UNE IMPOSTURE IDENTITAIRE : L'« ODINISME » (L'arnaque de l ...
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UNE IMPOSTURE IDENTITAIRE : L'« ODINISME » (L'arnaque de l ...
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cela que se caractérise Les Fils d’Odin et l’« odinisme <strong>»</strong>, et plus que tous les<br />
autres Ubu : cette volonté plébéienne <strong>de</strong> toujours vouloir trafiquer la Réalité,<br />
la Nature.<br />
À commencer par sa présentation : Ubu serait soi-disant âgé <strong>de</strong> dix-neuf ou<br />
vingt ans, étudiant en droit. Il va <strong>de</strong> soi que ses propos révèlent au contraire,<br />
et je le démontrerai <strong>de</strong> manière irréfutable, qu’Ubu est un vieil imbécile au<br />
moins quadragénaire, et qu’il n’est pas plus étudiant en droit que lycéen ou<br />
adolescent, mais certainement issu d’un bas niveau social. Jamais en effet<br />
un ado ni un juriste, même future crapule, ne saurait à un si jeune âge<br />
montrer autant <strong>de</strong> saleté, <strong>de</strong> bassesse, ni <strong>de</strong> mauvaise foi et <strong>de</strong> méchanceté<br />
butée dans ses paroles. Cette façon <strong>de</strong> modifier les propos <strong>de</strong> l’adversaire,<br />
d’affirmer <strong>de</strong> manière éhontée qu’il a écrit ce qu’il n’aurait jamais imaginé,<br />
cette absence totale d’envergure, ce refus du débat, alors que le propre <strong>de</strong> la<br />
jeunesse même la plus conne est <strong>de</strong> se jeter dans l’arène en se croyant<br />
immortelle ou invincible, alors que le propre <strong>de</strong> la jeunesse est <strong>de</strong> vouloir<br />
conquérir le mon<strong>de</strong>, et <strong>de</strong> se croire universel, obsédé par l’idée <strong>de</strong> l’infini.<br />
Même les futures salopes, à vingt ans, sont idéalistes et sentimentales. Elles<br />
le sont sans noblesse. Mais elles le sont !<br />
Citons Nietzsche à ce propos : « L’homme noble écarte <strong>de</strong> lui les êtres en qui<br />
se manifeste le contraire <strong>de</strong> ces états élevés et fier : il les méprise. (…) Ce<br />
qu’on méprise, c’est le lâche, l’être craintif, mesquin, celui qui ne pense qu’à<br />
l’étroite utilité et même le méfiant avec son regard sans liberté (…) mais<br />
surtout le menteur : c’est une croyance invétérée chez les aristocrates que le<br />
peuple est menteur. « Nous les véridiques <strong>»</strong> - c’est ainsi que s’appelaient les<br />
nobles <strong>de</strong> la Grèce antique <strong>»</strong> 128 Nietzsche a dû pressentir Ubu et<br />
l’« odinisme <strong>»</strong> : le mensonge pathologique et la mesquinerie d’esprit.<br />
Le propre <strong>de</strong> la Noblesse est le sens du patrimoine, un certain détachement,<br />
méprisant, <strong>de</strong> la richesse, un otium (sens <strong>de</strong> l’oisiveté) jusque dans les<br />
situations les plus tragiques. La Noblesse connaît le sens <strong>de</strong> sa propre valeur<br />
et se fiche bien d’être méprisée <strong>de</strong> la racaille. Elle ne craint pas <strong>de</strong> remettre<br />
en cause son patrimoine, car elle se sent pré<strong>de</strong>stinée, par instinct, à la<br />
possession, à la propriété. Au contraire, la petite-bourgeoisie parvenue issue<br />
du sous-prolétariat, autant dire les couches moyennes les plus beaufs, qui<br />
sert <strong>de</strong> public <strong>de</strong> l’« odinisme <strong>»</strong>, s’accroche à grappiller le moindre sou,<br />
recherche la considération sociale en se soumettant au qu’en-dira-t-on, sans<br />
caractère, sans originalité propre. Elle sait n’être pas digne <strong>de</strong> la propriété.<br />
Aussi s’y accroche-t-elle avec une férocité ignominieuse.<br />
La Noblesse méprisant une petite tête lui sourira, et redoublera <strong>de</strong> politesse,<br />
afin <strong>de</strong> ne pas se salir. Ces beaufs « odinistes <strong>»</strong> prennent <strong>de</strong> grands airs,<br />
notamment ses dirigeants, cela va <strong>de</strong> soi, parce qu’ils se savent égaux aux<br />
plus bas. Cette façon <strong>de</strong> jouer les paon <strong>de</strong> basse-cour n’impressionne que<br />
leur public <strong>de</strong> secrétaires, <strong>de</strong> petits employés, d’ingénieurs et autres<br />
128 Friedrich Nietzsche, Par-<strong>de</strong>là le bien et le mal, éd. Hachette, coll. Pluriel, 2004, aphorisme 260, p. 214.<br />
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