Lune Magique - Capitaine Flam

Qu’Lur et les autres Stygians les attendaient anxieusement. Soumis à leurs principes
de non-violence, les Stygians avaient refusé de participer à la bataille, mais ils avaient pris le
risque d’attendre.
– Montez et chevauchez avec nous, cria Qu’Lur à Newton. Nous avons des kurus pour
vous.
Quelques Stygians avaient partagé à deux leurs étranges destriers afin de laisser des
montures libres au Capitaine Futur et à quelques-uns de ses compagnons. D’autres cavaliers
stygians firent asseoir derrière eux les membres de la troupe cinématographique, alors que
Curt Newton, Otho et Joan Randall montaient à leur tour.
– Futur s’enfuit avec eux, rageait la voix de Su Thuar dans l’obscurité. Arrêtez-les.
– En avant ! cria Qu’Lur.
Curt Newton lut la fureur sur les visages, des hommes rendus fous de haine se ruaient
sur eux et essayaient de les faire tomber de leurs montures. Mais les kurus nerveux et effrayés
par les hurlements bondirent en avant en prodigieuses enjambées. Ils s’échappèrent de Su
Thuar et de ses acolytes, galopant à travers les rues détruites.
Ils chevauchèrent vers le nord, dans la nuit trouble enveloppée de brume, hors de
Planet Town plongée dans l’obscurité. Les sabots capitonnés des kurus résonnaient
lourdement sur la plaine grasse tandis que se levait un vent glacial.
– Capitaine Futur, pourquoi vous et vos amis n’avez-vous pas quitté Styx comme nous
vous l’avions conseillé ? s’écria Qu’Lur en chevauchant. Maintenant vous ne pourrez plus
jamais repartir.
Avec gravité, le Capitaine Futur vint se positionner derrière eux.
– J’ai essayé jusqu’à la dernière minute de les persuader de partir, répondit Newton.
Maintenant ils devront rester ici à tout jamais. Vous n’auriez pas dû libérer la rouille, Qu’Lur.
– Ils se sont moqués de nos lois beaucoup trop longtemps, apportant toujours plus de
violence sur notre monde pacifique, répliqua fermement le vieux Stygian. Maintenant que
nous avons détruit leurs armes et leurs machines, plus aucun étranger ne pourra jamais venir
ici. Il ajouta sincèrement :
– Vous, les Futuristes et vos amis, vous auriez dû tenir compte de nos avertissements
et partir. Mais puisque vous ne l’avez pas fait, vous devrez passer le restant de vos jours sur
Styx. Cependant vous et vos compagnons êtes les bienvenus dans notre cité de Dzong, vers
laquelle nous nous dirigeons maintenant.
– Vous avez été aveugle, Qu’Lur, dit Curt Newton amèrement. Ne voyez-vous pas que
vous n’avez fait que retenir avec vous sur ce monde des centaines d’hommes brutaux et sans
pitié ? Même sans armes métalliques et machines, ils trouveront un moyen de vous attaquer.
Joan Randall qui chevauchait à son côté l’appela. Il vit à travers l’obscurité embrumée
que son visage était d’une pâleur mortelle.
– Curt, sommes-nous piégés ici jusqu’à la fin de nos jours ? Elle pleurait presque. N’y
a-t-il aucun espoir de nous échapper ?
– Joan, il y a peut-être un faible espoir, mais rien de plus. Le Destructeur ne va laisser
aucune trace de métal sur la surface de Styx. Aucun vaisseau ne peut plus se poser ici. Et nous
ne pourrons jamais en construire un sans métaux.
Soudain la fille sourit.
– Curt, au moins nous sommes ici ensemble. Si nous ne repartons jamais, cela ne me
dérangera pas tellement.
– Moi non plus, Joan. Mais le danger ici est plus grand que vous ne le réalisez. Cette
lune entière, coupée du reste du Système, retient une rouille qui tôt ou tard pourrait se
répandre sur toutes les autres planètes du Système Solaire.
Cette terrible éventualité qui parcourait ses pensées, le cloua dans un silence glacial.
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