Lune Magique - Capitaine Flam

– Toutes ces choses qui arrivent commencent à me peser aussi, dit Lewis d’un air
lugubre. Très bien. En avant, Jim !
Les camions-fusées contenant la troupe et leur équipement avancèrent prudemment à
travers le terrain d’atterissage embrumé. En dépassant le vieux croiseur cabossé qui était le
vaisseau des Futuristes maquillé, Grag l’observa longuement. Il aurait aimé revoir Eek.
La caravane de camions vrombit dans Planet Town, à plus d’un kilomètre à la ronde ;
ils traversèrent les rues sordides et bruyantes flanquées de leurs structures métalliques puis
foncèrent vers le nord dans le brouillard blanc environnant.
Grag était assis, raide, dans un coin du dernier camion, exactement comme les
accessoiristes l’avaient déposé. Ses pensées ne se portaient pas vraiment sur le fait qu’il avait
été traité indignement mais plutôt sur Jon Valdane qui était resté derrière, de manière
surprenante.
Grag se demanda avec inquiétude si Valdane ne préparait pas quelque chose sur place
à Planet Town ? Peut-être aurait-il dû rester là-bas pour vérifier ?
– Mais le chef m’a dit de protéger Joan, se dit le robot. Et je ne pouvais pas rester sans
qu’ils s’aperçoivent que je ne suis pas un automate.
Le Capitaine Futur avait prévenu Grag que s’il montrait ne serait-ce qu’une fois des
signes de vie et d’intelligence toute la précaire imposture des Futuristes volerait en éclat.
La caravane de camions se dirigeait vers le nord à travers le brouillard mouvant depuis
plus d’une heure, d’abord dans la vallée peu profonde puis dans la plaine onduleuse d’herbe
blanche et de monticules de lycopodes. Peu d’entre eux parlèrent. Les personnes de la troupe
étaient subjuguées par ce mystère oppressant et terrifiant.
Grag entendit la voix traînante d’Ezra Gurney lui parvenir.
– On s’approche de la cité des poilus maintenant.
– J’espère que Chan Carson a été capable de se lier d’amitié avec les Stygians grâce à
son maquillage de Capitaine Futur, dit Lewis d’une voix inquiète. Ca nous aidera beaucoup.
Brusquement Lo Quior hurla.
– Il y a des Stygians juste devant.
Surpris, Grag s’arrangea pour tourner la tête imperceptiblement afin de voir. Des
exclamations nerveuses se faisaient entendre dans toute la troupe.
Une poignée des étranges natifs à la fourrure blanche se tenait presque invisibles dans
le brouillard. Ils formaient un arc de cercle sur le passage de la caravane. Brusquement les
Stygians brandirent de longs tubes fins dans une attitude bizarre. L’instant d’après, un horrible
nuage mortel, une nuée de dards en bois, fusa dans le brouillard et se fracassa sur les camions.
– Ils nous attaquent, hurla Jim Willard. L’un des dards avait éraflé son avant-bras.
Sam Martin avait reçu un dard dans la gorge et était tombé mort hors du camion. Un
technicien sortait du camion lorsqu’un missile se planta dans sa poitrine, et un autre
accessoiriste agonisait.
– Demi-tour, hurla Jeff Lewis. Retournons à Planet Town.
– Cela semble incroyable, s’exclama Joan Randall. Je croyais que les Stygians
n’avaient jamais tué personne jusqu’à présent.
Ezra Gurney, sortit un pistolet atomique sous sa veste et envoya une volée de rayons
lasers. L’un des stygians s’écroula.
Mais instantanément les autres Stygians reculèrent dans le brouillard, invisibles. Et
l’attaque de ces hommes invisibles continua, leurs dards meurtriers frappèrent encore plus de
personnes.
Le groupe céda à la panique. Dans le brouillard, les camions étaient rentrés les uns
dans les autres ; les chauffeurs s’étaient retournés dans celui que Sam Martin conduisait et qui
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