Lune Magique - Capitaine Flam

l’intérieur de la tour du Conseil, il continuait à neutraliser la rouille. Il avait travaillé si dur
pour construire ces choses, pour être finalement vaincu par les caprices imprévisibles du
brouillard changeant. Su Thuar semblait puiser sa rage dans la sérénité de Curt Newton.
– Néanmoins, je dois te remercier, Futur, ironisa-t-il. Je dois te remercier parce que je
suis maintenant le maître de cette lune. Personne ne pourra jamais me la prendre. Aucun
vaisseau du Système ne pourra jamais atterrir ici pour contester ma position. Et avant que tu
ne meures, siffla le Vénusien. Je veux que tu saches quelque chose d’autre. Je veux que tu
saches ce qui va lui arriver.
Il désigna le visage blême de Joan Randall. En faisant son geste, Su Thuar se raidit
brusquement et lança un regard furieux par-dessus la jeune fille. Un homme sortait de la tour
du conseil, un homme rondouillard et débraillé qui essayait fébrilement de s’échapper sans
être vu.
– Valdane, aboya Su Thuar. Ainsi c’est ce qui t’est arrivé. Tu es venu ici pour les
avertir.
– Non, non, je n’ai pas fait ça, répondit Jon Valdane, terrorisé. Non !
Désespéré, le financier commença à courir, il avait vu la mort dans les yeux du
Vénusien. Mais Su Thuar le rattrapa avec l’agilité d’un tigre, il leva son long poignard en
pierre. Le couteau primitif plongea dans le dos de Valdane. Le financier touché, tituba puis
tomba en avant, son visage sans vie heurta les pierres de ce monde dont il avait tant convoité
les richesses.
C’est à ce moment là que Curt Newton agit. Il avait senti que les deux hommes, qui le
retenaient, avaient relâché leurs étreintes en se retournant pour regarder. Son corps soudain se
contorsionna et s’échappa de leurs poignes comme un ressort qui se relâche. Curt Newton
bondit sur le levier de commande du grand héliographe, à un pas de là. Ses mains liées
agrippèrent le levier. Frénétiquement il tira en avant et en arrière. Les volets en verre de la
chose se fermèrent et s’ouvrirent rapidement au fur et à mesure qu’il émettait les lettres
codées.
– V.E.N.E.Z
– Curt, attention, cria Joan Randall.
Le Capitaine Futur sauta de côté, et la dague ensanglantée que Su Thuar dirigeait vers
son dos, plongea dans son épaule. Les mains liées du Capitaine Futur attrapèrent la garde du
poignard du Vénusien. Il avait désiré cet instant, les yeux enragés de Su Thuar plongèrent
dans les siens.
– Tuez-le, imbéciles, hurla Su Thuar aux hommes qui accouraient. Il a essayé de
contacter ses amis.
Luttant férocement, Otho essayait de rejoindre Newton.
Il y eut soudain un grondement de tonnerre, de plus en plus assourdissant pendant
qu’une masse sombre descendait sur eux dans la faible lumière du soleil.
– C’est la Comète ! s’écria de joie Joan Randall. Et la Patrouille !
La troupe de Su Thuar s’enfuyait dans toutes les directions alors que le petit vaisseau
des Futuristes et la demi-douzaine de croiseurs menaçants de la Patrouille Planétaire qui la
suivait, atterrissaient rapidement sur la place centrale.
Les armes atomiques des vaisseaux en approche tirèrent férocement sur la horde de
fuyards. L’énorme silhouette de Grag bondit hors de la Comète, et ses poings de métal
fracassèrent les têtes comme des coquilles d’œufs en se précipitant vers Curt Newton et Su
Thuar. Celui-ci, le visage livide, relâcha brusquement le poignard et se retourna pour s’enfuir.
Son abandon soudain laissa l’arme dans les mains de Newton, qui la plongea dans la gorge du
Vénusien. Su Thuar se contorsionna, ensanglanté, l’écume aux lèvres, il recula de quelques
pas et s’effondra à côté du financier qu’il avait tué quelques minutes auparavant.
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