Oeuvres complètes. Tome 2

IU Montpellier
354 TRIBUT A LA CHffiURGIE
on n'a pas notf> l'cistence de cc s mptome pourtant si grave : la
langue était fixée dans toute sa lar·geur à la mùchoire inférieure.
n'ayant de libre, de l'adhérence au bout de la pointe, qu'cm iron
deux lignes de longueur. Elle ne pouvait, dit l'ob cr·,·aLcur, ni
s'allonger. ni se replier, ni faire aucun des moll\emcnts nécessaires
pour la succion ou pour la pai'Olc : aussi le jeune sujet
était-il tombé dans l'émaciation la plus profonde. L'opérMion fut
pratiquée de la manière suivante: aprt'S a,oir introduit un
bùillon entre les molaires , afin de tenir la bouche ltugernent
ouverte, le chirurgien l'elcYa avec l'index ct le médius do la main
gauche le petit bout de la langue ; il procéda ensuite à une dissection
minutieuse, en ayant soin do ne pas ton mor le tranchant
du scalpel vers le corps de l'organe. L'hémon·haic fut insinifiantc,
ct l'enfant, mis au sein, pul téter sans difficulté aucune.
Au lieu d'une adhél'ence uniforme, on l'encontre quelquefois
une tumeur sub-linguale , obscnce d'abord par Faure , qui l'a
comparée à une seconde langue. Elle consis t e en un boul'l'clct
chal'nu, de dimension variable, dont la présence gênr beaucoup
les mouvements de l'organe qui le smmontc. Dans le cas de
prolapsus h) pertrophique cité par (aurin . la difficulté de la
succion avait été atLribuée à ce que la langue adhérait au;\ gcnci,cs
par une tumeur spongieuse gros::-c comme une nrlinc.
\.'était c\ idem ment l'analogue du bounclct de Faure , qui n'est
pcut-ètre lui-même qu'une variété de grenouillette. CeLle anomalie
congénitale a été combattue a\antagcuscment par des
scarifications, mais le dégorgement qui en résulte n'est pas toujours
suffisant poul' rendre à la langue sa liberté d'action. On a
recours alors à la section du boutTelct sous-lingual ; cette petite
opél'ation ne doit pas ètrc faite sans précaution , il cause des
hcmorrhagics fréquentes dont elle s'accompagne. Faure, pour sc
•·endre maitre du sang , dut tenir pendant plus d'une heure , sur
la surface incisée, des morceaux d'agaric d'in6galc grandeur. Si
CC moyen ne reussissait pas, on aurait toujour·s la ressour·ce du
fer rouge, d'une efficacité moins douteuse.
Ou reste , la plaie qu'on vient de faire ne •·éclame aucun soin
sp{,cial ; elle se cicatriserait même trop vite , si le doigt du chirurgien
ct les mouvements de la langue n'empêchaient le recollement
des surfaces divisées.