À la recherche de main-d'œuvre bon marché en Europe
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30m<strong>en</strong>t propre au secteur <strong>de</strong> <strong>la</strong> construction, <strong>la</strong> dynamique <strong>en</strong>tre le détachem<strong>en</strong>t etle travail intérimaire mérite plus d’att<strong>en</strong>tion. Dans un secteur à fort coeffici<strong>en</strong>t <strong>de</strong>travail, <strong>la</strong> discontinuité et une forte pression à <strong>la</strong> compression <strong>de</strong>s coûts figur<strong>en</strong>tparmi les paramètres cruciaux <strong>de</strong>s conditions et <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions <strong>de</strong> travail. Plusieurspays ont récemm<strong>en</strong>t traversé une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> grave pénurie <strong>de</strong> <strong>main</strong>-d’œuvre qui a<strong>en</strong>traîné le détachem<strong>en</strong>t ou le recrutem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> travailleurs du bâtim<strong>en</strong>t, qualifiésou non, via <strong>de</strong>s <strong>en</strong>treprises <strong>de</strong> travail intérimaire.Lors <strong>de</strong> l’adoption <strong>de</strong> <strong>la</strong> DDT, l’ampleur du détachem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> travailleurs intérimairesdans un autre État membre était négligeable, notamm<strong>en</strong>t parce que plusieursÉtats membres interdisai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core le travail intérimaire dans le secteur <strong>de</strong><strong>la</strong> construction. Il n’<strong>en</strong> reste pas moins que <strong>la</strong> DDT, à l’article 1 er , paragraphe 3c,dispose à propos du travail intérimaire transnational: les <strong>en</strong>treprises qui:détach<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> tant qu'<strong>en</strong>treprise <strong>de</strong> travail intérimaire ou <strong>en</strong> tant qu'<strong>en</strong>treprisequi met un travailleur à disposition, un travailleur à une <strong>en</strong>treprise utilisatriceétablie ou exerçant son activité sur le territoire d'un État membre,pour autant qu'il existe une re<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> travail <strong>en</strong>tre l'<strong>en</strong>treprise <strong>de</strong> travailintérimaire ou l'<strong>en</strong>treprise qui met un travailleur à disposition et le travailleurp<strong>en</strong>dant <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> détachem<strong>en</strong>t.Depuis cette époque, le secteur du travail intérimaire a connu une croissance sout<strong>en</strong>ueet emploie aujourd’hui près <strong>de</strong> 2% <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion active europé<strong>en</strong>neéquival<strong>en</strong>t temps plein. La plupart <strong>de</strong>s pays qui interdisai<strong>en</strong>t le travail intérimaireont levé cette interdiction à <strong>la</strong> fin <strong>de</strong>s années 1990, décision qui a été suivie d’uneaugm<strong>en</strong>tation substantielle. Depuis le début du siècle, le secteur <strong>de</strong> l’intérim a ététouché par une augm<strong>en</strong>tation considérable du nombre d’ag<strong>en</strong>ces douteuses quiemploi<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s sa<strong>la</strong>riés illégaux et/ou se soustrai<strong>en</strong>t au versem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s taxes et <strong>de</strong>sprimes (Håkansson et al., 2009).En France, par exemple, après l’abolition <strong>de</strong> l’interdiction <strong>de</strong>s <strong>en</strong>treprises <strong>de</strong>travail intérimaire et leur légalisation, l’externalisation dans le secteur <strong>de</strong> <strong>la</strong> constructiona pris <strong>la</strong> forme d’une sous-traitance reposant sur un apport exclusif <strong>de</strong><strong>main</strong>-d’œuvre (retour du marchandage, offre stable <strong>de</strong> travail précaire). La constructionest désormais fortem<strong>en</strong>t surreprés<strong>en</strong>tée dans le secteur intérimaire françaispuisque sa part (toujours <strong>en</strong> croissance) s’élève à 20,6% <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>main</strong>-d’œuvreintérimaire totale <strong>en</strong> 2006. Il a été calculé que les travailleurs intérimaires occup<strong>en</strong>t120.000 emplois temps plein dans <strong>la</strong> construction. L’échelon le plus bas <strong>de</strong>stravailleurs intérimaires ne figure pas dans les statistiques officielles re<strong>la</strong>tives auxtravailleurs du bâtim<strong>en</strong>t: ces travailleurs sont considérés comme <strong>de</strong>s «prestataires<strong>de</strong> services» ou purem<strong>en</strong>t et simplem<strong>en</strong>t ignorés du fait du caractère irrégulier <strong>de</strong>leur travail. Aux yeux <strong>de</strong> <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tion française, le détachem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> travailleurs intérimairesdans le seul but d’obt<strong>en</strong>ir <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>main</strong>-d’œuvre (à <strong>bon</strong> <strong>marché</strong>) est interdit.Du point <strong>de</strong> vue du recrutem<strong>en</strong>t, on est passé d’un système où les travailleursétai<strong>en</strong>t détachés à titre temporaire à un système où les travailleurs sont recrutéspar <strong>de</strong>s <strong>en</strong>treprises <strong>de</strong> travail intérimaire (dans les <strong>de</strong>ux cas, les intéressés sont ori-