Oeuvres complètes. Tome 2

IU Montpellier
386 TRIBUT A LA CHIRURGIE
marche, quoiqu'elle manque parfois, sut·Lout dans sa fo,·me ulcéreuse
limitée à la face supérieure de l'organe. La gravité du
pronostic est manifeste. )Jaladie fatalement mo,·tclle , le cunccr
est incurable par les seuls efforts de la nature, ct trop souvent il
échappe à l'action du chirurgien. Livré à lui-même, il am(•nc
la mort dans un Lemps plus ou moins long. D'ordinaire, le malade
succombe dans la cachexie cancéreuse ou dans le marasme que
produisent la douleur, l'hémotThagie , le trouble des fonctions
digestives et l'intoxication ichorcuse. Si la tumeur est pédiculée
et siège à la base de la langue , elle peut, en s'appliquant sur
l'ouverture du larynx, produire une asphp.ie mortelle (Velpeau).
D'au tres fois, su rvicnt un accident noté par quelques observateurs
(Morel-Lavallée, Lenoir, etc.), ct vérifié à l'autopsie : je veux
parler de l'œdème de la glotte, des replis aryténo-épiglottiques
ct des cordes vocales. Dans ce cas, les sujets sont pris d'une
suffocation subite avec sifllcment de la gorge; l'atn. iété devient
e trème, la face est injectée , violacée, la bouche ouvct·tc, les
n::u·incs sont dilatées, les yeu hagards, etc. Les symptomcs
s'aggravent a,·ec plus ou moins de pr·omptitudc, ct, après une
dernière inspiration très sifflante, le malade succombe. En dehors
de ces causes de mort presque subite, la terminaison fatale n'arrive
qu'aprè des souffrances inouïes.
De toutes les formes de cancer, l'cncéphaloïdc c t la plus
grave, à cause de la rapidité de sa marche. L'épithéliome reste
plus longtemps borné à sa superficie, ct s'accompagne d'une
cachexie moins profonde. Le siège de la tumeur modifie sensiblement
le pronO!';tic; en effet, toutes choses égales d'ailleurs, le
cancer de la portion libre de la langue est moins grave que celui
de la base de l'organe, car il gène moins les fonctions, et reste
plus long t
emps accessible à nos moyens d'action. Les chances
déjà très faibles de guérison que donne l'intor·ven tion chirurgicale
diminuent beaucoup par l'engorgement dos ganglions auxquels
aboutissent les lymphatiques do la r(•gion. Quelquefois
purement inflammatoire, l'adénite sous-maxillHirc est toujours
d'un fàchcux pronostic, car· elle porte à croire que déjà CÀÎslent
les éléments d'une reproduction. Le cancer lingual est grave ,
mèmc quand il n'est pas hors d'atteinte. Velpeau le regardait
comme plus dangereux que le cancer de l'œil. Un grand nombre