( Dossier38de <strong>la</strong> stimu<strong>la</strong>tion par les électrodes imp<strong>la</strong>ntées.Ainsiles résultats obtenus par Shallop(Shallop et al., 2005) montrent chez deuxenfants présentant une surdité liée à uneNA/DA <strong>la</strong> restauration de potentiels d’actionsdéclenchés par stimu<strong>la</strong>tion électriquelors de l’imp<strong>la</strong>ntation. L’enregistrement desréponses a été réalisé pour l’un avec lesystème NRT (Neural ResponseTelemetry) lié à l’imp<strong>la</strong>nt Cochlear ® , alorsque pour l’autre il s’agissait du systèmeNRI (Neural Response Imaging) de l’imp<strong>la</strong>ntAdvanced Bionics Corporation ® .d. Les otoémissionsacoustiques provoquéssont présentesL’étude des OEAP, soit selon <strong>la</strong> techniquede Kemp, soit sous forme de Produits deDistorsion Acoustique (PDA) est utiliséepour valider <strong>la</strong> normalité des cellulesciliées externes au cours de <strong>la</strong> NA/DA. Lesmesures sont réalisées selon <strong>la</strong> techniquehabituelle : stimu<strong>la</strong>tion par des clics à unefréquence de 50 Hz. La durée d’analyse estde 20 ms et le nombre de stimu<strong>la</strong>tions de200 à 300 clics. L’analyse du résultat estbasé sur <strong>la</strong> présence, ou non, d’OEAP, leurreproductibilité et leur analyse spectrale(figure 3) (Legent et al., 2002; SFA, 2006).e. Une atteinte vestibu<strong>la</strong>ireasymptomatiqueest possibleFujikawa a retrouvé des anomalies desépreuves caloriques, sans symptôme vestibu<strong>la</strong>ireassocié, chez 9 patients dans ungroupe de 14 personnes présentant uneNA/DA. Parmi ces 9 patients, 7 présentaientune <strong>neuropathie</strong> périphérique associéeà <strong>la</strong> NA, alors que pour les 5 cas àépreuves caloriques normales, une <strong>neuropathie</strong>périphérique était présente dans unseul cas (Fujikawa et Starr, 2000).L’hypothèse d’une <strong>neuropathie</strong> vestibu<strong>la</strong>ireassociée à <strong>la</strong> NA a été avancée pour expliquerces anomalies du bi<strong>la</strong>n vestibu<strong>la</strong>ire.f. Au terme du bi<strong>la</strong>naudiologique quandretenir le diagnostic de<strong>neuropathie</strong> <strong>auditive</strong> ?Les critères établis par Starr (Starr et al.,2000) sont regroupés dans le tableau 1. Ilspermettent de considérer le diagnosticde NA/DA à partir d’un minimum d’examens: audiométrie tonale et vocale, impédancemétrie,étude des PEAP et des OEAP.En pratique devant un tel tableau clinique, enparticulier avec une surdité rapidement évolutivede l’adulte, <strong>la</strong> démarche diagnostiquecontribue à rechercher d’autres étiologies,plus ou moins rares que <strong>la</strong> NA. Ces diagnosticsjustifient <strong>la</strong> réalisation d’une imagerie.- Une pathologie tumorale évolutive doitêtre suspectée de principe. En effet lesschwannomes vestibu<strong>la</strong>ires peuvent toutà fait se présenter avec une atteinte <strong>auditive</strong>caractérisée par une altération de <strong>la</strong>vocale plus importante que <strong>la</strong> tonale, unedésynchronisation des PEA et des OEAPconservées. Le plus souvent l’atteinte<strong>auditive</strong> en tonale prédomine sur lesaiguës (Starr et al.,2000; Sterkers, 2001).Qu’il s’agisse d’une atteinte uni<strong>la</strong>térale oubi<strong>la</strong>térale, <strong>la</strong> réalisation d’une IRM cérébraleet des rochers avec injection deproduit de contraste permet de rechercherun schwannome vestibu<strong>la</strong>ire uni<strong>la</strong>téral,ou plus rarement bi<strong>la</strong>téral dans lecadre d’une neurofibromatose de type 2.- Cet examen permet aussi, sur les séquencesT2 en coupes fines, de rechercher uneanomalie morphologique des nerfscochléaires, à type d’hypop<strong>la</strong>sie oud’agénésie, qui sont cependant en règlegénérale diagnostiquées durant l’enfance.- Une atteinte <strong>auditive</strong> auto-immuneest difficile à affirmer en l’absence de testsuffisamment sensible et spécifique.Cliniquement l’atteinte <strong>auditive</strong> estvolontiers plus rapidement évolutive etaccompagnée de troubles de l’équilibrepar rapport au profil évolutif de <strong>la</strong>NA/DA, et surtout l’un des critères diagnostiquesest <strong>la</strong> réponse à <strong>la</strong> corticothérapieavec amélioration de l’audition(Vinceneux et al.,1999).Au terme de ces différents examens <strong>la</strong> NAest donc évoquée sur un faisceau d’arguments.Il est alors possible de distinguertrois types de situations : soit il existe unepoly<strong>neuropathie</strong> avec une sémiologieneurologique caractéristique associée, soitle lien avec une affection générale pouvants’accompagner d’une <strong>neuropathie</strong> diffuseest suspecté (Truy et al. 2005), et enfindans le dernier cas <strong>la</strong> NA est isolée.g. NA et ma<strong>la</strong>dieneurologique « diffuse »Chez l’adulte il s’agit essentiellement de <strong>la</strong>ma<strong>la</strong>die de Charcot-Marie-Tooth. Cetteaffection est hétérogène des points de vuegénétique et clinique. L’atteinte <strong>auditive</strong> estsouvent décalée dans le temps et se révèlechez un adolescent ou un adulte jeune(Rapin et Gravel, 2003). La ma<strong>la</strong>die débutele plus souvent dans l’enfance entre 10 et15 ans, mais peut aussi se révéler chez l’adultejeune. Les troubles de <strong>la</strong> marche etchutes sont fréquents. Il existe des troublessensitifs associés aux symptômesmoteurs et l’examen neurologique déterminel’importance de l’extension de <strong>la</strong>ma<strong>la</strong>die. L’électroneurographie périphé-1. Conservation de <strong>la</strong> réponse des cellules ciliées externes: présence d’otoémissionsacoustiques provoquées et /ou du potentiel microphonique cochléaire.2.Altération de <strong>la</strong> réponse <strong>auditive</strong> nerveuse : absence ou anomalies majeures de <strong>la</strong>réponse à l’étude des potentiels évoqués auditifs précoces du tronc cérébral.3.Absence de lésion évolutive décelée lors de l’évaluation neurologique clinique etradiologique (scanner ou IRM).4. Examen otologique sans particu<strong>la</strong>rité et tympanométrie normale.Tableau 1 : Critères proposés par Starr pour le diagnostic de Neuropathie Auditive /Désynchronisation Auditive.Les Cahiers de l’Audition - Vol. 20 - n°6 - Novembre/Décembre 2007
Dossier )rique et l’électromyogramme permettentde confirmer s’il s’agit d’une atteinte de <strong>la</strong>myéline ou de l’axone, définissant ainsirespectivement les formes 1 et 2 de <strong>la</strong>ma<strong>la</strong>die. Les corré<strong>la</strong>tions entre les anomaliescliniques et génétiques ont pu être établies,y compris dans les formes comportantune atteinte <strong>auditive</strong> : mutation dugène PMP22 (Postelmans et Storkroos,2006). Des associations de NA/DA avecdifférentes atteintes neurologiques ont étéidentifiées, par exemple lors de <strong>la</strong> <strong>neuropathie</strong>optique héréditaire de Leber (Ceranicet Luxon, 2006). Cette affection génétiqueà prédominance masculine se caractérisedu point de vue ophtalmologique par uneperte brutale de <strong>la</strong> vision centrale, due à unemicroangiopathie péripapil<strong>la</strong>ire avec atrophieoptique. Dans le cadre d’une souffrancenéonatale telle que l’hyperbilirubinémie, lediagnostic de NA/DA est parfois effectuétardivement à l’âge adulte (Truy et al., 2005).h. NA et affection générales’accompagnant d’une<strong>neuropathie</strong> diffuseEn dehors de ces affections neurologiquescaractérisées, le lien entre une NA et unepathologie générale s’accompagnant ellemême de <strong>neuropathie</strong> est re<strong>la</strong>tivementcomplexe à établir. Le cas du diabète illustreces difficultés.A titre d’exemple on peutciter deux études cliniques. Dans <strong>la</strong> premièreune évaluation de l’audition chez les diabétiques,comparés à un groupe contrôle, amontré une altération des seuils sur le 8kHz,une majoration du seuil en vocale et unallongement des <strong>la</strong>tences de l’onde V et desintervalles I-V et III-V aux PEAP. Il n’y avaitcependant pas de corré<strong>la</strong>tion de l’atteinte<strong>auditive</strong> avec <strong>la</strong> présence de signes évolutifsdu diabète du point de vue rétinien ourénal, et pas de lien entre l’atteinte <strong>auditive</strong>et <strong>la</strong> présence de signes de <strong>neuropathie</strong> diabétique(Diaz de Leon Morales et al., 2005).Dans <strong>la</strong> seconde étude l’analyse des PEAPet des potentiels évoqués visuels montreune corré<strong>la</strong>tion entre leur altération et l’évolutionde <strong>la</strong> <strong>neuropathie</strong> diabétique(Varkonyi et al., 2006). Ces résultats illust-rent les difficultés pour établir formellementun lien entre une NA/DA et l’évolutiondu diabète. En pratique clinique il estlogique de recommander de rechercher undiabète de principe devant une NA de découverterécente, et s’il est présent d’en effectuerle bi<strong>la</strong>n et l’instauration du traitement.2. QUELLE STRATÉGIETHÉRAPEUTIQUE ?3Le traitement dépend du niveau de l’atteinte<strong>auditive</strong>, qui est variable au cours de <strong>la</strong>NA/DA.Les patients développent habituellementspontanément une lecture <strong>la</strong>biale plusou moins efficace, et qui mérite d’être renforcéepar une rééducation orthophonique.a. Appareil<strong>la</strong>geconventionnelLe bénéfice potentiel de l’appareil<strong>la</strong>geconventionnel au cours de <strong>la</strong> NA estlimité, voire nul dans certains cas. Il restecependant proposé de première intentiondans les formes les moins sévères avecconservation d’une intelligibilité suffisanteen audiométrie vocale (Truy et al., 2005).Ses modalités feront l’objet d’un articlespécifique dans le numéro suivant descahiers de l’audition.b. P<strong>la</strong>ce de l’imp<strong>la</strong>ntcochléaireChez l’adulte devenu sourd il paraît logiquede discuter une imp<strong>la</strong>ntation cochléaire. Lesrésultats obtenus montrent en effet unbénéfice potentiel (Postelmans et Storkroos,2006;Mason et al.,2003 ;Katada et al.,2005).Théoriquement le principe même de l’imp<strong>la</strong>ntcochléaire, stimu<strong>la</strong>nt les fibres du nerfcochléaire,est en contradiction avec une utilisationlors de <strong>la</strong> NA qui s’accompagne pardéfinition d’une atteinte de ces mêmes fibresnerveuses. Les propositions pour expliquerl’efficacité de l’imp<strong>la</strong>nt sont les suivantes :d’une part en cas d’atteinte de <strong>la</strong> synapseFigure 1 : Audiométrie tonale et vocale (mots dissyl<strong>la</strong>biques de Fournier). Les résultatsmontrent une altération asymétrique des seuils en tonale, plus marquée à gauche qu’àdroite. En vocale l’intelligibilité est nulle des deux côtés, y compris avec des intensitésélevées, ce qui contraste avec les niveaux des seuils obtenus en tonale, en particulier ducôté droit.39Les Cahiers de l’Audition - Vol. 20 - n°6 - Novembre/Décembre 2007