histoire

[2II] III. Durand? — Albert. 1211.
III. DURAND? — ALBERT. 1211.
En l'année 1211, un nouvel archevêque, nommé Durand, avait été
élu par le chapitre métropolitain. Mais un vice de forme dans l'élection
empêchait la cour de Rome d'accorder au candidat la confirmation
apostolique. A. ce grief principal contre l'élection s' ajoutaient aussi
contre l'élu certaines récriminations mal définies qu'avait adressées au
Saint Siège l'ancien régent de Chypre, Gautier de Montbéliard, beaufrère
du roi Hugues P"" de Lusignan, qu'il avait longtemps retenu sous
sa tutèle dure et cupide '4.
Au lieu de procéder directement à l'élection de l'archevêque ,
comme eût voulu le S. Siège, les chanoines de Nicosie, suivant vraisemblablement
en cela l'usage des royaumes d'Orient et désireux de
se montrer déférents pour l'autorité du jeune roi, qui ne dissimulait
pas sa satisfaction d'avoir atteint sa majorité, lui avaient présenté le
nom de deux candidats, en le priant de désigner celui qui lui était
le plus agréable. Le roi avait indiqué Durand, et Durand avait été
élu par le chapitre.
Le 30 décembre de cette année 1211, Innocent III était encore,
parait-il, insuffisamment informé de ces circonstances. Il avait reçu
seulement la notification de l'élection et la demande de la confirmation
adressée par le chapitre, par le roi et par les évêques suffragants de
Nicosie; mais en même temps lui étaient parvenues les accusations
de l'ancien régent de Chypre, avec les réponses de Durand ou du
chapitre. Ces accusations, remarquait d'ailleurs le pape, étaient au dire
de Durand, calomnieuses et inspirées uniquement à Montbéliard par
son hostilité notoire contre le roi et son dépit de n'avoir plus les
avantages de la régence '5. Quelqu'instance que l'on fit pour obtenir
la validation apostolique, le pape s'y refusa cependant et renvoia l'examen
de l'affaire au patriarche de Jérusalem, Albert, légat apostolique
en Orient '^. Le pape alléguait uniquement comme motif de l'ajournement
qu'un seul des électeurs s'était rendu en cour de Rome
pour solliciter la confirmation, le S. Siège ne pouvait suffisamment
s'éclairer sur les faits. Toutefois, afin d'éviter de nouveaux voyages
aux Orientaux, le pape autorisait le patriarche à confirmer l'élu,
s'il le jugeait à propos et à lui remettre en son nom le pallium.
14 Voy. Hist. de Chyp., t. I, p. 179. 16 Lib. XIV, ep. 134, 50 déc. 1211. Baluze, t. II,
i; Ih. t. I, p. 184. p. J70; Migne, t. III, col. 494.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ