Oeuvres complètes. Tome 2

BIU Montpellier
MALADIES DE LA TeTE ET DU COU 381
les mêmes caractères anatomiques que dans les aurcs régions
du corps ; aussi cr·oyons-nous inutile d'en donner la descr·iption,
qui sera mieux placée à l'article CANCEl\. La seule chose intéressante
pour· nous est l'étude des modifications que la lésion
subit par le fait du siège spécial qu'elle occupe. A son début, le
squjrrhe de la langue est circonscrit ou diffus. Circonscrit, il se
présente sous la fo rme d'une tumeur al'l'ondie, résistante, développée
dans l'épai seur de la muqueuse ou dans le tissu cellulaire
sous-jacent. Diffus, il constitue tantôt des plaques dures,
il'l'égulières et supcd1ciellcs; tan tot des masses d'une dureté
très gr·ande, il limites indécises, envoyant des prolongements au
milieu des parties saines. Cc fait n'est pas sans importance, car
il scr·tà expliquer·· certains co.s de récid ive sur· place, après l'ablation
apparente de tout le tissu morbide.
A la ,·ariété que nous décrivons appar·ticnt le cancer· atrophique,
dont lorel-Lavalléea communiqué une très remarquable
obsen·ation à la ociéLé de chirurgie. Dans cc cas, la langue,
moins volumineuse que de coutume, pré entait ur sa moitié
droite une déprcs ion profonde recouverte d'innombrables petits
mamelons ; le coté gauche, au contraire, offr·ait une surface inégale,
duc à des mamelons rougeàtres plus volumineux que ceux
de droite. Sa face inférieure n'existait plus, elle était confondue
avec le planclwrdc la bouche largement induré. Le tissu de l'organe
était fo rtement fr·oncé, rétracté sur· la partie moyenne de la
base, comme si le derme, pincé en ce point sur la face profonde,
a,·ait été déprimé. Enfin, la langue plissée, flétrie, avait à peine
le volume de celle d'un noveau-né.
La marche des tumeurs squirrheuses est ordinairement lente.
Pendant un lemps très long, elles restentstationnaires, ne manifestant
leur présence que par quelques douleurs lancinantes.
AlOI'S elles ne gênent que par leur volume, qui n'est jamais très
grand. - Après quelques mois, rarement après quelques années,
leur marche reç-oi t de quelque cause occasionnelle, par·fois insignifiante,
une impulsion inattendue ; leur volume s'accroit rapidement,
elles deviennent adhérentes aux par·tics voisines, dont
on ne peut plus les distinguer. En même temps les ganglions
lymphatiques s'engorgent et deYiennent douloureux; la tumeur
elle-même est le siège de douleurs lancinantes, que les malades