Lune Magique - Capitaine Flam

– Depuis Jupiter ? Mais nous pensions que Kin Kurri t’avait tué sur Jupiter.
Le visage grimé d’Otho prit un air sinistre.
– Kin Kurri a essayé de me tuer là-bas. Il se doutait que je le suivais sur ce chemin
dans la jungle et m’a tendu une embuscade. Il avait pointé son pistolet sur moi, et allait
l’utiliser. Mais je suis plus rapide qu’un homme normal, comme tu devrais le savoir. J’ai
retourné l’arme juste un instant avant qu’il ne tire. Il s’est tué avec son propre pistolet.
Le Capitaine Futur commençait à réaliser.
– Maintenant je comprends. Tu t’es débarrassé de Kin Kurri là-bas.
– Et j’ai pris sa place, dit Otho. Je me suis dit qu’en étant Kin Kurri, l’un des associés
de Valdane, je pourrais percer les secrets du complot. Donc j’ai pris les vêtements de Kin
Kurri et utilisé le maquillage que je porte toujours à la ceinture, pour prendre son apparence.
Ni Valdane ni personne d’autre ne se sont douté que je n’étais pas Kin Kurri.
– Mais pourquoi diable ne me l’as-tu pas dit ? demanda Curt Newton.
– J’ai essayé, chef, dit Otho, sincèrement. La nuit où nous avons quitté Jupiter, je me
suis glissé dans ta cabine pour te le dire, j’avais une bouteille de démaquillant avec moi pour
te le prouver, si tu avais un doute. Il grimaça. Mais tu m’as assommé avant que j’aie eu le
temps de m’expliquer. Quand je suis revenu à moi, les autres étaient là et je ne pouvais pas
parler. J’ai dit à Valdane que j’avais des soupçons et que c’était pour cela que j’étais allé dans
ta chambre. Valdane m’a dit que j’étais stupide et m’a ordonné de te laisser tranquille. Donc
je n’ai pas osé te prendre à part pour te parler, je risquais d’éveiller ses soupçons en
désobéissant à ses ordres.
Le Capitaine Futur fronça les sourcils.
– Tu m’as certes tiré d’un mauvais pas à l’instant, mais en le faisant tu m’as aussi
procuré le choc de ma vie.
Les Stygians s’étaient remis de leur peur. Après quelques hésitations ils revinrent
lentement et se mirent à regarder Newton et Otho avec curiosité.
– Otho, quels sont les plans de Valdane ? demanda-t-il. En tant qu’associé, tu dois
avoir appris quelque chose de ses projets.
– Quasiment rien, chef, répondit Otho tristement. Il jura. Ce satané Valdane est trop
intelligent pour se trahir lui-même.
Les Stygians s’étaient tenus à l’écart, intrigués par leur débat rapide. Mais maintenant
Th’Thaan, leur chef, agrippait le bras de Newton.
– Nous ne comprenons pas, Capitaine Futur, dit-il. Pourquoi votre compagnon a-t-il
assommé cet homme ? Et quel est ce complot contre notre monde dont vous avez parlé ?
Viendrez-vous à Dzong avec nous pour vous expliquer devant le Conseil ?
Le Capitaine Futur acquiesça rapidement.
– Oui, nous allons le faire. Votre peuple a le droit de savoir ce qui les menace.
Otho lia adroitement Rosson, inanimé, avec des morceaux déchirés de sa veste.
– Amène-le, Otho, ordonna Curt Newton.
Ils traversèrent la plaine brumeuse en compagnie du groupe de Stygians vers la cité de
pierres délavées qui se tenait à un kilomètre de là. Bien que petite, la cité de Dzong était
incroyablement ancienne. Ses tours octogonales, accolées les unes aux autres, étaient
entourées d’un mur de pierre, et tout autour de larges terrains étaient soigneusement cultivés.
Avec Th’Thaan et les autres, ils franchirent les portes ouvertes de la métropole et
parcoururent les rues pavées vers la tour centrale qui était aussi la plus grande. Dans les rues,
les Stygians observaient médusés le spectacle de deux étrangers qui portaient à travers leur
cité un autre homme inconscient. Une petite foule se forma et les suivit.
Le Capitaine Futur était venu dans cette cité auparavant. Elle était comme il s’en
souvenait, une ancienne mais très belle ville avec des rues étroites et des tours élancées à demi
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