( DossierCHAPITRE V :ETIOLOGIES NON GÉNÉTIQUESRÉSUMÉ/ENGLISHSUMMARYsynchrony.When contemp<strong>la</strong>ting the list of thediverse other conditions ranging from cochlearnerve agenesis to paramyxovirus infections andRefsum’s disease, it clearly appears thatAuditory Neuropathy/Auditory Dys-synchrony isfar from being a single morbid entity.This <strong>la</strong>belindicates a peculiar profile of psycho-acousticand physiological anomalies having in commona deficit in the temporal representation of auditorystimuli at the level of the cochlear nerve.44P. DELTENREClinique deneurophysiologie,département de neurologieCHU Brugmann,p<strong>la</strong>ce Van Gehuchten, 4B-1020 Bruxelles Belgique.Tél.: + 32 2 4772459Fax: + 32 2 4772456E-mail pdeltenr@ulb.ac.beCe chapitre décrit les divers facteurs derisque et situations médicales non génétiquesconnues pour être associées avecun risque accru de Neuropathie Auditive/Désynchronisation Auditive. Parmi lescontextes médicaux les plus fréquemmentcités, on trouve <strong>la</strong> prématurité et ses nombreusescomplications, l’hypoxie périnataleet l’hyperbilirubinémie néonatale. Cettedernière condition peut être associée à uneNeuropathie Auditive / DésynchronisationAuditive réversible. La simple consultationde <strong>la</strong> liste des diverses affections al<strong>la</strong>nt del’agénésie du nerf cochléaire aux infectionspar le paramyxovirus des oreillons enpassant par <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die de Refsum suffit àdémontrer que <strong>la</strong> Neuropathie Auditive /Désynchronisation Auditive est loin deconstituer une entité morbide unique. Ceterme recouvre en fait un profil particulierd’anomalies psychoacoustiques et physiologiquesayant en commun un déficit de <strong>la</strong>représentation temporelle des stimuliauditif dans le nerf cochléaire.This chapter reviews the numerous nongeneticrisk factors and medical conditionsknown to be potentially associated with anAuditory Neuropathy/Auditory Dys-synchrony.Among the most frequently cited conditions,one finds prematurity and its many complications,perinatal hypoxia and neonatal hyperbilirubinaemia.The<strong>la</strong>tter condition may cause areversible Auditory Neuropathy/Auditory Dys-1FACTEURS DERISQUE ETCONDITIONSASSOCIÉES ÀLA NA/DA :Un peu moins de <strong>la</strong> moitié des patients présenteou développe une NA/DA en l’absencede tout antécédent médical personnelparticulier et apparaissent sous <strong>la</strong> forme decas sporadiques ou familiaux non-syndromiques.Les mécanismes génétiques à l’originedes cas familiaux concernent environ40 % des sujets atteints de NA/DA. Ils sonttraités dans le chapitre VI et ne seront plusabordés ici, sauf pour couvrir, afin de tenterd’être exhaustif, quelques pathologies génétiquespouvant être associées à uneNA/DA et qui ne sont pas décrites dans lechapitre VI.On connaît toute une série d’affectionsmédicales qui peuvent être associées à uneNA/DA :Les Cahiers de l’Audition - Vol. 20 - n°6 - Novembre/Décembre 2007
Dossier )a. D’une manière générale, <strong>la</strong> prématuritéet le cortège de complications médicales(ma<strong>la</strong>die des membranes hyalines, hyperbilirubinémie,anémie, septicémie…) quipeuvent y être associées seules ou encombinaison, constituent un facteur derisque vis-à-vis de <strong>la</strong> NA/DA (Deltenre etal., 1997; Madden et al., 2002). D’ailleurs,et quoique le tableau de destructionsélective des CCI soit considéré commeextrêmement rare dans les donnéesautopsiques humaines, il a récemmentété trouvé chez trois nouveaux-nés issusd’une série de quinze prématurésdécédés dans une unité de soins intensifsnéonataux (Amatuzzi et al., 2001).b. L’hypoxie périnatale (Rance et al., 1999).Selon certaines données expérimentalesobtenues chez l’animal, il semblerait quecontrairement à l’hypoxie aigüe quiaffecte <strong>la</strong> totalité de <strong>la</strong> cochlée, l’hypoxiechronique modérée puisse sélectivementdétruire les CCI (Sawada et al., 2001).c. L’hyperbilirubinémie néonatale représenteindéniablement <strong>la</strong> condition médicalele plus fréquemment associée à uneNA/DA puisqu’on <strong>la</strong> retrouve dans <strong>la</strong>moitié des cas de plusieurs séries pédiatriques(Rance et al., 1999 ; Madden et al.,2002). D’après le modèle du rat Gunn,mutant ictérique par déficit en enzymeconjuguant <strong>la</strong> bilirubine dans le foie, <strong>la</strong>NA/DA sur ictère néonatal serait uneauthentique <strong>neuropathie</strong> par lésion desneurones du ganglion spiral avec respectdes cellules ciliées de <strong>la</strong> cochlée (Shaia etal., 2005) et constitue une forme subtile,confinée à l’audition, d’encéphalopathiehyperbilirubinémique (Shapiro, 2005).Il convient de garder à l’esprit que le tauxde bilirubine sérique n’est pas un indicateurdu risque très fiable en raison de l’interactionentre le taux de bilirubine libre et plusieursautres facteurs comme l’âge postconceptionnel,le pH sanguin, <strong>la</strong> présenced’une septicémie, d’une hypoalbuminémie,etc... qui renforcent sa toxicité. Il resteactuellement difficile, spécialement chez lesenfants prématurés, de définir un tauxsérique sous lequel le risque est absent.Ainsi, plusieurs cas de NA/DA isolées ontété rapportés dans un contexte d’hyperbilirubinémiemodérée, ne répondant pas auxcritères de traitement par exsanguinotransfusionmais seulement à ceux de <strong>la</strong>photothérapie (Rance et al., 1999 ;Yilmaz etal., 2001), parfois avec des taux maximumde bilirubine sérique totale n’atteignant que17 ou 18 mg/dL (Shapiro, 2003).L’hyperbilirubinémie est également l’étiologie<strong>la</strong> plus fréquemment associée avec uneforme transitoire de NA/DA (Rhee at al.,1999 ; Madden et al., 2002).La figure 1 illustre l’évolution des PEATCd’un tel cas de NA/DA transitoire. Il s’agitd’un bébé né à domicile après 37 semainesd’une gestation normale et qui ne présenteaucune histoire familiale particulière. Autroisième jour de vie, on découvre unehyperbilirubinémie à 30.8 mg/dl pour<strong>la</strong>quelle il est admis en unité de soins intensifsnéonataux et traité par photothérapiedurant sept jours. Les taux de bilirubineentament immédiatement une décroissancelinéaire pour passer en dessous de 5mg/dl au sixième jour de traitement.Plusieurs pics fébriles survenus durantcette période font administrer une antibiothérapieempirique (ampicilline, cefotaxime,amikacine) durant sept jours. L’examenneurologique reste normal.Figure 1 : suivi longitudinal des PEATC issus de l’oreille droite d’un enfant présentant uneNA/DA transitoire dans le contexte d’une hyperbilirubinémie néonatale. Transducteur detype « tube phone ». Les triangles noirs indiquent le moment de l’impact de l’onde sonoresur <strong>la</strong> membrane tympanique. A sept jours de vie, <strong>la</strong> seule onde neurale persistante estune faible onde V tardive, le tracé est dominé par le PM. Quatre jours plus tard, le tableauest inchangé (notez <strong>la</strong> différence entre les échelles de temps). A l’âge de trois mois etdemi, <strong>la</strong> structure des ondes neurales s’est normalisée, avec un temps de conduction I-Vde 5,07 ms soit à <strong>la</strong> limite supérieure de <strong>la</strong> normale pour l’âge.45Les Cahiers de l’Audition - Vol. 20 - n°6 - Novembre/Décembre 2007