Lune Magique - Capitaine Flam

– Nous n’aurons plus d’autre opportunité d’utiliser le convertisseur sur Valdane, il va
bientôt reprendre ses esprits. Et nous n’avons trouvé que des bribes d’indices.
– Au diable Valdane et tout le reste, cria Curt Newton. Joan est peut-être en train de
mourir.
Il fonça dans le couloir, Simon Wright planait derrière lui. Possédé par une
épouvantable terreur, il se montra imprudent mais la chance était avec lui et ils ne
rencontrèrent personne dans le corridor arrière.
Dans le sas d’urgence, Curt Newton se retarda à ouvrir le vestiaire des combinaisons
spatiales et attraper l’un des réservoirs à oxygène de rechange. Il inspecta la jauge
soigneusement, puis enfila sa propre combinaison, il glissa la bonbonne de rechange sous son
bras et pénétra dans le sas. La porte intérieure du petit sas se referma dès que Simon Wright
eut actionné le sas d’urgence de l’intérieur. La porte extérieure s’ouvrit, et la mer s’engouffra
dedans, autour du Capitaine Futur.
Il plongea dans les eaux brunes. Une froide terreur lui enserrait le cœur mais stimulait
ses muscles, il entama une course folle et désespérée à travers les étranges bosquets de la forêt
de polypes.
– Si elle est morte ! Son cerveau vibrait. Si elle est morte, je tuerai Su Thuar et
Valdane et tous les autres ici même.
Il se dirigea vers la cité sous-marine des créatures aquatiques là où il avait quitté Joan
avec la troupe de cinéma. Inconscient des dangers des profondeurs, il prit le chemin le plus
rapide.
Avant que Curt Newton n’eût parcouru la moitié de la distance, il reprit brusquement
espoir grâce à un faible appel dans le petit récepteur installé dans son casque.
– Joan, est-ce vous ? hurla-t-il désespérément. Est-ce que vous allez bien ?
La faible voix de la jeune femme piégée lui parvint.
– Oui, s’exclama-t-elle, elle tremblait de bonheur en reconnaissant sa voix. Je suis à
court d’oxygène. Je suis dans un terrier souterrain. C’était la seule chance que j’avais.
– Joan restez où vous êtes, j’arrive, promit le Capitaine Futur, son cœur vibrait de
soulagement. Ne vous arrêtez pas de parler, comme ça je peux savoir où vous vous trouvez.
Il traça son chemin à travers le labyrinthe d’algues en suivant ses appels fréquents.
Leurs radios de courte distance, ne fonctionnant que sur quelques centaines de mètres,
rendaient sa voix beaucoup plus forte quand il se rapprochait et tout de suite plus faible quand
il s’éloignait d’elle.
Ainsi le Capitaine Futur se fraya un chemin à travers les bosquets sous-marins bruns
jusqu’à ce qu’il trouve l’entrée du terrier de la tortue. Sans hésiter, il plongea profondément
dans la gueule noire du tunnel, puis escalada et enfin émergea dans la caverne.
Avec la lumière de la lampe au krypton de Joan, il perçut l’intérieur de cette poche
d’air emprisonné sous le sol de l’océan. Joan était agrippée à un rocher au-dessus de l’eau, et
de l’autre côté de ce promontoire un énorme « respirateur » à l’allure de tortue gardait ses
petits d’un air protecteur. Les yeux perçants de la grosse créature inoffensive observèrent Curt
Newton avec appréhension.
Curt Newton retira son casque et prit dans ses bras la jeune fille frissonnante. Il n’avait
jamais vu Joan Randall dans un état aussi proche de l’hystérie.
– C’était un cauchemar, pleura-t-elle. Et pourtant c’était presque drôle quand le
« respirateur » est revenu et m’a trouvé ici. Il était aussi effrayé que moi. J’ai éclaté de rire.
Il fixa à sa combinaison la réserve d’oxygène pleine qu’il avait apportée, et ils
quittèrent le terrier du « respirateur ». Puis ils se hâtèrent sans hésitation à travers la forêt de
polypes vers la cité des hommes aquatiques.
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