début du siècle, ont conduit à des<br />
bouleversements de polarité urbaine et à l’apparition d’un nouveau<br />
modèle de la cité, de la citoyenneté et de l’urbanité. Les contraintes<br />
d’un présent nécessitent, dans le cadre des orientations d’une politique<br />
nouvelle, que les actions envisagées dans les centres historiques<br />
obéissent à des conceptions du spatial et du social en interaction<br />
constante.<br />
Là réside, de fait, l’un des plus grands dangers qui menacent l’identité<br />
des tissus urbains, anciens et nouveaux, qui menacent la coexistence<br />
spatiale, qui menacent la réconciliation des citoyens avec leurs cités, en<br />
maintenant ou en créant, de manière implicite ou explicite, voulue ou<br />
pas, de l’exclusion, de l’insécurité, de l’injustice, etc. Parmi ces dangers,<br />
et non des moindres, persiste cette vision techniciste du progrès et les<br />
ravages qu’elle engendre.<br />
Il est devenu opportun d’œuvrer pour une compréhension extensive<br />
et de l’architecture et de l’urbanité dont les approches ne doivent<br />
plus être limitées à des seules variables techniques et matérielles mais<br />
doivent nécessairement intégrer les dimensions humaines, les valeurs<br />
culturelles qui seules fondent l’espace de vie, la cité, l’urbanité. D’où<br />
une multiplication des actions entreprises sur le terrain pour capter,<br />
justement, “l’esprit des lieux”. D’où également, le partenariat qui est de<br />
plus en plus pratiqué, sous forme de dialogues sur les villes, avec les<br />
groupements associatifs, représentants de la société civile.<br />
D’où enfin, la recherche de projets intégrés qui permettent d’initier<br />
des opérations, en matière de revitalisation, d’amélioration et de<br />
valorisation de cadre de vie qui soient durables, en ce sens que leur<br />
pérennité soit assurée, dans les modes de financement, d’entretien et de<br />
développement, par ceux-là mêmes qui sont les premiers concernés.<br />
Ainsi, ces centres urbains historiques pourraient devenir non seulement<br />
<br />
procédure de participation réelles, à une nouvelle génération de<br />
documents de gestion urbaine spécifiques au patrimoine, des centres<br />
revitalisés et des laboratoires d’exploration de nouvelles composantes<br />
d’une identité culturelle contemporaine.<br />
Le patrimoine : défis et perspectives<br />
Face aux dangers qui touchent le patrimoine architectural national et<br />
de l’ampleur des négligences ou d’insensibilité vis-à-vis du patrimoine<br />
dans la gestion urbaine, l’objectif premier semble être celui de<br />
mémoriser, d’archiver et de préserver les traces (écrites, graphiques,<br />
photographiques, construites, etc.) destinées à assurer la pérennité<br />
de ce patrimoine menacé. Mais très vite, l’on se demande pourquoi<br />
faire ? Pourquoi s’émouvoir sur un passé qui passe ? Plaisir narcissique,<br />
romantique ou combat d’arrière garde ?<br />
Devant cette tendance lourde qui est celle de la dénaturation, de la<br />
dévalorisation et de la destruction physique du patrimoine architectural<br />
et urbain, il est devenu impératif de prendre position sans laisser croire<br />
que la réaction à ce phénomène découle d’un souci nostalgique ou d’un<br />
attachement romantique au passé. Parler de la perte de ce patrimoine<br />
architectural et urbain est, aujourd’hui, dans les pays concernés, un<br />
devoir de citoyen et se taire pourrait être, ultérieurement, qualifié de<br />
complicité.<br />
De mon point de vue, la revitalisation et la sauvegarde de notre<br />
patrimoine ne doivent pas se limiter à une opération de restauration<br />
d’un patrimoine physique mais la prise en considération de ce<br />
patrimoine architectural, de la mémoire, afin de mettre en relation la<br />
connaissance et la vitalité de la ville ancienne avec le développement<br />
de la ville d’aujourd’hui et de la ville en projet. Un développement<br />
centré sur l’Homme et génératrice d’auto-estime, qui prétend donner<br />
aux plus faibles et aux plus vulnérables la possibilité de s’occuper euxmêmes<br />
de leur existence et qu’ils n’aient pas à dépendre de la charité.<br />
Citoyenneté et droits culturels<br />
Les citoyens ne sont ni directement consultés, ni consultés à travers<br />
les groupements associatifs qui les représentent, pour donner un<br />
quelconque avis sur les grandes décisions, sur les grandes orientations<br />
qui, non seulement engagent les deniers publics, c’est-à-dire leur argent,<br />
mais engagent le devenir des villes et du patrimoine architectural.<br />
Orientations qui engagent la transmission d’un héritage qui nous a été<br />
légué et qui persistera, enrichi ou dénaturé, ou disparaîtra du cadre de<br />
vie des prochaines générations.<br />
Pourtant, être citoyen, c’est ni plus ni moins appartenir à la cité. C’est<br />
contribué, de manière directe ou indirecte, à décider de son état, de<br />
son amélioration et de son devenir. L’espace social dans lequel chacun<br />
de nous voit le jour, vit, se déplace, travaille, se promène, et finit par s’en<br />
aller, est une composante de son identité et de sa dignité. <strong>La</strong> délégation<br />
de pouvoir faite à l’élu est justement destinée à viser à l’amélioration de<br />
cet espace social. L’améliorer pour le rendre plus apte à recevoir, dans<br />
les meilleures conditions d’hygiène et de propreté, de protection et de<br />
sécurité, de respect de l’environnement et d’accessibilité, etc., toutes les<br />
activités sociales multiples qu’il est destiné à recevoir et à abriter. Nous<br />
devons donner aux gens la possibilité d’être ce qu’ils veulent, de créer<br />
leur propre identité et leur institution.<br />
C’est ce, qu’en commun, associations citoyennes et cadres de<br />
l’administration, nous essayons progressivement de faire. En étant<br />
bien conscients qu’à la différence des décennies précédentes, le<br />
déroulement des activités sociales dans les établissements humains,<br />
que ce soit en milieu urbain ou dans les villages et les hameaux, n’aura<br />
plus à n’être régie que par une conception strictement sécuritaire du<br />
cadre de vie.<br />
Il est important, aujourd’hui, que la pratique architecturale, que la<br />
recherche architecturale, que l’enseignement de l’architecture et<br />
les publications sur l’architecture, prennent en considération ce<br />
patrimoine, dans sa richesse et sa diversité, pour proposer une tonalité,<br />
des orientations, des ambiances architecturales, non sous forme<br />
de pastiche de ce patrimoine, mais dans la perspective de formes<br />
renouvelées de sa modernité endogène. Une modernité endogène,<br />
fruit d’un effort de créativité, qui s’inspire de ce patrimoine en tant<br />
que repère et identité, en tant que mémoire et matrice ouverte à la<br />
conception d’une architecture contemporaine. Une architecture à la<br />
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