Oeuvres complètes. Tome 2

IU Montpellier
TRIBUT A LA CHIRURGIE
do la douleur, ils n'en gardent aucun souvenit·, et le sommeil
s'empare d'eux après l'opération : point d'hémorrhagie ni d'autre
accident. La sensibilité des tissus est atténuée pat· la promptitude
de l'adhésion. 11 n'est pas nécessaire c..le suspendre l'alimentation,
l'allaitement par le biberon ou le sein de la nourrice étant
également possible. L'opération est facile, prompte, sùre, l'encoche
qui la suit est moindre à cet âge. L'opération facilite le
rapprochement des os, s'il y a fissure profonde, et l'éducation
générale de l'enfant est heureusement influencée. Enfin la gué·
rison des enfants répond à un vœu ardent dos parents. On ne
peut méconnattt·e avec Dubois que la naissance d'un enfant
affligé d'un bec-de-lièvre est un grand malheur, surtout pour
une famille qui occupe par ses lumièi-es ou sa fortune une
certaine position sociale et que le chirurgien peut aussi s'inspirer
de cette considération pour tenter une guérison hàtive.
La Société de chit·u•·gie a repris la même que. Lion dix ans
après, et en a fa it la base d'une discussion intéressante. il laquelle
ont pris part contraJictoirement ses membres les plus éminents.
Lenoir, Dauyau et )Jatjolin partageaient l'opinion de t>nui Dubois;
Denom·illiers et ichon combattirent l'opét·ation hàti,•e ; Gner·­
sant posa une opinion éclcctiqae. L'at·gumcntation qui battait en
brèche l'opération hàtive obtint le plus de nccès et réunit le
plus d'adhérents, quoiqu'elle soit évidemment empreinte d'exagération.
On s'appuyait surtout de nouveaux faits malheureux.
Les moindres inconvénients étaient, aux yeux dos adversaires de
l'opération hâtive, l'indocilité des sujets, la mollesse des tissus,
la douleur, l'impossibilité de la succion. Le tort majeur attribué
à coLLe manière d'agir consistait dans les dangcr·s qu'elle suscite
pour la vie de l'enfant. Dupuytren avait déjà dit qu'en opérant
des enfants très jeunes, on augmente leschancos de mor talité qui
pèsent sur eux. M. Denon villiers signale spécialement les maladies
qui menacent les enfants affectés de bec-de-lièvre, tolles quo la
scarlatine, les affections intestinales, et on déduit leur viabilité
restt·ointe, que l'opération restreint davantage. Michon n'hésite
pas tlirc que si on opère un bec-de-lièvre compliqué immédiatement
après la naissance, l'enfant peut être considér·é comme
ac ri fié, et Mirault (d'Angers), venant à la l'escou se, vante l'abstention
comme gage de la sécurité du petit ètre affecté de bect
l