Mesure des prestations soignantes dans le système de ... - HEdS-FR
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psychiatriques, seul 4% du temps est consacré à cette activité. Dans un tel lieu, prendre soin<br />
du corps <strong>de</strong> l’autre, l'ai<strong>de</strong>r <strong>dans</strong> ses activités quotidiennes nous semb<strong>le</strong> un moyen privilégié<br />
pour créer <strong>le</strong> lien et <strong>de</strong> favoriser un espace d’échanges nécessaire au travail <strong>de</strong> la relation et à<br />
la construction du sens.<br />
Le résultat du CIT 4%, quant à lui, s’explique par la mission <strong>de</strong> ce service qui est <strong>de</strong> type<br />
soins intensifs en psychiatrie ambulatoire et qui reçoit <strong><strong>de</strong>s</strong> patients relativement autonomes<br />
allant <strong><strong>de</strong>s</strong> ado<strong>le</strong>scents aux personnes adultes.<br />
En chirurgie, au E2 (8%) et au C2 (6.5%) <strong>le</strong>s petits gestes qui consistent à ai<strong>de</strong>r à se laver, à<br />
se raser, à se mobiliser, à s'instal<strong>le</strong>r pour <strong>le</strong> repas prennent peu d'importance. Comment<br />
s'arrangent <strong>le</strong>s patients qui viennent d'être opérés d'une tumeur au larynx, d'une<br />
cholécystectomie ou d'une prostatectomie pour accomplir ceux-ci ? Pourquoi <strong>le</strong>s infirmières<br />
ne consacrent-el<strong>le</strong>s pas plus <strong>de</strong> temps à cette activité d'assistance ?<br />
Nous savons que <strong>dans</strong> ces <strong>de</strong>ux services, <strong>le</strong> personnel est en sous effectifs et <strong>le</strong> rou<strong>le</strong>ment <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
patients est important, <strong>le</strong>s nouvel<strong>le</strong>s techniques opératoires et <strong>le</strong>s pressions sur <strong>le</strong>s coûts <strong>de</strong> la<br />
santé réduisent <strong>de</strong> plus en plus la durée du séjour hospitalier. Les infirmières travail<strong>le</strong>nt <strong>dans</strong><br />
l'urgence et parent au plus pressé. La priorité <strong>de</strong>vient alors d'assurer <strong>le</strong>s traitements médicola<br />
délégués et la transmission <strong><strong>de</strong>s</strong> informations.<br />
Nous n'insisterons jamais assez sur la nécessité <strong>de</strong> revendiquer du temps pour ce type<br />
d'activité accompagné <strong>de</strong> la relation car l'ai<strong>de</strong> à la vie est une <strong><strong>de</strong>s</strong> pierres angulaires <strong>de</strong><br />
profession infirmière.<br />
Il est d'ail<strong>le</strong>urs interpellant <strong>de</strong> voir que <strong>dans</strong> <strong>le</strong>s textes <strong>de</strong> l'OPAS (Cf. annexe 10), <strong>le</strong>s soins<br />
dits "<strong>de</strong> base" dépen<strong>de</strong>nt d'une prescription médica<strong>le</strong> alors qu'ils sont composés <strong>de</strong> soins qui<br />
sont "à la base" <strong>de</strong> la discipline <strong><strong>de</strong>s</strong> pratiques <strong>soignantes</strong> (Cf. <strong>le</strong>xique, "J" pratique<br />
d'assistance). Ces soins se donnent <strong>de</strong>puis <strong><strong>de</strong>s</strong> sièc<strong>le</strong>s à l'initiative et sous la responsabilité <strong>de</strong><br />
cel<strong>le</strong> que l'on nomme aujourd'hui "infirmière" et en France, <strong>le</strong> décret 93-345 du 15 mars 1993<br />
relatif aux actes professionnels <strong><strong>de</strong>s</strong> infirmières françaises semb<strong>le</strong> assez clair sur <strong>le</strong> sujet:<br />
"Dans <strong>le</strong> cadre <strong>de</strong> son rô<strong>le</strong> propre l'infirmier a compétence pour prendre <strong>le</strong>s initiatives et<br />
accomplir <strong>le</strong>s soins qu'il juge nécessaires conformément aux dispositions suivantes: i<strong>de</strong>ntifier<br />
<strong>le</strong>s risques, assurer l'information, <strong>le</strong> confort et la sécurité <strong>de</strong> la personne en comprenant en<br />
tant que besoin, son éducation et cel<strong>le</strong> <strong>de</strong> son entourage…" (Magnon, 2001, p. 118).<br />
L'association suisse <strong><strong>de</strong>s</strong> infirmières et infirmiers (ASI, 1995) mentionne el<strong>le</strong> aussi, cette<br />
fonction autonome du rô<strong>le</strong>: "L'infirmière exerce un rô<strong>le</strong> autonome… et un rô<strong>le</strong> délégué (….)<br />
L'infirmier(ère) est responsab<strong>le</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> soins qu'il(el<strong>le</strong>) donne <strong>de</strong> son propre chef et qu'il(el<strong>le</strong>)<br />
délègue" (in Vol<strong>le</strong>nwei<strong>de</strong>r, 2001).<br />
Pour quel<strong>le</strong>s raisons <strong>le</strong>s assurances socia<strong>le</strong>s et autres caisses maladies ne peuvent-el<strong>le</strong>s pas<br />
prendre en charge <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>prestations</strong> <strong>de</strong> santé en l'occurrence, la pratique d'assistance (J), sans se<br />
trouver obligées <strong>de</strong> subordonner ces <strong>de</strong>rnières à une prescription médica<strong>le</strong> ?<br />
Que <strong>de</strong>vient l'ai<strong>de</strong> à la vie <strong>de</strong> type "SC3" prodiguée <strong>de</strong>puis <strong><strong>de</strong>s</strong> sièc<strong>le</strong>s 94 par <strong>le</strong>s différentes<br />
catégories <strong>de</strong> soignants ? La préservation <strong>de</strong> la santé serait-el<strong>le</strong> soumise à une sorte<br />
94 Si, comme <strong>le</strong> relèvent Dallaire et Blon<strong>de</strong>au, (1999, p. 189) l'histoire <strong>de</strong> l'évolution du savoir infirmier n'est pas<br />
seu<strong>le</strong>ment une suite d'évènements à mémoriser, et que cette évolution doit être comprise en profon<strong>de</strong>ur,<br />
intériorisée comme une aventure historique, c'est-à-dire comme une culture, il faudrait aussi arrêter <strong>de</strong> faire<br />
remonter la naissance <strong>de</strong> la discipline à la multiplication <strong><strong>de</strong>s</strong> communautés <strong>soignantes</strong> chrétiennes et à la<br />
vocation (Ibid. p. 102). Les ancêtres <strong>de</strong> la médiologue <strong>de</strong> santé ne sont pas <strong>le</strong>s infirmières religieuses. Les<br />
communautés <strong>soignantes</strong> chrétiennes avaient <strong>le</strong>urs actions pilotées par <strong><strong>de</strong>s</strong> théories <strong>de</strong> soins issues <strong>de</strong> la<br />
théologie. Mais simultanément à ces communautés chrétiennes, <strong><strong>de</strong>s</strong> communautés <strong>soignantes</strong> laïques avaient<br />
Laboratoire <strong>de</strong> médiologie <strong>de</strong> la santé/HES S2/Nadot 2002©