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Prévention et sécurité au travail<br />
Faut qu’on s’parle<br />
La réduction des accidents de travail et du taux de roulement du personnel<br />
ne peut pas se réaliser sans communication. Par Langis Lafrance<br />
<strong>Dans</strong> les années 90,<br />
j’ai souvent eu à<br />
intervenir auprès<br />
d’agences de location de<br />
personnel spécialisées en<br />
chauffeurs. À cette époque,<br />
pour certaines, les conditions<br />
de travail n’étaient pas<br />
toujours très bonnes et la<br />
formation, peu développée.<br />
Le taux de roulement du<br />
personnel et le nombre<br />
d’accidents étaient très élevés.<br />
Nous avons alors mis en<br />
place un programme de<br />
formation plus complet qui<br />
comprenait une partie sur les<br />
connaissances générales de<br />
base (heures de conduite,<br />
vérification avant départ,<br />
transport des marchandises<br />
dangereuses, arrimage,<br />
SIMDUT…) et une partie<br />
sur les règles et procédures<br />
spécifiques aux clients de<br />
l’agence où le chauffeur allait<br />
être affecté. Or, ce qui a donné<br />
le plus de résultats, c’est<br />
d’avoir également créé des<br />
équipes de travail dans les<br />
compagnies clientes où il y<br />
avait plusieurs chauffeurs de<br />
l’agence. Ces équipes de travail<br />
étaient supervisées par un<br />
chef d’équipe dont le mandat<br />
était de former, de conseiller<br />
et de jouer un rôle d’intermédiaire<br />
en cas de conflit. Chez<br />
certains clients, le taux de<br />
roulement de personnel et<br />
d’accidents de travail a diminué<br />
de 50 à 80 % en un an.<br />
Nous avions mis en place<br />
des conditions favorisant<br />
l’échange et la communication<br />
entre les travailleurs.<br />
Car, il n’y a aucun doute :<br />
faut qu’on se parle!<br />
Faut qu’on s’parle<br />
en équipe<br />
Les équipes de travail constituent<br />
un pôle d’intervention<br />
indispensable pour développer<br />
la participation en santésécurité<br />
du travail. Il s’agit ici<br />
de créer des conditions favorables<br />
pour que des équipes se<br />
constituent en véritables collectifs<br />
de travail fonctionnels<br />
et reconnus. Il faut encourager<br />
les pratiques de gestion qui<br />
favorisent et valorisent<br />
l’entraide entre travailleurs,<br />
le partage des savoir-faire<br />
et l’implication dans la<br />
résolution de problèmes.<br />
Il est possible de pratiquer<br />
le renforcement des collectifs<br />
de travail en utilisant la<br />
santé-sécurité comme levier.<br />
Par exemple, lors des<br />
enquêtes d’accidents :<br />
demander à des travailleurs<br />
de participer au processus de<br />
recherche des causes de l’accident,<br />
valider ou définir une<br />
nouvelle méthode de travail<br />
ou former un groupe de travail<br />
composé de travailleurs<br />
pour qu’ils se penchent sur<br />
un problème de sécurité.<br />
Identifier un leader naturel,<br />
déjà reconnu par ses collègues<br />
autant pour ses qualités<br />
humaines (chaleureux, toujours<br />
disposé à rendre service<br />
et à donner conseil) que<br />
professionnelles (compétent<br />
et sécuritaire) qui servira<br />
officiellement de personneressource<br />
pour les autres<br />
travailleurs, constitue un bon<br />
moyen de favoriser l’échange<br />
et la communication entre les<br />
travailleurs sur leur métier.<br />
Cette personne pourra<br />
transmettre sa connaissance<br />
du métier aux travailleurs<br />
moins expérimentés, rassurer<br />
certains travailleurs sur les<br />
plans professionnel et humain<br />
(ils peuvent compter sur quelqu’un<br />
qui peut les écouter et<br />
les aider s’il y a un problème)<br />
et recueillir de l’information<br />
sur le terrain par rapport aux<br />
difficultés reliées au travail.<br />
Faut qu’on s’parle<br />
des risques<br />
Traditionnellement, l’intervention<br />
auprès des travailleurs<br />
en ce qui a trait aux risques<br />
consiste à leur donner de l’information<br />
objective, d’ordre<br />
médical ou technique, sur les<br />
dangers. Ce type d’intervention<br />
est généralement insuffisant<br />
pour développer les comportements<br />
de prudence et les<br />
initiatives sécuritaires souhaitées<br />
chez les travailleurs. Ces<br />
renseignements, bien que<br />
pertinents, semblent laisser<br />
indifférents les travailleurs<br />
puisque leurs comportements<br />
ne changent pas.<br />
Ainsi, au lieu de simplement<br />
informer sur les risques,<br />
l’entreprise doit communiquer<br />
avec les travailleurs pour<br />
qu’ils s’expriment sur leur<br />
propre expérience. Le but de<br />
ces échanges est d’amener les<br />
travailleurs à parler et à<br />
échanger sur les stratégies<br />
défensives qu’ils utilisent,<br />
individuellement ou collectivement,<br />
pour contrer la peur<br />
et l’anxiété qu’ils perçoivent<br />
d’une situation.<br />
Pour plus de détails sur la<br />
participation, je vous invite<br />
à consulter le document intitulé<br />
« Motivation et participation<br />
des travailleurs (euses) à<br />
la santé et à la sécurité au travail<br />
» disponible sur notre site<br />
Internet viaprevention.com.<br />
Il s’agit d’un résumé du<br />
rapport de recherche de<br />
l’IRSST mené par le<br />
professeur Marcel Simard<br />
de l’Université de Montréal.<br />
Par ailleurs, vous avez<br />
peut-être remarqué que<br />
notre association sectorielle<br />
a changé de nom et d’image.<br />
Elle s’appelle désormais<br />
Via Prévention. ▲<br />
Langis Lafrance est<br />
conseiller en prévention à<br />
Via Prévention. Vous pouvez<br />
le joindre à langis.lafrance@<br />
viaprevention.com<br />
AVRIL 2012 29