Oeuvres complètes. Tome 2

IU Montpellier
MALADIES DE LA Ten: ET DU COU 405
Pour rendt·c l'opération plus facile, M. Chassaignac a cu souvent
recours à une manœuvre fondée sur l'innocuité de la transfixion
des tissus, quand elle est suivie de l'installation des tuiJes
à drainage. \'oici en quoi elle consiste: Deux jours avant d'opérer
et après avoir habitué le malade au cathétérisme œsophagien ,
on place de chaque coté de la langue, un peu au-delà de la
lésion, un tube à drainage. Ces tubes sortent d'un coté par la
bouche , do l'autre sur la ligne médiane de la région sus-byo·tdicnnc,
ct on réunit les cxtt·émités libres de chacun d'eux do
manirre li fot·met· un anneau qui pend latéralement au dehot·s.
On les met en place à l'aide d'un trocart courbe implanté sur
une des rainures latét·ales du plancher buccal, et sortant dans
le point indiqué de la t·égion cervicale antéro-supéi'Îcure. Au
moment de l'opération, on coupe les deux anses : à l'extrémité
buccale de chacune est attachée la chaîne de l'éct·aseur ct celleci
jetée trans\'ersalement sut· la base de la langue, en an·ière de
la tumeur, est t·enouée, par ses deux bouts adossés l'un à l'autre,
à la région sus-hyoïdienne , où on articule l'é0rasemcnt. Cc
premic1· temps donne lieu à une coupe ,·ertico-transvers'lle qui
sépare la langue de ses auaches postérieures. On achève l'amputation
en portant la chalnE' métallique en arrière do l'incision
produite, et en serrant par la bouche au-dessous du frein. Combien
de temps doit-on mettre à opérer la section complète des
parties embrassées par les deux écraseurs? De l'aveu de M. Cbassaigoac
lui-même, on ne saurait formuler une règle absolue. La
première opération, faite en •t 852, à l'hôpital Saint-Antoine ,
ne fut terminée qu'au bout de quarante-huit heures; mais,
éclairé par de nombreuses expériences, ce chirurgien distingué
n'hésite pas à dire que vingt à vingt-cinq minutes , trois-qua riS
d'heu1·e au plus , représentent le maximum du temps qu'il
convient d'exiger pour la séparation complète de la langue.
Si on croit prudent do procéder avec plus de lenteur, il fa ut
rechercher des appareils légers qui puissent, sans trop d'cmbarras
pour le malade, reste1· plus longtemps on place. On peut
recourir au chloroforme, mais seulement après avoir placé les
fils.
La méthode quo je viens de décrire est applicable à toutes les
variétés de cancer lingual et à tous les cas d'amputation partielle