Lune Magique - Capitaine Flam

– As-tu préparé le tube de gaz que nous avions prévu ? demanda Curt Newton dans un
rapide murmure, sans plus de formalités.
Simon Wright lui tendit un tube argenté possédant une manette à l’une des extrémités.
– Oui ce n’était pas difficile. J’ai fabriqué le gaz soporifique à partir du carburant des
moteurs. Valdane est dans ses quartiers maintenant avec Kin Kurri. Mais le dénommé Rosson
est de garde à l’extérieur.
– Tu as apporté le convertisseur de pensées, dit rapidement le Capitaine Futur.
Rappelle-toi, je ne dois pas être vu ou toute la supercherie sera fichue.
Prenant d’infinies précautions afin de ne pas être aperçus de quiconque dans le
vaisseau, le Cerveau suivit Curt en planant ; ils parcoururent les corridors peu utilisés de
l’arrière du vaisseau vers le pont médian. Il se cacha dans un coin pour observer le couloir
central. Rosson, le coriace Terrien à la solde de Valdane, était encore de garde à la porte de
son employeur. Le Capitaine Futur se releva et arma le tube de gaz silencieusement. Il
actionna la manette brièvement. Un léger nuage de gaz quasiment incolore s’en échappa et
parvint au visage de Rosson. Le coriace Terrien s’effondra sur le sol.
Curt Newton traversa alors le corridor, le Cerveau proche de lui. Il écouta à la porte un
moment. Un vague murmure de voix provenait de l’intérieur. Curt Newton appliqua
l’extrémité du tube de gaz sur la serrure de la porte. Il actionna la manette, l’abaissant au
maximum afin que toute la charge de gaz comprimé remplisse la pièce. Il entendit le début
d’une exclamation de stupeur puis le bruit sourd de deux corps qui tombent. Aussitôt le
Capitaine Futur fit jouer adroitement la serrure de la porte. Celle-ci s’ouvrit sans peine. Il
traîna rapidement le corps inanimé de Rosson à l’intérieur avec eux.
Jon Valdane et Kin Kurri gisaient inconscients. Le gaz soporifique avait déjà été
évacué par le système de ventilation réparé, mais il avait eut le temps d’agir.
– Fermez la porte, Simon, ordonna le Capitaine Futur en se penchant sur le corps
prostré de Valdane avec le convertisseur de pensées. Soigneusement, Curt Newton apposa les
deux petites ventouses d’induction de l’appareil sur la tête de Valdane, de telle manière que
chacune repose sur les tempes du financier. Il vérifia les câbles reliant les ventouses à la
machine. Puis il actionna une touche et prudemment tourna le rhéostat sur le panneau frontal
de l’appareil.
– Nous n’aurons aucun contrôle sélectif avec cette machine, murmura Curt Newton
pendant l’attente. Mais si nous sommes chanceux, nous extirperons assez de choses des
pensées de Valdane pour nous éclairer sur ses plans.
– Nous n’avons pas beaucoup de temps devant nous, l’avertit Simon Wright. Si l’un
des hommes de Valdane arrive…
Il laissa la suggestion en suspens. Pour l’instant, en provenance du petit haut-parleur
relié à l’appareil une voix monotone parlait. C’était une voix qui s’articulait artificiellement.
Et ce qu’elle prononçait était des pensées ! Les pensées et la mémoire d’un Jon Valdane
inconscient étaient détectées par l’induction délicate des ventouses de cet incroyable
instrument, puis traduites artificiellement en un discours intelligible.
– …Devoir être puissant, disait la machine avec monotonie. Etre puissant, je dois être
riche. C’est le seul moyen de réussir. Je…
– Rien que des pensées du subconscient, murmura le Capitaine Futur. Il tourna un peu
le rhéostat. Nous devons récupérer ses pensées récentes.
Tels deux magiciens d’une science noire et impénétrable, lui et Simon Wright
écoutaient patiemment leur machine sonder les plus profonds secrets de l’esprit de l’homme
inanimé. Pourtant cette chose qu’ils avaient inventée, lui et Simon plusieurs années
auparavant, était basée sur des principes scientifiques simples. Leur convertisseur de pensées
était simplement un développement avancé d’une expérience très ancienne. Il y a longtemps,
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