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STYX LA MYSTERIEUSE<br />
La <strong>Lune</strong> <strong>Magique</strong>, pour les peuples du Système Solaire, était ce que l’ancienne Egypte<br />
avait été pour le peuple de la Terre. Les légendes populaires entretenaient le mythe d’un<br />
monde plein de mystères menaçants, une planète lointaine dont les habitants se tenaient à<br />
l’écart, asociaux, primitifs dans leur refus du progrès mécanique, mais ils avaient la réputation<br />
d’être des magiciens aux étonnants pouvoirs d’illusions. Quelques années auparavant les<br />
Stygians avaient utilisé ces pouvoirs d’illusionnistes pour isoler complètement leur monde, lui<br />
donnant une apparence inhospitalière. Puis leur longue période d’isolement avait été<br />
interrompue pour toujours au cours de la grande bataille entre les Futuristes et la Légion de la<br />
Mort, et de celle-ci avait résulté l’ouverture de leur monde aux autres.<br />
Curt Newton se remémorait sombrement cette précédente aventure alors qu’il se tenait<br />
adossé à la cloison du pont de promenade et regardait Styx grossir devant lui. Le destin<br />
l’aurait-il ramené ici pour goûter à la défaite ?<br />
Le Perseus avait déjà dépassé Pluton, cette énorme sphère brillante, et naviguait<br />
maintenant entre Charon et Cerberus, les deux lunes les plus proches. Styx menaçait droit<br />
devant, une boule grossissante et grisâtre. Elle semblait incroyablement lointaine et isolée,<br />
parcourant son orbite autour de la planète mère, dans le crépuscule éternel. C’était la frontière<br />
de l’infini. Au-delà se trouvaient les abysses de l’espace qui séparaient ce dernier avant-poste<br />
du Soleil des plus proches étoiles connues.<br />
Les membres de la troupe étaient tous réunis en groupes excités, ils observaient<br />
l’approche de cette mystérieuse lune. Le désir d’aventure était évident dans le regard brillant<br />
de la plupart d’entre eux. Tous avaient entendu des histoires sur Styx, mais peu de personnes<br />
l’avait jamais visitée. Le Perseus fonçait maintenant sur la lune grise. En s’approchant, la<br />
surface grisâtre vira vers un blanc cassé. Là, sous leurs yeux, gisait un étrange paysage<br />
fantomatique, déroulant ses plaines d’herbes blanches, parsemées de gigantesques massifs de<br />
mousses blanches. Il était à demi voilé par des masses de brouillard dense à la dérive. Des<br />
échos de mystères majestueux et un sentiment de malaise frappaient le cœur des spectateurs<br />
face au linceul du monde le plus mystérieux du Système.<br />
Ils observaient silencieusement pendant que le vaisseau se dirigeait vers l’hémisphère<br />
nord. Dans le lointain brouillard on distinguait de basses collines rocailleuses et des falaises, à<br />
présent il y avait une vallée peu profonde dans laquelle une petite ville étendait ses immeubles<br />
métalliques et ses lumières.<br />
– C’est Planet Town, c’est là que nous nous établirons, informa Jeff Lewis. C’est la<br />
seule colonie étrangère de Styx.<br />
– Mais cette ville est faite d’immeubles métalliques ordinaires, dit Lura Lind, surprise.<br />
Je croyais que Styx était dépourvue de métal.<br />
– Effectivement, rétorqua Jim Willard. Pas un bout de métal n’existe sur Styx excepté<br />
quelques traces de cobalt, titane et autres éléments rares. Les scientifiques n’ont jamais été<br />
capables d’expliquer ce phénomène d’absence de métal. Les commerçants interplanétaires qui<br />
construisirent cette ville ont apporté le métal avec eux.<br />
Ils s’approchaient du terrain d’atterrissage dans le brouillard environnant. Il était à un<br />
peu plus d’un kilomètre et demi à l’est de la ville, une vallée plate dont l’herbe blanche était<br />
asséchée et roussie par les réacteurs. Une douzaine de vaisseaux spatiaux étaient parqués sur<br />
le terrain; des convoyeurs et des petits croiseurs.<br />
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