Lune Magique - Capitaine Flam

voix de Jeff Lewis leur parvint à travers la radio de petite portée accrochée à leurs
combinaisons.
– Par ici. Restez groupés, et suivez les lumières. Rappelez-vous, il est dangereux de
s’éloigner.
Le réalisateur et Lo Quior montrèrent le chemin à travers la forêt sous-marine de
polypes, ils illuminèrent la route par des projecteurs de krypton attachés à leurs ceintures.
Derrière eux les techniciens traînaient des luges de métal plates sur lesquelles étaient
accrochées d’énormes caméras et le reste de l’équipement nécessaire.
Curt Newton remarqua Grag gisant sur l’une des luges et sourit intérieurement. L’eau
ne pouvait le gêner puisque le robot ne respirait pas. Il imagina qu’il devait ruminer de ne
pouvoir se promener en liberté.
– Faites attention aux engloutisseurs, les garçons. Jeff Lewis avertit les hommes armés
qui les accompagnaient. On m’a dit que c’étaient les plus dangereuses bêtes de cet océan.
L’étrange caravane avançait à travers le crépuscule éternel de Neptune. Dans leurs
combinaisons de plongée et casques rutilants, ils ressemblaient à des monstres grotesques des
profondeurs.
Leurs pieds s’enfonçaient de plusieurs centimètres dans la vase à chaque pas. Ils
étaient tous attentifs à l’étrange forêt de polypes, un labyrinthe d’algues blanches et vertes en
perpétuelle croissance, dont les limbes s’entrelaçaient avec les courants comme animés par
une vie semi-animale repoussante. Des bancs de poissons dorés apparurent d’un seul coup
devant eux. Puis un grand calme inquiétant s’abattit sur la forêt.
– Regardez ! Il y a un couple d’ursals ! La voix beuglante de Jim Willard les avertit
brusquement.
Avec rapidité les hommes levèrent leurs lourdes armes atomiques qui fonctionnaient
aussi bien sous l’eau que dans l’atmosphère ou dans le vide. Deux des énormes reptiles qui
ressemblaient à des dinosaures noirs nageaient vers eux en ligne droite.
– Il y a quelque chose sur le dos de ces créatures, cria Newton précipitamment.
Attendez !
Deux hommes aquatiques montaient les reptiles et s’approchaient de la troupe
cinématographique, apparemment ils avaient été attirés par la lumière. Les deux cavaliers
descendirent de leurs montures et les rejoignirent.
– Par les étoiles, ces choses sont à moitié humaines à moitié poissons, s’exclama mal à
l’aise Ron King.
– Ils sont simplement le résultat d’une extrême adaptation évolutive de l’ancienne
souche humaine à l’habitat neptunien, déclara Joan Randall.
Les hommes aquatiques étaient chauves et leurs visages avaient une apparence
humaine. Mais à la base de leurs gorges il y avait des branchies ouvertes qui pulsaient
régulièrement en aspirant l’eau. Leurs bras courts et puissants étaient prolongés aux coudes
par des palmes. Les deux jambes étaient presque reliées pour former un membre puissant avec
des ailerons en guise de pieds. Ils portaient des vêtements faits de fibres marines tissées
autour de fils de métal. C’étaient d’étranges rejetons de l’humanité, une partie de l’ancien
peuple de Deneb qui s’était adapté à ce monde aquatique pour respirer l’oxygène de l’eau et
vivre dans ces profondeurs vertes.
– Ils sont supposés comprendre un peu le langage interplanétaire, murmura Jeff Lewis.
Nous allons vite le savoir.
Le réalisateur actionna un commutateur sur sa ceinture, et sa voix fut ainsi déviée vers
un résonateur qui permettait la transmission des ondes sonores dans l’eau.
– Amis, déclara Lewis d’un son assourdi, dans un langage rudimentaire basé sur des
mots de l’ancien denebien que toutes les races galactiques connaissaient.
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