histoire

[3^i] XXIX. Benoît Soranzo. 1484-I4py. 107
devoirs de sa dignité, se trouvant justement blessé des défiances qu'il
avait rencontrées, il avait tourné ses vues d'une autre côté.
Attiré vers Rome, dont il avait toujours chéri le séjour, il retourna
dans cette ville bien-aimée, la patrie commune de touts les chrétiens;
il y reprit avec bonheur les fonctions de protonotaire apostolique
qu'il avait remplies sous Innocent VIII et qu'Alexandre VI lui conféra
de nouveau 484. H n'en resta pas moins le fidèle sujet de la république;
il n'encourut pas sa disgrâce, et se borna à jouir comme
archevêque commendataire des revenus et des bénéfices que le sénat
voulut bien lui laisser.
Une lettre, adressée de Rome le 17 novembre 1488 au doge Barbarigo,
expose respectueusement les plaintes de Tarchevêque sur les
conséquences désavantageuses qu'avaient eues pour lui l'abandon forcé
d'une abbaye qu'on lui avait d'abord conférée. « Le Très-saint Père,
» tenant compte des dix-huit années que j'ai passées déjà au service de
» la cour romaine, considérant en outre que je suis arrivé â Tâge de
» quarante-cinq ans et que je ne reçois à peu près rien (iiienie de intrada)
» de mon archevêché, bien que j'aie payé 7,500 ducats mes droits
» de nomination, a bien voulu me donner motu proprio Tabbaye de
» Saint-Chrysogone de Zara, devenue vacante. Votre Seigneurie désire
» aujourd'hui cette abbaye pour un autre sujet, je m'en dessaisis volon-
» tiers, comme j'ai précédemment remis en ses mains Tabbaye de
» Saint-Zéno de Vérone, toujours dans Tintérêt « dudit » Rossi. Je
» n'élève aucune réclamation. J'ai fait ces renonciations avec plaisir,
» afin d'entrer dans les vue de Votre Seigneurie et de lui être agréable.
» Seulement, je la prie de vouloir bien considérer qu'il ne me reste
» presque plus rien aujourd'hui pour vivre décemment ». Il signe:
Filius et servitor vesîer B. SUPERANTIUS, archyepiscopus Nicosiensis,
Smi D. N. secrefarius.
D'aussi légitimes réclamations durent être accueillies; et c'est vraisemblablement
pour y satisfaire que Soranzo reçut en commende Tabbaye
de Sainte-Euphémie au diocèse de Padoue. Il en était titulaire
dès Tan 1489 +^\ Suivant Mahpiero, il posséda également en commende
Tabbaye de Saint-Apollinaire de Ravenne, dont on le trouve investi
à Tépoque de sa mort ^s^.
Les pièces réunies dans les cartons du Conseil des Dix se rapportent
surtout au temps de son séjour à Rome, de 1485 à 1493. Elles
offient en général peu d'importance. On y voit que Tarchevêché de
Chypre, quel que fût l'appauvrissement du pays, n'était pas devenu
484 Son épitaphe le rappelle Schrader, Monum. abbé commendataire de Sainte-Euphémie. Campidoital
p lîJ.. ?''" Veiiclo. Mss. de Saint Marc,
48s Capellari le mentionne à cette date comme 4B6 AnnaU Veneti. Vïor&ace, 1844, t. II, p. 695.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ