Lune Magique - Capitaine Flam

monde, l’amoncellement de lumières de la fabuleuse New York resplendissait comme un
magnifique joyau.
Adroitement il conduisait la Comète à travers l’obscurité, vers le sommet de la Tour
Gouvernementale, siège du gouvernement du Système Solaire. Il y avait un petit port
d’atterrissage sur le côté tronqué de la tour. Seul le Président ou les Futuristes avaient le droit
d’atterrir ici. Le petit vaisseau s’approcha doucement pour se poser. Le Capitaine Futur mena
ses compagnons rapidement par des escaliers privés vers le bureau du Président.
Daniel Crewe se leva hâtivement de son bureau. Le chef exécutif des Neuf Planètes
n’était pas un vieil homme. Mais d’énormes responsabilités avaient marqué profondément son
visage et parsemé ses cheveux de gris.
Son accueil fut chaleureux. Vous ne pouvez pas savoir combien je suis heureux de
vous voir de retour, Futuristes. Je me suis beaucoup inquiété à propos de cette affaire.
– Le tournage de ce film ? s’enquit Newton. J’ai entendu leur annonce. Cela
ressemblait à une légitime expédition cinématographique.
– C’est ce que l’on pense, mais il y a plus que ça, affirma Daniel Crewe. Son visage
s’assombrit. Je pense que cette expédition masque un dangereux et impitoyable complot
contre le monde de Styx.
– Styx ? répéta Curt Newton incrédule. La troisième lune de Pluton, celle que tout le
monde appelle la Lune Magique ? Pourquoi par l’espace, quelqu’un voudrait-il comploter
contre ce petit monde stérile et reculé ?
Il était surpris de la mention de Styx. Il n’y avait pas de monde plus éloigné dans le
Système. Presque personne n’était jamais allé là-bas. Il n’y avait rien à y faire. La petite lune
n’avait aucun de ces métaux riches qui conduisaient les colons vers les autres mondes. En fait,
Styx était unique à ce point de vue puisque c’était le seul monde qui ne possédait presque
aucune sorte de métal.
De plus, les autochtones, les Stygians, n’aimaient pas les visiteurs. Ils étaient un
peuple étrange et solitaire avec la réputation d’utiliser la magie, d’être extrêmement pacifistes
mais aussi extrêmement réfractaires aux progrès mécaniques. Ils avaient accepté de rejoindre
le Gouvernement Interplanétaire grâce à un traité qui leur donnait une complète autorité sur
leur propre monde, aussi longtemps qu’ils en maintenaient l’ordre.
– Même si ce projet cinématographique cache un complot de quelque sorte, il ne peut
s’agir de Styx, répéta le Capitaine Futur. Qui voudrait quelque chose de cet endroit
minuscule ?
– Il y a quelque chose maintenant, contredit Daniel Crewe. Il y a six semaines, après
que vous, les Futuristes, ayez quitté le Système, des prospecteurs ont découvert des mines
prolifiques de diamants.
Otho siffla.
– Des mines de diamants ? Maintenant je commence à comprendre l’intérêt pour Styx.
– Vous savez combien les diamants sont précieux pour les besoins de l’industrie en ce
moment, dit le Président très sérieusement. C’est le seul matériau qui permette de couper les
nouveaux alliages. Auparavant c’était un joyau très apprécié. Désormais il est inestimable
pour l’industrie. Certaines grandes corporations interplanétaires ont demandé l’obtention de
concessions pour exploiter les nouveaux gisements de Styx. Ces corporations sont toutes des
compagnies fantoches contrôlées par Jon Valdane, le fameux financier intraitable de la Terre.
Les Stygians refusent de donner des concessions. Vous savez combien ils détestent les
machines et les outils mécaniques. Ils ne veulent aucun mineur sur leur monde. Jon Valdane a
tiré toutes les ficelles qu’il pouvait dans le Conseil du Système. Mais les Stygians refusent
toujours.
Daniel Crewe sourcilla.
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