Oeuvres complètes. Tome 2

IU Montpellier
MA.LA.DIES DE LA. TÊTE ET DU COU 225
parties de la bouche ne soit devenu plus fréquent depuis que
l'habitude de fumer s'est non-seulement répandue d'une manière
générale, mais qu'clio s'est accr·ue chez les individus qui l'ont
contractée. Si l'on compare à cet égard les tableaux de consommation
du tabac en France au commencement de ce siècle avec
ceux de l'époque actuelle, on se convaincra que c'est surtout
depuis la fin de l'Empire , et spécialement depuis 1830 , que
l'u age de ceLle substance s'est généra li é d'une maniè-re vraiment
extraordinaire '. Or, il c t à rcmar·querquc le nornbr·e des cancers
des lèvres est devenu plus considér·ablc mesure que l'invasion
de l'habitude qui pou\ait provoquer cette maladie fa isait ellem!mc
des progr(•s. Cette lésion était assez rare avant l'époque
contemporaine. Si l'on consulte les auteur•s de chirUJ·gie du dernier·
siècle, ct mfome ceux du commencement du siècle actuel, on
r·cconnait que le cancer des lèvres n'est pas notk dans leurs
ouvrages comme arfcct.anL une prédominance marrruée sur· celui
des autr·es régions, ct nul d'entre eux ne par·a!L U\'Oir souponné
que l'influence du tabac à fumer pùL jouer un rolc comme cause
détcr·minanlc de la maladie.
On peut s'en convaincre en parcourant les articles consacrés à
l'étude du cancer buccal dans les traités généraux de Sabatier,
Lévei\16, Boyer, Del pech, Richerand, etc. Les chir·ur·giens étranger·s
à qui l'on doit aussi une exposition générale do la science ,
tels que lleistcr, Bell , Hichter, M.onteggiu , gardent le même
silence sur· cc point d'étiologie, qu'on ne trouve pas signalé non
plus dans les auteur· d'ouvrages spéciaux sur les maladies de la
bouche, tel que Jourdain ct Gariot. On n'enfreint pas les règles
d'une induction r·ationnelle en admettant que si des obscrvatcur·s
que leur expérience rnettail à même de recueillir· ct de juger les
faits de cet ordre , n'ont pas rema1·qué la fréquence du cancer
labial dans la proportion Oll nous le constatons aujourd'hui, c'est
que la cause occasionnelle de ceLLe maladie était moins com-
1 Les décrets impériaux de 1810 et de 1811 nynnt restiué Il l'lhRt le monopole
des t.'\bacs et créé ln t-éyie, on n constaté, pnr les documents officiels de cette
Administrntion, •tue ln vente des tabacs procurait i1 celle épotrue un bénéfice
annuel de 25 millions pour le Trésor ; depuis, ce prod•1it n'a fnitque s'augmenter,
et dans de telles proportion,, IJU"il donne aujourd'hui à l'tnt un revenu de près
de 200 millions.
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